vendredi 5 avril 2013

Effort louable


C’est fort louable de se préoccuper de ce qu’est le travail lorsqu’on est un oisif de l’existence. Le chômeur, lui, qui le cherche, ce travail, cherche en fait un revenu, un statut et une occupation. L’oisif, en revanche, se contente d’une occupation toute trouvée. Par exemple la réflexion sur ce qu’est le travail. Le revenu, il ne sait pas d’où il lui tombe, il est comme les petits oiseaux, l’oisif, et j’ai du reste toujours pensé que ces deux mots-là ont la même origine. Quant au statut social, alors là, faut pas y songer : ça dépend des autres et les autres, en général, ne les aiment pas, les oisifs, et encore moins les oisifs qui contemplent.
L’oisif s’occupe donc en réfléchissant sur ce qu’est le travail parce que peut-être qu’il n’en sait rien, mais au moins il a le temps de cogiter sur la chose.
Alors que le chômeur, totalement absorbé par ses interminables recherches, n’en a cure, et que les autres, ceux qui en ont, du travail, et n’aiment déjà pas les oisifs, savent seulement bosser sans y réfléchir, sourds qu’ils sont aux conseils de quelqu’un qui, à force d’oisiveté mise à profit, pourrait pourtant les renseigner sur le sens – ou le non-sens – de leur activité. C’est triste que chacun œuvrant dans son coin, on n’arrive pas à avancer ensemble.


Qu’as-tu fait de ta vie ? demanda l’industrieux.
A quoi le fainéant répondit en secouant la tête :
Quelle question ! De ma vie, je n’ai certes rien fait
Mais elle non plus, elle n’a rien pu faire de moi
Alors que de toi, cette vie a fait quelque chose
Et tu penses que tu as fait quelque chose d’elle.
Ah, la garce ! Moi, j’ai préféré que chacun
Suive sa voie en gardant son entière indépendance :
Je suis toujours moi et ma vie est restée elle-même
On n’est pas trop intervenu, on ne s’est pas trop gênés –
Voilà ce que nous avons fait, elle et moi
Et on se porte d’autant mieux.

5 Avril 2013

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