dimanche 15 septembre 2019

Chicken Lost

Poule égarée. Récemment, près de chez moi, je suis tombé sur une poule. Oui, une vraie, en pleine ville, devant la porte d’une maison, grattant de la patte à peu près comme le ferait un chat qui voudrait qu’on lui ouvre. Je l’ai regardée, elle m’a regardé, j’étais ému. Quoi faire ? Je la savais fort menacée, cette poule, si calme sur le trottoir et pourtant en danger de mort. En était-elle consciente ? Je la regardais de nouveau, elle me regardait de nouveau. Comment donc faire ? Dépassé par les événements, je ne l’ai pas sauvée. Je suis rentré, la surveillant, stupidement, de ma fenêtre.

Je le savais. Peu de temps après, un véhicule des éboueurs s’est arrêté, un jeune en bleu de travail en est sorti, rigolard, le gars de souche paysanne ou apparentée, en tout cas d’une de celles où l’on sait quoi faire d’un volatile perdu, puis il l’a attrapée et embarquée sans façon, la pauvre bête caquetant comme une folle, et c’est peut-être encore dans son camion qu’il lui a tordu le cou. Quoi qu’il en soit, ce soir-là, quelque part en banlieue, on boufferait du couscous à la poule.

J’ai un rapport sentimental, pas tout à fait normal avec les animaux, comme j’ai un rapport sentimental, pas tout à fait normal avec mes congénères. C’est que si j’ai en partie, moi aussi, des aïeux paysans, ils ont déménagé en ville il y a presque cent cinquante ans, et le reste, s’ils n’étaient pas citadins depuis toujours, et s’ils ont peut-être, quelques automnes, coupé le sifflet à de la volaille, ils l’ont fait par expiation et certainement pas en rigolant. Tout ça te rend incapable de réagir comme il faut lorsque tu tombes sur une poule en pleine ville. Des gens comme moi, c’est assez tragique, ne sauveront pas le monde. Mais les autres encore moins.

I looked into one bay-red eye
And it stared back, straight into mine
And I would so have wished that I
Could be that knight in armor’s shine.

Take off my sword, throw in my towel
I have to yield before I fall
But were I he who saves lost fowl
I’d literally save you all.

Surely I could identify
With chicken I’ve sustained the eye
Brave enough to empathize with men
Not apt to save the humblest hen.

[Verirrte Henne. Kürzlich bin ich bei mir in der Nähe auf eine Henne gestoßen. Ja, eine echte, mitten in der Stadt. Sie scharrte vor einer Haustür und benahm sich ungefähr wie eine Katze, die hereingelassen werden will. Ich schaute sie an, sie schaute mich an, ich war gerührt. Was tun? Es war mir klar, das sie sehr bedroht war, diese Henne, allzu ruhig auf dem Bürgersteig trotz Lebensgefahr. War ihr das bewusst? Ich schaute sie erneut an, sie schaue erneut mich an. Was zum Teufel konnte ich machen? Ich war überfordert von der Situation und habe sie nicht gerettet. Überwachte sie dann nur wie ein Idiot von meinem Fenster aus.

Ich wusste es. Wenig später hielt ein Fahrzeug der Müllabfuhr, und ein junger Mann im blauen Anton sprang raus, so einer, dem noch Bauernblut oder Vergleichbares durch die Adern pulsiert, der also weiß, was man mit einer verirrten Henne anstellt, hat sie gepackt, die wie verrückt gackernde mir nichts, dir nichts in seinen Laster verfrachtet und ihr womöglich schon dort den Hals umgedreht. Jedenfalls gab es irgendwo in der Vorstadt an diesem Abend garantiert Hühnerkuskus.

Ich habe ein sentimentales, verqueres Verhältnis zu Tieren. So, wie ich ein sentimentales, verqueres Verhältnis zu meinen Mitmenschen habe. Ich habe zwar auch teils Vorfahren aus dem Bauerntum, doch die sind schon vor weit über hundert Jahren in die Stadt gezogen, und die übrigen, falls sie nicht seit jeher Städter waren und vielleicht manchmal im Herbst irgendwelchem Geflügel die Gurgel durchgefiedelt haben, dann aus Sühne und sicherlich nicht lachend. Das alles macht einen unfähig, sinnvoll zu reagieren, wenn man mitten in der Stadt auf eine Henne trifft. Leute wie ich, es ist traurig, werden die Welt nicht retten. Aber die anderen noch weniger.]

14. September 2019

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