vendredi 1 décembre 2017

On Disrespect

    « Je vous prie, monsieur, de vouloir bien être mon maître […]. Vous ne trouverez jamais de disciple plus docile et plus souple que je le serai. Bien loin de m’offenser de vos corrections, je les prendrai comme les marques les plus certaines de l’amitié que vous avez pour moi. »
    Sachant que l’esprit et le corps font un, et qu’il n’y a pas d’esprit sans corps : ce que, en février ou mars 1737, le jeune et galant Frédéric écrit à Voltaire, de nos jours pourrait facilement passer pour des propositions. Ô siècle ingénu, où un prince royal peut se proposer innocemment à son penseur adoré, car tous deux poudrés, emperruqués et vêtus de soieries froufroutantes, et l’un d’eux par hasard guère accessible au monde féminin.
    En ce moment-ci, le dieu de l’un étant celui de l’autre, ils se disent à juste titre être l’un celui de l’autre, convaincus que le seigneur du ciel, s’il existe, se désintéresse de nos bagatelles.
    Or, comme dans n’importe quelle adoration, le seul maître de tous, savoir le temps, se contentera de jouer la montre. L’adoration d’un semblable disparaîtra sous les coups de la présence de même que, depuis toujours, celle d’un être suprême a dû subir quelque dommage après une épiphanie ratée. Seule, l’éclatante beauté du billet trouble subsistera, beauté qui n’est peut-être rien d’autre que celle d’un siècle pas moins grossier et inconscient que tous les autres.

It seems that young prince Frederick
Proposed himself to one Voltaire
Who, stiff enough, would get no kick
From spanking royals, however fair.

Heinie’s dashed hopes for bruises triggered
A bloody mess of seven years.
Let that sink in: All buts considered
War starts when Prussians quell their tears.

Well, wise philosophers neglect
A wee dislike, rein in their dryness
And proudly bow to any Highness
Whose privacy claims disrespect.

December 1st, 2017

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