mardi 8 juin 2010

Leur ennemi principal

Je pensais ne pas avoir la main verte
Alors que le voisin...
Mais là, je l’ai aperçu comme nuitamment
Il remplaçait l’une de ses jardinières.

Alors il les change, ses fleurs.
Il vire donc, puis rachète
Tandis que moi, leur amour
M’a transformé en homme meilleur
Quoique légèrement dépassé.

Serais-je le seul médecin malhabile ?
Chez moi, ce sont toutefois les petites bêtes
Qui les tuent, ou peut-être des soins mal ajustés
Mais ce n’est pas moi leur bourreau – moi
Je ne les jette pas dès qu’elles l’ont l’air souffreteuses
Moi, leur peine m’émeut, et d’autant plus
Que je sais mes moyens limités.

Si je n’arrive guère à les garder en forme
Ce n’est que moi que je juge sévèrement, jamais
Mes patientes ; pour elles, je ne dispose
Que du regard d’une vénération mise à dure épreuve.
Or, les superbes créatures du voisin, je
Connais désormais leur sale petit secret.

Il n’y a pas, semble-t-il, de victoire en jardinière.
Et si le jardinier, pour garder l’estime de soi
Doit renoncer au bonheur
Qu’il aille au diable, celui-là !
Voilà le résultat de ma découverte, mon
Petit secret à moi.

8 Juin 2010