samedi 9 octobre 2010

L’horizon est bouché


Je me promène dans une œuvre d’art.
Je ne me promène pas librement
Mais selon les plans de l’artiste
Dont le nom m’évoque un rossignol arabe
Au chant singulièrement mielleux
Plutôt qu’une suite de chameaux chargés
Ou, plus vaguement, un fameux chef d’orchestre
Qui a toujours préféré sa moto à son passé trouble.
Je me promène aussi peu librement
Dans le nom
Que dans l’œuvre.
Cette œuvre ne m’apprend rien.
Le nom non plus.

Cette belle œuvre en cuivre
Ainsi que le joli nom, si parlant, de l’artiste
Ont certainement leurs qualités, mais
Je ne suis plus libre de mes mouvements.
En me proposant un escalier automatique, on
Me veut quelque chose, et je ne ressens plus rien.
L’horizon est bouché, quoi.
Plein de nom et d’œuvre d’art.
Mais pas selon les souhaits de l’artiste.
Dans le cas de l’œuvre d’art, cela
M’emmerde, me la rend fâcheusement inutile ;
En ce qui concerne le nom, j’ai l’habitude
De telles allusions fâcheusement inutiles, cela
Ne me cause plus de gêne particulière.

À qui s’adresse donc tout ça ?
À la personne, en chair et en os, qui est encore là
Ou à celui qui entre-temps s’est barré
Mais dont, détériorés, l’œuvre et le nom subsistent ?


8 Octobre 2010, Mémorial III

vendredi 8 octobre 2010

Warriors par écrit




















Cimetière de Portbou, derrière
Une fausse tombe célèbre
Un vrai graffiti.

Il n’en manque pas, des guerriers par écrit
Au dos du mur des Fédérés.

Si j’étais à la place d’un tel brave, je
Préférerais aussi l’enceinte
D’un cimetière.

Vivants écrits de guerre sur un mur
Qui ceint des fantasmes.


8 Octobre 2010

jeudi 7 octobre 2010

La bonne tombe


Finalement, je l’ai trouvée, la tombe à Benjamin, ou plutôt le
Mémorial du même nom. J’y ai cueilli et mangé
Une figue de Barbarie en me faisant un peu mal, comme il se doit.

Un seul autre initié sur place.

Mais, comme il se doit, pas le moindre signe de connivence.
Les visiteurs s’évitent vaguement.
Celui qui, ici même, honore le mort, ignore le vivant.
Choses allemandes, grave devoir de mémoire à l’allemande.

L’insouciant charabia des multiples écriteaux colorés
Est par contre dû au lieu fantastique*.

*C’est ainsi que Hannah Arendt appelle le cimetière de Portbou. Pourtant, le Mémorial n’existait pas encore, seulement l’article « La tâche du traducteur ».

In situ 27/9/10 & 7/10/10


Das richtige Grab


Schließlich hab ich es doch noch gefunden, Benjamins Grab, oder
Vielmehr die gleichnamige Gedenkstätte. Dort eine Kaktusfeige
Gepflückt und gegessen und mir dabei etwas wehgetan, so
Wie es sich gehört.

Ein einziger anderer Fachmann vor Ort.

Jedoch – so wie es sich gehört – nicht das geringste
Zeichen freundschaftlichen Einverständnisses.
Die Besucher gehen sich vage aus dem Weg.
Wer hier den Toten ehrt, ignoriert den Lebenden.
Deutsche Dinge, gründlicher Ernst beim deutschen Eingedenken.

Das unbekümmerte Kauderwelsch auf den vielen bunten Schildern
Verdanken wir hingegen dem fantastischen Ort*.

*So nennt Hannah Arendt diesen Friedhof. Obwohl es die Gedenkstätte noch gar nicht gab, sondern nur den Aufsatz „Die Aufgabe des Übersetzers“.

Vor Ort 27.9.10 & 7.10.10


La bonne tombe (Iconographie)





Memorial W. Benjamin: Paraules i signes, el xampurreig dels lletrers (detalls)
Memorial W. Benjamin: El chapurreo más letrero (pormenores)
Mémorial W. Benjamin : Les bons mots et signes (détails)
W. Benjamin Memorial: A smattering sign language (detail views)
W. Benjamin-Gedenkstätte: Jizkor in Schrift und Bild (Detailansichten)