dimanche 21 octobre 2012

La sagesse manquante

Même les très bons parmi les médecins
Ne rencontrent jamais assez de gens bien portants
Et cela ne leur rend pas service.
L’être en état de force ne les appelle jamais ;
Ceux qui, se tordant de douleur sur leur couche, les
Attendent avec fébrilité, par là même
Ne sont pas dans leur état.
Or, il ne faut pas seulement savoir que cette faiblesse
Par principe n’est que passagère chez l’homme
Et que la tâche jamais atteinte du chamane
– C’est-à-dire devenir superflu –
Devrait le rendre bien plus humble que ne lui
Permet le commerce des souffrants qu’il soulage –
Non : il faut aussi en avoir fait l’expérience !

Pas de chance, l’homme guéri n’est pas chic.
Lorsque, à l’aise sur ses deux jambes, il aperçoit son bienfaiteur
Se méfiant tout à coup de l’avenir, il le salue avec la même
_______________________________________déférence.
Voilà la malédiction du médecin, bon ou mauvais, et voilà
Pourquoi un ordre démocratique digne de ce nom
Dans le royaume des mortels et des bonnes
Volontés est si difficilement réalisable.


20 Octobre 2012