samedi 9 octobre 2010

L’horizon est bouché


Je me promène dans une œuvre d’art.
Je ne me promène pas librement
Mais selon les plans de l’artiste
Dont le nom m’évoque un rossignol arabe
Au chant singulièrement mielleux
Plutôt qu’une suite de chameaux chargés
Ou, plus vaguement, un fameux chef d’orchestre
Qui a toujours préféré sa moto à son passé trouble.
Je me promène aussi peu librement
Dans le nom
Que dans l’œuvre.
Cette œuvre ne m’apprend rien.
Le nom non plus.

Cette belle œuvre en cuivre
Ainsi que le joli nom, si parlant, de l’artiste
Ont certainement leurs qualités, mais
Je ne suis plus libre de mes mouvements.
En me proposant un escalier automatique, on
Me veut quelque chose, et je ne ressens plus rien.
L’horizon est bouché, quoi.
Plein de nom et d’œuvre d’art.
Mais pas selon les souhaits de l’artiste.
Dans le cas de l’œuvre d’art, cela
M’emmerde, me la rend fâcheusement inutile ;
En ce qui concerne le nom, j’ai l’habitude
De telles allusions fâcheusement inutiles, cela
Ne me cause plus de gêne particulière.

À qui s’adresse donc tout ça ?
À la personne, en chair et en os, qui est encore là
Ou à celui qui entre-temps s’est barré
Mais dont, détériorés, l’œuvre et le nom subsistent ?


8 Octobre 2010, Mémorial III

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