lundi 17 juin 2019

Charade


Mon premier c’est Ἔρως, ou l’amour
Mon second c’est Θάνατος, ou la mort
Mon troisième c’est Ὕπνος, ou le sommeil
Mon tout ressemble au Ἑλϐετικὸς Τυρός, ou gruyère.

Quand tu t’endors
Le plus beau c’est toujours de disparaître.
Tu comprends de moins en moins
De tout ce qu’il y aurait à comprendre
Et puis rien.
Mais il y a encore un après.
Lorsqu’il n’y a plus d’après
C’est peut-être le plus beau des endormissements
Mais tu ne le sais pas encore
Tu le suspectes seulement.

Tous les trous sont pareils
Ce qui change c’est ce qu’il y a alentour.
Le monde est l’alentour changeant
Qui te force de péniblement choisir entre des trous
Car c’est le trou qui est le plus important – et
C’est le plus beau – le but toujours pareil.
Dedans, dedans.
Le plus beau c’est d’y disparaître.


Scharade

Mein erster heißt Ἔρως, oder Liebe
Mein zweiter nennt sich Θάνατος, oder Tod
Mein dritter wird Ὕπνος, oder Schlaf, gerufen
Mein alles ähnelt dem Ἑλβετικς Τυρός, oder Schwyzerkas.

Am Einschlafen ist immer das Schönste
Das Verschwinden.
Du verstehst immer weniger
Von alledem, was man verstehen sollte
Und dann nichts mehr.
Es kommt aber noch etwas hinterher.
Kommt nichts mehr hinterher
Ist das vielleicht das schönste Einschlafen
Das weißt du aber noch nicht, das
Ahnst du erst.

Alle Löcher gleichen sich
Nur das Drumherum ist verschieden.
Die Welt ist das verschiedene Drumherum
Das dich qualvoll zwingt, zwischen Löchern zu wählen
Denn das Loch ist das eigentliche – und das
Ist das Schönste daran – das stets gleiche Ziel.
Hinein, hinein.
Das Schönste ist das darin Verschwinden.


14. Juni 2019

samedi 1 juin 2019

Dirges


i.

Au marché d’Iéna
Il y a les plus beaux poissons de Paris
Étalés avec goût sur leur lit de glace.
Ceci dit, ils sont bel et bien morts.
Dans la mer, leur beauté était celle, fuyante, du vivant ;
Ici, ils chatoient dans le temps, au gré de l’œil qui musarde.
Dans la mer, ils passaient ;
Ici, tu y passes.
Dans la mer, tout était fait pour qu’ils ne s’attardent pas ;
Ici, tout est fait pour que tu t’arrêtes :
Approchez-vous, voyez de près comme ils sont frais !
C’est qu’ils se sont laissé prendre, les imbéciles.

Et dire que la vie qui reste
Au mieux, ne peut être que rappel de la mer
Sur un lit de glace.


ii.

Oh nimble mother of despair
Firm father of poor hope:
How bitter smells the open air
When through dark night I grope.

This blindness is my last asset
A dizzy dance I dare.
Oh staunchness, make me not regret
You, mother of despair.

The spin of death in mouth and nose
Makes up for life and lust
Oh mother, don’t cavort round those
Who soothe by breaching trust.


iii.

Wenn ich nicht wüsste, wo sie liegt
Würd ich die liebe Heimat nicht mehr finden
Sie hält sich allzu gut versteckt
In dunklen Wald- und feuchten Wiesengründen;

Doch weil ichs aufzustöbern weiß
Mach ich zuweilen eine Stippvisite
Im Reiche der Gemütlichkeit
Nach altbewährter Emigrantensitte.

Ich bin ein fremder Gast im Reich
Und muss nun zahlen für das Übernachten
Und deshalb weiß ich auch, ich bleib
Nur immer kurze Zeit im Angedachten.


26. Mai 2019