mardi 16 janvier 2018

Biographie

[Quand mon pied s’enfonce dans un tas de merde, je dis « Merde ! », et quand pour une fois j’ai eu du pot, je m’exclame « Quel pot ! ». Je nomme donc la chose. Quand je dis à quelqu’un « Eh, salut ! », nommant telle chose, elle n’est pas nécessairement déjà arrivée ; je ne constate donc rien, je ne fais que souhaiter. En revanche, quand j’ai dit « Merde ! », c’était trop tard, et quand je me suis exclamé « Quel pot ! », le pot en question, je l’ai déjà eu. Comment distinguer lorsqu’on dit quelque chose si c’est une constatation ou un souhait ? Souvent, c’est la déveine qui nous l’apprend. M’exclamant « Vie de merde ! », je fais à coup sûr un constat, mais criant « Bonne chance ! », ce n’est très probablement encore rien qu’un souhait. Enfin, quand je dis « Merde ! » à quelqu’un pour lui souhaiter bonne chance, je me conforme à une convention qui veut qu’on exprime le contraire de ce qu’on est censé souhaiter. Ainsi, l’inavouable jalousie, si humaine face au possible succès d’autrui, a eu son mot à dire. Tout récemment, une dame, s’adressant à moi, s’est écriée à la fin « Bon courage ! ». Me l’a-t-elle souhaité, m’a-t-elle souhaité le contraire, ou voulu faire un constat ? Et tout cas, elle doit être au courant de certaines choses qui me sont encore cachées. Ce ne serait pas la première fois que quelqu’un d’autre connaît ma vie mieux que  moi.]


1. Lob des Weins

Zu viel Eisen im Blut. Meine Ärztin
Hat mir daraufhin quasi den Roten verboten.
Ich solle besser auf Weißen umsteigen, meinte sie.

Ich mag nun aber mal den ganz tintigen
Den so tanninreichen Saft des tiefen Südens.
Mehr als eine Geschmackssache ist das jedoch nicht.

In meiner Bestürzung vergaß ich
Zu fragen, ob die helleren des Ostens
Auch zu denen mit zu viel Eisen zählen

Und ob ein Schwarzriesling beispielsweise
Medizinisch gesehn, nicht schon halber Weißwein ist.
Denn das ermöglichte einen burgundischen Kompromiss.

                                   בורא פרי הגפן

Hab nie länger in Landstrichen gelebt
In denen keine Reben wachsen wollen, und
Wo man Weintrinken deshalb für erwähnenswert hält.

Die Dichter aus Nichtweinanbaugebieten
Oder Gegenden, wo sie ihr Zeug aufzuckern
Haben es bezeichnenderweise immer so davon.

Ich meinerseits kann literarisch
Mit Rotwein kaum etwas verbinden.
Gedankenlos schütte ich ihn in mich hinein.

Wenn es denn sein muss
Weil zu viel Metall dem Körper schadet
Will ich zur Not umsteigen auf alltäglichen Gamay

Und hin und wieder Pinot noir, weil im Sonderangebot
Oder gar die Sorten, die ich aus der Jugend kenne
Doch daraus wirklich kein Thema konstruieren.

Es soll hier nur erwähnt werden, dass
Gerade das, wovon der Dichter sich nährt
Am besten unerwähnt bleibt in seiner Dichtung.


2. Grimoire

Si je m’achète parfois un pavé énorme
Ce n’est pas pour le lire en sa totalité
Mais pour jeter un œil, un seul chapitre informe
Assez quand le roman a quelque qualité.

Seulement, il faut que ce soit moi qui feuillette
Pour choisir les extraits qui feront tout l’ouvrage ;
N’ayant en main qu’un mince abrégé, la cueillette
Ne m’intéresse plus, il me faut mille pages.

Telle ombre pour témoin, tel mort qui se reflète
Plus vivement dans la psyché des jours vécus :
Trop paresseux pour me farcir ma vie complète
Je ne la vis qu’ici et là, distrait, perclus.


10 Janvier 2018

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