samedi 9 mai 2015

Left Out in Rain

Lorsque la pluie s’abat en ville, un peu de réalité se déverse. Petite ondée révélatrice, montrant l’humanité sous son vrai jour. La mienne aussi.

Tout naturellement, les uns hissent leurs boucliers et les déploient de conserve, tandis que d’autres pressent juste le pas ou se mettent carrément à courir. Puis certains parmi ces désarmés sortent l’arme secrète : leur propension à réparer en payant, faisant le bonheur du premier qui propose des expédients. D’autres encore, de la race du gibier, cherchent refuge et tant pis s’il s’y presse déjà foule, alors que d’encore plus petites natures y renoncent et reprennent leur fuite en avant victimale. Remarquons néanmoins que personne ne se bat et que nos cigales ne tentent pas non plus de s’approprier par la force les trésors des détestables fourmis enriflardées ; et pourtant ce serait souvent chose aisée. Il est toutefois bien rare de voir un gaillard se protéger sous l’ombrelle fleurie forcément arrachée à une frêle demoiselle. Ce n’est pas encore le moment des soldes, et le vernis civilisationnel nous préserve donc tous de l’opprobre au même titre que le dais portable les plus chanceux d’entre nous des caprices du ciel.

Loin de moi l’idée d’y trouver une consolation. On aurait à la limite pu prévoir la pluie ; mais jamais qui réagirait de quelle manière. On bute là contre une énigme qui désespère. Comment savoir pour de bon ? Nous faudra-t-il un autre totalitarisme ? Quels piteux impératifs que ceux de la prescience.

Si j’ai échappé jusqu’à présent aux véritables catastrophes, je me rends compte du principe : le moindre contretemps découvre. C’est un exploit d’avoir réponse à tout, même si ce « tout » est un peu prévisible ; en attendant, mes sympathies vont à ceux qui, supportant leur insouciance avec grâce, en récoltent les fruits nécessaires. Faute de bouleversements historiques c’est l’averse d’un instant qui me persuade, et loin des calvaires c’est le petit désagrément d’une après-midi parisienne qui arrive à me faire reconnaître en celui qui, vite trempé jusqu’aux os, court en silence – soit plus ou moins à mes côtés, soit dans une direction qui me surprendra toujours.


          Me, pour, and thoughts “par for the course”:
          I need no other (pelting) source
          No further circumbendibus
          That skies are empty. Empty plus.

          It’s not about materialism
          Or if clouds, burst, might prompt a schism
          Cutting the host of “dumb” from “shrewd”;
          It’s just about a state of mood.

          Need no umbrella to keep dry
          No Red-Sea drench to liquefy;
          Suffice a welkin keen to meet
          Its own requirements, and sheet.


[Zur Erinnerung. Ich habe wieder keinen, stellte er fest. Ich habe nie einen. Und wenn ich einen habe, bin ich nicht in der Lage, korrekt damit umzugehen. Dabei ist es doch ganz einfach: Du kannst die Leute mögen und dennoch lernen, dich so zu benehmen, dass es nützlich für dich ist. Normal nützlich. Egoistisch genug bist du ja, oder?
Man muss auch Nützlichkeiten zu gehorchen lernen. Auch dann parieren, wenn man anderer Meinung ist, das Geschwätz vom Kadavergehorsam hin oder her. Wer pariert schon gerne; aber wir leben jetzt in so erträglichen Verhältnissen, dass es wirklich normal ist, im Regen zu stehen. Nicht schlimm, normal. Vor allem „Pech“ ist das nicht. Nicht gewappnet außer Haus zu gehen, bleibt allerdings unnormal, es bleibt schlicht lächerlich – nicht zuletzt im Metaphysischen. Weil ein Niederschlag den Himmel von der Erde nämlich nicht trennt, sondern die beiden erst vereint miteinander.]


7. Mai 2015