mercredi 17 avril 2013

Tulipes coupées

On a l’impression que les fleurs coupées dans leur vase, simples excroissances, à peine plus vivantes que des cheveux séparés de l’élément vital, racine ou bulbe, une fois placées dans la pénombre, se tournent un peu vers la fenêtre, cherchant encore le soleil. C’est pire que des soins palliatifs pour des mourants. Elles font penser à la poule décapitée qui bat encore des ailes, ou au bonhomme qui écrit encore des lignes alors qu’il n’y a plus rien à expliquer parce que plus personne ne s’intéresse à lui.

Moi qui suis un sale touriste lorsque je me déplace, pas un noble voyageur, je vais vous raconter mes vacances peut-être ? Je ne fais pas des voyages mais des vacances, et lorsque je ne suis pas en vacances, je suis nulle part. Vous voyez le tableau ? Il faut avoir un chez soi si l’on veut voyager, un point de chute au moins au retour. Un bulbe qui t’attend ou quelque chose dans le genre. Autrement le soleil ne te vaut rien, tu te fanes encore plus tôt, voilà tout. Mais il est vrai aussi que cela n’a aucune importance pour ces jours de rab.

16 Avril 2013

lundi 15 avril 2013

Erneute Weisheit

        zur Wiedergeburt, wieder abgeleitet

Ein Fels mit Namen, Jahr und Jahr
Lag lang auf mir bedeutungsschwer
Und sagte, dass ich nicht mehr war
Und deshalb war ich auch nicht mehr.

Was nicht mehr ist, hat ausgeschissen –
So sprach der Brocken, falls er sprach
Doch noch granitne Flüche müssen,
Wie Sand zerrinnen nach und nach.

Ganz klar: Ein Findling trägt die Schuld
Dass ich jetzt neu am Kommen bin;
In schlechter Welt genügt Geduld –
Der Rest ist Schweigen, Neubeginn.

Was Stein ist, altert und verwittert
Bevor es ans Zerbröseln geht;
Wer aber jammert und verbittert
Und doch kaum bröckelt, widersteht.

Nur ist kein Sinn mehr abzulesen
Das Trumm ist wieder namenlos
Als wär ich niemals dagewesen
Und schwämme noch im Weltenschoß.


15. April 2013

mercredi 10 avril 2013

Another Swerve On Modesty, Privacy and Morality


i.

There is supposed to be a measure of duty in beauty
And a measure of beauty in duty
Spreading that rug over inlaid parquet.

Persian knotwork should not hide any flaws
But it must cover engendering nakedness, though—
Silencing footfalls that are

Not less brutal
The inlayer’s art now a sample of truth
For the eyes of absent gods.

Oh, come ye invaders and yank her
Out of a loller’s world on top of marquetry:
Denuded, beauty will render her duty.


ii.

An ill-kempt burglar breaking into
A well-kept abode—shouldn’t he
Be all dazzled by calm beauty?

What he foresaw
Did not expect him, does
Disturbance blind the mind in a way

That empowers to wrest
Treasures elsewhere badly misplaced?
Yet there might be some fight in some chest.


iii.

Beauty shopping chadored
Later on, in some dark, turns raw duty
At the hands of an unchosen proxy of heavenly powers.

We don’t chose our parents either, do we, hypostasis is
The one pedagogic unveiling, divine beauty
Only absent eyes glom on to.


April 9, 2013

vendredi 5 avril 2013

Effort louable


C’est fort louable de se préoccuper de ce qu’est le travail lorsqu’on est un oisif de l’existence. Le chômeur, lui, qui le cherche, ce travail, cherche en fait un revenu, un statut et une occupation. L’oisif, en revanche, se contente d’une occupation toute trouvée. Par exemple la réflexion sur ce qu’est le travail. Le revenu, il ne sait pas d’où il lui tombe, il est comme les petits oiseaux, l’oisif, et j’ai du reste toujours pensé que ces deux mots-là ont la même origine. Quant au statut social, alors là, faut pas y songer : ça dépend des autres et les autres, en général, ne les aiment pas, les oisifs, et encore moins les oisifs qui contemplent.
L’oisif s’occupe donc en réfléchissant sur ce qu’est le travail parce que peut-être qu’il n’en sait rien, mais au moins il a le temps de cogiter sur la chose.
Alors que le chômeur, totalement absorbé par ses interminables recherches, n’en a cure, et que les autres, ceux qui en ont, du travail, et n’aiment déjà pas les oisifs, savent seulement bosser sans y réfléchir, sourds qu’ils sont aux conseils de quelqu’un qui, à force d’oisiveté mise à profit, pourrait pourtant les renseigner sur le sens – ou le non-sens – de leur activité. C’est triste que chacun œuvrant dans son coin, on n’arrive pas à avancer ensemble.


Qu’as-tu fait de ta vie ? demanda l’industrieux.
A quoi le fainéant répondit en secouant la tête :
Quelle question ! De ma vie, je n’ai certes rien fait
Mais elle non plus, elle n’a rien pu faire de moi
Alors que de toi, cette vie a fait quelque chose
Et tu penses que tu as fait quelque chose d’elle.
Ah, la garce ! Moi, j’ai préféré que chacun
Suive sa voie en gardant son entière indépendance :
Je suis toujours moi et ma vie est restée elle-même
On n’est pas trop intervenu, on ne s’est pas trop gênés –
Voilà ce que nous avons fait, elle et moi
Et on se porte d’autant mieux.

5 Avril 2013