jeudi 17 novembre 2016

Instrumental

Je possède trois marteaux : un grand pour lorsque j’ai besoin d’un grand, un moins grand pour lorsqu’il me faut un moins grand, et un petit parce qu’il est joli. Mais pourquoi avoir trois marteaux lorsqu’on n’a d’utilité que pour deux ? Le petit m’émeut.
C’est donc parce que la petitesse émeut plus que la grandeur, le silence plus que les mots.
Le silence est inutile et les mots sont utiles, pourtant c’est le silence qui émeut. Et moi, comme du silence, j’ai besoin d’un marteau à Lilliputien. Parce qu’il est si joli et apparenté au silence, je m’imagine qu’il ne ferait qu’un bruit minuscule, presque celui d’une clochette de fée, s’il pouvait quand même servir. C’est dire qu’il ne fait pas peur.
Je pourrais l’avoir en permanence sur moi, il ferait de moi un monsieur avec un tout petit marteau dans sa poche, ayant de tout petits besoins peut-être, un monsieur silencieux, ou presque. Ce désir d’emporter le silence dans sa poche, n’est-ce pas valable comme excuse ?

A tool should be for wimps, minute and frail
No manly hammer for some solid nail
It should be fun, a toy, no trap, no cruel
Catch question for the clumsy and the fool.
The world would be a better place I guess
If all were but vain wishes, functionless.

Puis, j’ai encore simplifié, j’ai voulu me servir d’une punaise. Elle s’est cassée sur-le-champ.
Le rond s’étant désolidarisé du clou au milieu, ce dernier m’est rentré dans le doigt.
Je crains ce genre de petit accident lorsque j’ai affaire à des punaises. La punaise a l’air trop innocent, trop direct, trop pas-besoin-d’un-marteau, elle est facile et ça se venge. Or, ce n’est pas elle qui souffre, c’est moi. Ce n’est pas elle qui prend le risque, c’est moi, en la poussant dans le mur. La facilité se rachète, oui. Te rentre dans le doigt, incapable de te transpercer le cœur ou n’importe quel autre organe vital. T’en meurs pas, de son attaque inepte, mais n’empêche, tu saignes. Elle s’est vengée comme elle a a pu, cette faible, en te montrant que le plus vulnérable c’est toujours toi.

The worst of tools is good enough to work:
There’s always some force left to go berserk
And teach by vengeance, as per nature’s rule.
Now you are bleeding, see? You, not the tool
The weakest striking back, nevertheless.
No failure’s just obtuse and functionless.

Finalement j’ai réussi ce que j’ai voulu faire, et même sans l’aide d’un inutile outil, avec rien que le concours de mes mains, un peu de violence et, certes, aussi peu d’intelligence. Je les regarde, mes mains, légèrement abîmées. Des outils, elles aussi ? Quoi dire de ce pouce opposable et de cette peau plus épaisse de la paume ? Ça manque de génie, mes amis, mais me voilà satisfait du résultat.

Your paw is not a tool nor is this mitt
An untool, that’s quite easy to admit:
Too much raw sentiment above the bone.
Fancy a hatchet hand? Don’t take your own –
This one will strike, then stroke, then point, then bless;
Were it not so, it would be functionless.


November 7, 2016

jeudi 10 novembre 2016

Low Bar

You wouldn’t ask for much and wouldn’t get
That few, most modest hopes most likely shatter;
Regard the game as rigged, lack trust, no matter:
Why ask? Try to see both sides of the set.

There’s limbo dance, but there’s no stick abuse:
Low bar is tough when you don’t jump across
But shuffle underneath it, at a loss
Don’t blame the rule since options came in twos.

Be buried slabless, covered by a mound
As shallow as no landmark dares behave
Stone dead inside a dreary prairie grave
Perceived from far for all that void around.

November 10, 2016