lundi 25 février 2008

Anliegen der Dichtung

I

La Culture, que l'on peut qualifier de nouvel opium du peuple, car à l'instar des religions morales, elle voudrait l'empêcher de consommer allègrement en dénigrant son attirance naïve vers le colifichet coûteux... la Culture, en tout cas, est en train de redevenir simple outil - qui rend le travail plus facile, voire inutile - alors que l'Art, porté par l'industrialisation vers le gros tirage ou alors la subvention, forcément redevient artisanat, répétition, simple secteur intégré, comme à l'époque des cathédrales (et des bûchers), et que c'en est donc fini de la modernité, sauf qu'on ne l'a pas encore remarqué, et que tout le monde tire du mauvais côté.

Mais à quoi servent de telles phrases ? A rien. Ou à rester moderne, peut-être ?

II

On trouve de plus en plus de légumes chez le fleuriste. C'est vrai : si on a l'attention attirée, une tête de chou est assez jolie à regarder, et même pas besoin qu'il s'agisse de chou-fleur. Pourquoi donc ne pas joindre l'utile à l'agréable ?

--De l'utile ? Tu parles ! Personne n'en bouffe, de ces légumes de chez le fleuriste.

III

En ce qui concerne la mémerde du descendant du loup, arrivé, celui-là, à l'aube des temps des immenses plaines sibériennes pour s'accoupler avec une renarde issue des féeriques forêts de Brocéliande, la nature n'a certainement pas prévu qu'elle se trouve étalée comme rien sur le bitume des trottoirs de nos villes, et c'est pourtant l'endroit exact où depuis belle lurette elle se plaît à prendre son bain de soleil. Je parle, bien entendu, de la mémerde et non pas de la renarde qui, elle, n'a pas besoin de se faire chier pour être malodorante.

Serait-ce la tâche du poète, semelle de vent, mais avant tout nez en l'air, d'y marcher dedans pour s'en adjuger le plus gros morceau, dégageant en l'occurrence - bien que grossièrement - la route pour ses semblables plus terre-à-terre, et plus légers de godillot en fin de course ? Serait-elle là, la fonction première et raison d'être terminale de l'éthérée semelle rimbaldienne ?

Si ce n'était pas sa destinée, admettons que la réalité du monde a tôt fait de le rattraper par le bas... Ce qui n'est pas la pire des choses, vu la tendance du personnage au délayage. S'il faut se pincer le nez en face de lui, pour le moins on voit pourquoi. Qu'il les profère, ses augustes paroles, mais alors en vitesse et à distance du tapis !

6 Février 2008

Aucun commentaire: