jeudi 30 juin 2011

Perspective

Paraît que j’ai le sommeil agité.
Il y a un joli poème de James Schuyler
À ce sujet, mais ce n’est pas moi qui regarde.
Quand je dors, c’est toujours moi le dormeur, obligé
Et je me penche ici uniquement sur mon sommeil à moi.
Le sommeil de quelqu’un d’autre, je m’y suis déjà penché.
Ce sommeil qu’on observe, voilà le sujet de Schuyler.
Fastoche. Parce qu’en matière de sommeils
C’est de loin le plus parlant.

Mais comme, dans le mien, le parler
Semble se résumer à un grognement type
Il ne pourrait y avoir que le rêve de personnel ;
Mais rêve et sommeil, ce n’est pas la même chose
Ça se passe aux mêmes heures, mais ce n’est pas pareil.
Or moi, tout en ayant le sommeil agité, de mes rêves
Le plus souvent je ne m’en souviens pourtant pas.
J’ai donc le sommeil agité pour des prunes.
Rien que pour embêter le monde.

Car on dort, me dit-on, assez mal à mes côtés
Et moi, aussi bel esprit que je sois à mes moments
Éveillés, je n’en tire même pas quelque chose de valable.
Tant qu’on n’a pas, veillant à ses côtés, la personne
Qui, elle, saurait en tirer un certain bénéfice
Semblable sommeil, agité en pure perte
N’est rien qu’une tare d’endormi
Aussi poète fût-il, l’endormi
Et aussi endormi, le poète.


16 Juin 2011

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