mercredi 24 avril 2024

Crue

“Much Complaint about the Imperfection of Language”
George Berkeley, Notebook A, 596


Qui a dormi longtemps, pépère
Et qui a dormi dans son jus, peuchère
Lorsqu’il quitte son lit, il s’étale
Comme la crue matinale.

Toute surprise
D’inonder tant de sa lourdeur
Flotte devient vite stagnante.

Ne t’étonne jamais de la brusque exigence :
Ce pays a dormi comme toi
Et si Berkeley a raison, aussi profondément
La rencontre étant pourtant écrite.

Mélangés dans la couche nuptiale, en fait
Pas encore levés, vous ne faites
Que déborder et vous laisser déborder.

Dormir éveillé, ou féconder la terre
On s’en branle pas mal, tralalère :
Toi, potentielle, et moi, potentiel
Du coup, notre monde paraît éternel.

 

[Es wäre in der Tat ein gewaltiger Trost, könnte man augenblicklich vergessen, was man nicht mehr sieht. Doch gibt es selbstverständlich eine Seele – wir spüren sie unmittelbar im engen Kontakt mit anderen – und die Wahrnehmung dieser Seele macht die Welt endlich, als endliche über das Ende hinaus bleibend präsent, und es entsteht die Trauer über den Verlust.]

18 Avril 2024

  [Cloyne. Photo © Jim O'Neill]