mercredi 25 février 2015

Et patet in curas

Ich ging den Weg, den Jahr um Jahr
Ich schon so oft gegangen
Dass jeden Stein ich weiß, und sah
Nun kaum durch Abendnebel.

Da wurde mir auf einmal klar:
Ich war im Nichts gefangen
Und jenen Nebeln unleugbar
Schon näher als dem Leben.

Ich sah auch, dass belanglos war
Wie oft hier noch gegangen
Doch hörte meinen Schritt und mich
Erfasste Todesbangen.

25. Februar 2015

mercredi 18 février 2015

Household Eucharist

Cut my finger.
Not the bread. The finger.
I wasn’t exactly drunk but I had
Had some wine and then
Finger may come before bread.

“This is my blood”, as the saying goes
When choosing body over bread.
Another holy communion thus, injury-prone.

Do I know if one has to be befuddled
To try and make it through identifications?
Or am I able to draw a line between
Martyrdom and factual accident? Surely not.
I have simply experienced
One fallout of transubstantiation.


Eucharistie domestique

La lame est rentrée dans mon doigt
Pas dans le pain. Le doigt.
Je n’étais pas vraiment bourré mais
J’en avais bu du vin et alors
Le doigt vient parfois avant le pain.

« Ceci est mon sang », comme il est dit
Lorsqu’on préfère le corps au pain.
Encore une sainte communion donc, accidentelle.

Sais-je s’il faut être enivré
Pour s’y retrouver par des identifications ?
Ou suis-je capable de faire la distinction
Entre martyre choisi et infortune ? Certes pas.
C’est juste que je viens de sentir
Le contrecoup de la transsubstantiation.


Häusliche Eucharistie

Das Messer ging in meinen Finger
Nicht ins Brot. In den Finger.
War zwar nicht direkt betrunken, doch
Etwas Wein hatte ich schon intus und dann
Mag der Finger vor dem Brot kommen.

„Dies ist mein Blut“, wie es heißt
Wenn der Leib dem Brot vorgezogen wird.
Also auch so ein Abendmahl, unfallträchtig.

Weiß ich, ob man berauscht sein muss
Um aufwärts zu streben durch Identifizierungen?
Oder bin ich etwa fähig, zwischen Märtyrertum
Und reinem Pech zu unterscheiden? Sicherlich nicht.
Ich habe jetzt nur die Konsequenzen
Von Transsubstantiation zu spüren bekommen.


16. Februar 2015, dt. Übers. 18. Februar

mardi 17 février 2015

Critique de film

Vu un film dans lequel les beautés étaient facilement nues.
J’ai d’abord pensé que c’était pour draguer le public
Mais après réflexion, je me demande.

Pourquoi ces retours faciles
Lorsqu’il s’agit de donner un sens précis
À une chose qui a le don de les émoustiller tous ?

Galvaudée, la nudité n’est plus normale, et pourtant.
Rien de plus naturel – le cinéaste n’est pas le seul à le dire –
Que la facilité. La facilité c’est la nature.

Ne pèle-t-on pas tel légume, de nature peu vêtu
Avant de le passer à la casserole, avant
Qu’il ne soit cuit pour de bon ?

Peu à l’aise avec les acquis
L’homme, lui, a toujours besoin de nouveau –
De ces justifications répétées à l’infini.

Couchés ensemble, ce qui déjà n’est pas mal
L’un a tiré sur la couverture
Et l’autre, du coup, s’est retrouvé de nouveau à poil.

Voilà, par exemple, une scène de cinéma.
Facile parce que tout n’est que couverture dans
Le rapport de force naturel.

Avant, on quittait les beautés
Avant, laissant le spectateur inconscient
Du combat à jamais indécis entre corps et couvertures.

Il y avait certes bien plus d’élégance dans les toiles ;
Néanmoins, à quoi bon camoufler
Avenir et attirance du vide ?

11 Février 2015

mercredi 4 février 2015

Fait divers

On m’a piqué les enjoliveurs. Tous les quatre d’un coup. J’ignore pourquoi, car les enjoliveurs sont en plastique, ce ne sont pas des objets de valeur, et on peut vivre sans. La voiture roule impeccable sans. Ça lui donne même un petit air sportif. En fait, je ne m’étais pas vraiment rendu compte avant que j’en possédais.
De formation marxiste, j’aurais été enclin à penser que celui qui met la main sur les affaires d’un possédant appartient à une fraction de la population qui s’en fout du plastoc assumé et aspire plutôt au luxe. Or, mes enjoliveurs à moi n’étaient que d’un modèle des plus courants et pas clinquants pour un sou. Il semblerait donc que les classes dangereuses aient entre-temps contracté le sens du joli humble, autrement dit du humblement joli. Dès qu’il s’agit de bagnole, même celles-ci tiennent à enjoliver pour pas cher. Si ce n’est pas désespérant ! C’est sûr, avec un lumpen ainsi dénaturé, le grand soir n’est pas pour demain la veille.
 

A swankily motorised pilgrim
Was one firm supporter of wheel trim
But near Knock he was ripped
Off, his felloes being stripped
Which reminded that shite of his sealed rim.


[Man hat mir die Radkappen geklaut. Alle vier auf einmal. Keine Ahnung, warum; denn Radkappen sind aus Plastik, nichts Wertvolles, man kann auch ohne sie leben. Auch ohne fährt ein Auto tadellos. Radkappenlosigkeit verleiht ihm sogar eine kleine sportliche Note. Tatsächlich war mir zuvor überhaupt nicht aufgefallen, dass ich welche besaß.
Als ausgebildeter Marxist hätte ich eher erwartet, dass diejenigen, die sich des Besitzes der Besitzenden bemächtigen, zu jenen Bevölkerungsteilen gehören, denen billiger Plastikkram gleichgültig ist und deren Sinn eher nach Höherem, nach Luxus steht. Besagte Radkappen gehörten aber zur schlichteren Sorte und hatten überhaupt nichts Luxuriöses an sich. Es scheint also, dass selbst die gefährlichen Klassen hinsichtlich ihres Schönheitssinns mittlerweile von Anspruchslosigkeit infiziert sind, anders gesagt: dass ihr Streben kleinbürgerliche Enge angenommen hat. Sobald es sich um die Blechkiste dreht, geht es auch ihnen um das Verschönern mit einfachsten Mitteln. Ist das nicht zum Davonlaufen? Kein Wunder, dass bei derartig degeneriertem Lumpenproletariat Sozialrevolutionen nicht mehr an der Tagesordnung sind.]


3. Februar 2015