mardi 19 janvier 2016

One Single Non

One single non-rejection slip
Would do on this waste earth
One tingling drip, or nip, or sip
To vanquish thirst and dearth.

Came from too far to ring at doors
Into some Land of Nod
And if its gates keep shut, it’s force
Majeure, an act of God.

Should flout them doorbells, should despise
Odd Nod’s beleaguered curse
Should walk back home to Paradise
Up there it can’t be worse.

January 18, 2016

lundi 18 janvier 2016

La résistance est physique


1. Ris donc, Paillasse !

Longtemps j’ai porté la barbe.
Lorsque cette barbe a commencé à me vieillir, je l’ai supprimée.
Mais pas une fois pour toutes.
La barbe, on le sait, ne se supprime pas une fois pour toutes
Il faut le faire à peu près tous les jours :
Je mange, elle repousse, je jeûne, elle repousse ;
Je dors, elle repousse, je veille, elle repousse.
Enfin, je vis, elle repousse, et je ne vis pas, elle repousse quand
___________________________________________même.
La barbe est très têtue, elle s’en fout, de mes états d’âme.
Peut-elle pourtant être considérée comme un facteur
______________________________________stabilisateur ?

J’ai pu cesser de fumer sans que de nouvelles clopes aient poussé
____________________________________dans ma bouche
Et j’en connais qui ont cessé de boire sans voir arriver de
_________________________________nouvelles bouteilles.
La barbe, c’est différent.
La barbe veut s’imposer à tout prix, elle est vraiment collante
Lui dire fermement « non ! » ne suffit pas.
Or, il faut résister, les amis.
Si tu cèdes à la barbe alors que tu n’en veux pas, t’es fichu.
La glabreté seule, cet effort de tous les jours, fait de l’homme un
__________________________________________homme.

Voilà ce qu’il en est.
Tous ces hommes sans barbe que tu croises de par le monde, ont
______________________________________travaillé pour.
Des fois, ils se sont même taillé le visage, c’est pour dire...
C’est que l’imberbe est une vocation, une ascèse
On y entre comme au couvent.


2. Un cri de saison

Est-ce normal, là
Qu’elle s’est mise en hibernation ?
Ce n’est pas une marmotte
C’est une bite.
Elle n’a pas à réduire ses fonctions vitales à presque zéro
Et à se terrer dans un trou en attendant ;
Elle n’a qu’à être courageuse et faire face
Elle n’a qu’à braver.
Morte-saison, dis-tu ? Temps de merde, dis-tu ?
Morte-bite, bite de merde, ça oui.

Bien sûr, il y a des moments dans la vie
Où la malchance tombe drue
Où l’on se raidit dans le vide
Où l’on s’avance pour rien
Où l’on fait le poing dans la poche
Mais ce n’est pas une raison
De s’étioler dans son froc
Uniquement parce que, en plus, ceci cela.
Ce n’est pas une marmotte, je te dis.
Ce n’est pas non plus un gibier-proie qui doit faire le mort
Pour que l’ange noir passe.

Quel repli temporaire ?
Eh, la bite, t’es comme un bélier quand tu veux
T’es faite pour frapper et résister
Et pour que rien ne te résiste ;
Pour faire vie nouvelle surtout là où il n’y avait rien
Pour transformer le chiant en victoire
L’ennui en gloire ;
Pour faire la fête n’importe où, n’importe comment, avec
______________________________________n’importe qui
T’es pas faite pour te plier aux circonstances
Enfin, t’es pas faite pour te la couper toi-même.

17 Janvier 2016

samedi 16 janvier 2016

Drei von vier


1. Winter

Stillgelegte Leitungen. Kein Laut, nichts.
Im Sommer vielleicht noch ein wenig, es gibt
Umwege, aber jetzt: nichts.
Im Winter sind die
Dinge so, wie sie sein müssen, oder nicht.
Das ist das Schöne, das ist das Schreckliche am Winter.

Ich hatte einen Wunsch.
Doch wo Wünsche sind, sind Gegenwünsche
Und keiner ist stärker oder brennt heißer als der andere.
So kam es zu keiner Verwirklichung.
Der Winter weiß, was er will: nichts.

Der Winter hat seine Logik
Und diese Logik ist unbarmherzig.
Sie ist der Winter.
Ohne sie, kein Winter.
Ohne sie wäre Leben.

Immerhin lebe ich noch.
Aber im Winter.
Ob noch etwas kommt, ist unsicher.
Es sieht im Winter nicht danach aus.
Es sieht im Winter nur nach zu spät aus.

Im Winter sieht es nach Winter aus
Nur nach Winter
Und im Winter sieht das aus nach: nichts.
Sonst wäre aber auch alles falsch
Der Winter ist aber wahr.
Der Winter ist mehr als lebensecht.

Alte Freundschaften, verloren
Neue Freundschaften: unmöglich.
Der Winter, der alles tut, dass man zusammenrückt und sich
__________________________________________wärmt
Hat also nicht nur seine Logik
Sondern auch seine Unlogik.
Der Winter ist eine komplette Mahlzeit
Die einen hungrig lässt.

Wäre ich nicht schon in den Winter geboren worden
Wäre jetzt vielleicht kein Winter.
Aber ich habe es zu spät bemerkt
Ja, es war schon zu spät.
Es war schon Winter, es war schon nichts
Und das Nichts lässt sich nicht schon vorher feststellen
Das Nichts überrascht die Sterblichen immer.


2. Frühling

Es steigt eine Enttäuschung
Wie Baumsaft durch die Adern;
Ich weiß, wie Leute feilschen
Und auch, warum sie hadern.

Weil du auch zu den Leuten
Gehörst, bist du dabei:
Kannst vielleicht was erbeuten
Im Zug der Keilerei.

Wie schön die Religionen
Und Hammurabi-Stelen –
Nicht etwa, dass wir uns verschonen
Doch, dass wir uns nicht straflos quälen.


3. Sommer

So krankhaft blühen nur
Menschenansammlungen, krebsrot wie Aussatz
Beim krankhaften Ausströmen
In der Fieberhitze. Das ist
Kein Sommer, sondern Krankheit.

Einfach so breit herumliegen fern von zuhause?
Soll das Rekonvaleszenz sein? Es ist
Der Anfang vom Ende.
Verschwärmen über den ganzen Planeten
Und stecken den überall an.

Bösartig sich zusammenrottend, wo sie nicht hingehören.

Eine Flutwelle allein
Kann es nicht richten. Gegen das Überschwemmtwerden
Helfen nur effizientere Mittel, doch die sind
In den Ländern nicht aufzutreiben.

Aber Homöopathisches, aber Gleiches mit Gleichem
Vermag es freilich nicht.
So wird die Sache fortschreiten bis
Das Übergestülpte, die falsche Haut aufbricht
Und noch Wundbrand hinzukommt.

Und da behauptest du, die blieben wenigstens nicht?
Beim ersten Herbstlüftchen aber sofort raus!


Trois sur quatre

1. Hiver

Des tuyaux hors service. Pas un son, rien.
En été, il y a peut-être encore un peu, il y a des voies
Détournées, mais maintenant: rien.
En hiver, les choses sont
Telles qu’elles doivent être, ou ne sont pas.
Voilà ce qui est beau, voilà ce qui est terrible dans l’hiver.

J’avais un désir.
Or, là où il y a des désirs, il y a aussi des désirs contraires
Et aucun d’eux n’est plus fort ou brûle plus chaud que l’autre.
Ainsi, rien n’a été fait.
L’hiver sait ce qu’il veut : rien.

L’hiver a sa logique
Et elle est implacable.
C’est elle, l’hiver.
Sans elle, pas d’hiver.
Sans elle, tout serait vivant.

Au moins, je vis encore.
Mais dans l’hiver.
Pas sûr qu’il y a encore quelque chose en attente.
En hiver, ça n’a pas l’air.
L’hiver n’a que l’air de trop tard.

En hiver, ça ressemble à de l’hiver
Seulement à de l’hiver
Et en hiver, ça ressemble à : rien.
Autrement, tout serait faux
Mais l’hiver est vrai.
L’hiver est plus vrai que nature.

De vieilles amitiés, perdues
De nouvelles amitiés : impossibles.
L’hiver qui fait tout pour qu’on s’agglutine afin de se chauffer
N’a donc pas seulement sa logique
Mais aussi son alogique.
L’hiver est un plat complet
Qui te laisse sur ta faim.

Si je n’étais pas né dans l’hiver
Il ne serait peut-être pas hiver maintenant.
Mais je l’ai remarqué trop tard.
Oui, il était déjà trop tard.
Il était déjà hiver, il était déjà rien
Et le rien ne se constate pas avant
Le rien les surprend toujours, les mortels.


2. Printemps

La déception part des entrailles
Puis monte en sève dans tes veines ;
Je sais comme les gens chamaillent
Et sais comme les gens se peinent.

Toi aussi fais partie du genre
Alors, toi aussi, tu te bats :
Il y a peut-être un truc à prendre
Au cours de tous ces pugilats.

Est belle notre grande foi
Sont belles nos tables de loi –
Non pas pour qu’on se fasse grâce
Mais que sous peine on se tracasse.


3. Été

Ainsi ne fleurissent, maladifs
Que des tas d’hommes, écarlates comme la lèpre
Quand, pathologiquement, ils se déversent
Dans la touffeur fiévreuse. Ce n’est pas
Un été, c’est une maladie.

Juste étendus, étalés, loin de chez eux ?
Et tu appelles ça de la convalescence ? C’est
Le début de la fin.
Essaiment à travers la planète
Et l’infectent partout.

S’ameutent, malins, là où n’est pas leur place.

Un tsunami seul ne saurait
Régler le problème. Contre pareille inondation
Les remèdes doivent être plus efficaces, mais on n’en
Trouve pas dans ces pays.

C’est que l’homéopathique, c’est que le mal par le mal
Sont impuissants.
Ainsi, la chose continuera jusqu’à ce que cette
Fausse deuxième peau éclate et
S’y ajoute la gangrène.

Et tu me dis que pour le moins eux, ils ne restent pas ?
En tout cas, au premier froid automnal, dehors !

12 Janvier 2016

jeudi 14 janvier 2016

Un cas précis de caprice

Dans nos toilettes, sur le petit meuble en bois brut, bricolé main, il y a un vaporisateur. Un vaporisateur-objet, quasiment antique. Quasiment.
Ce vaporisateur n’est pas tout à fait nécessaire, il est, à nos yeux, tout à fait joli. Et il est un caprice. Un caprice de brocante.
On ne peut pas vivre sans caprice, et si l’on n’est pas très riche mais porté sur le joli – ou plutôt : ce que l’on tient pour tel – il ne reste que des caprices de brocante. Dans ce cas, ni le neuf, ni l’antiquité estampillée, n’ont droit de cité dans la demeure.

L’eau de toilette que ce vaporisateur vaporise n’est, quant à elle, point un caprice ; elle est simplement fort bien nommée, ces toilettes s’aérant mal. Or, si ce vaporisateur en est un, lui, ce n’est pas l’action de vaporiser qui se trouve ainsi mise en cause, mais uniquement l’instrument –  autrement dit : la façon. On ne discute donc pas le contenu, mais le seul emballage.
Nous en déduisons que celui qui effectue une tâche utile de manière inutilement esthétique est peut-être capricieux, et celui qui ne le fait pas de cette sorte-là n’est peut-être pas très loin de la bête, la bête de somme en somme. Partant de là, nous sommes amenés à penser qu’il n’y a pas beaucoup de choix dans une vie humaine : il y a des décision à prendre lorsqu’il en va de l’art et de la manière.

Être ou avoir ? Qu’est-ce qui fait l’homme, en dernière instance ? Sans doute le second. Car avoir un tel vaporisateur dans les chiottes est, à nos yeux, bien plus important que le fait d’être doté de la faculté de raisonner, ne serait-ce que sur le vapo en question. Les animaux, eux, réfléchissent aussi, mais ils ne savent pas quoi mettre dans leurs trop frustes lieux d’aisance. C’est au moins la réponse que nous nous donnons à la grande question éternelle quand, en nous soulageant, nos regards ne peuvent éviter le petit meuble en bois brut, bricolé main, avec, trônant dessus, un si joli caprice de brocante.

13 Janvier 2016



vendredi 8 janvier 2016

Lügenpressenkopfkino

Wenn ich des Morgens aus den Federn steig
Die Augen noch vom Schlaf ganz zugeklebt
Und es mich somnambul zum Bildschirm treibt
Weil ich doch wissen muss, was vor sich geht

Dann dauert es kaum einen Schreckmoment
Bis ich mit aller Welt verbunden bin
Und mir von Kontinent zu Kontinent
Vielfarbig zuströmt, was geschehn darin.

Noch träumend glaub ich, was die Leute schreiben
Und glaub es, halbwegs wach, auch wieder nicht
Als wären das zwar alles Augenzeugen
Doch die Berichte maßlos ausgeschmückt.

Und weil ich sowohl glaube als nicht glaube
Was man mir von der weiten Welt erzählt
Muss ich, als wär ich weiterhin im Traume
Dran umerfinden, was mir – wach – missfällt.

So wird aus mir die eigne Lügenpresse
Mit Augen noch vom Schlaf ganz zugeklebt
Zwar schon allein mit mir vor meinem Rechner
Doch gleichzeitig noch mitten in der Welt.

5. Januar 2016

mercredi 6 janvier 2016

Allzu selbstsicher

Er fand zwar den Weg hinein, doch nicht wieder heraus.
Er ist wie eine Identität, der
Bunte Kinderball im Gestrüpp:
Verloren, vergessen, aber noch da.
Und falls wiedergefunden, leider nutzlos.

Da liegt nun so ein vergessener Ball unter Dornen
Und ist fast noch so verlockend und jung
Wie zu der Zeit, als er verloren ging.
Wenn wiederentdeckt, jedenfalls ausgesprochen bunt
In seinem Versteck, diesem rußbraunen Nest –
So knallbunt, dass er längst hatte auffallen müssen;
Nur ist da eben auch dichtes, abschreckendes Gestrüpp.

Er ist jemand Besonderes:
Verloren, vergessen, aber noch da
Und falls wiederentdeckt, leider nutzlos.

Weil jetzt eben die Kinder zum Feiern fehlen.
Ohne Ball abgezogen, nicht wahr...


Bien trop sûr de lui

Il a trouvé moyen d’y entrer, mais pas d’en ressortir.
Il est comme une identité, le
Ballon d’enfant dans le fourré :
Perdu, oublié, mais toujours là.
Et lorsque redécouvert, sans usage.

Il y a donc là un ballon oublié dans les ronces
Et il est presque aussi attirant et jeune
Que lorsqu’on l’a perdu.
Quand on le redécouvre, il resplendit en tout cas de couleurs
Dans sa cachette, ce nid bistré –
Tellement éclatant qu’on aurait dû le remarquer bien avant ;
Or, le fourré est dense et décourageant.

Il est quelqu’un de spécial :
Perdu, oublié, et toujours là
Et lorsque redécouvert, sans usage.

Parce que manquent les mômes pour lui faire la fête.
Partis sans ballon, n’est-ce pas...


3 Janvier 2016

samedi 2 janvier 2016

Si j’étais né pareil que toi


Si j’étais né pareil que toi, coquette
J’aurais aussi ma huppe sur la tête
Au cul mon éventail tout en plumages
Et, à part ça, plein d’autres avantages :

De beaux yeux roux assortis à ma crête
Des ailes sachant voler la vedette
Des ergots pour châtier la médisance
Mais un bec plus pointu qu’un fer de lance ;

Enfin, ce goître dans les écarlates
Bien plus marrant que toutes leurs cravates.
Hélas, je suis né dans un corps sans style
Avec rien que mon cœur de volatile.

                                       *

Si j’étais né pareil que toi, princesse
Je jouirais bien mieux de ma noblesse ;
Sans renoncer aux droits et apanages
J’emprunterais la voie de la sagesse :

Depuis mon beau château aux rocaillages
J’allumerais les feux de l’élégance
Et du haut de ma lanterne-potence
Je creuserais la tombe à l’ignorance.

J’y montrerais la soie et les dentelles
De mes culottes, voire des semelles
Et pour servir d’exemple à la fripouille
J’exposerais même où ça me chatouille.

Voilà ce que ferais ayant ta classe.
Or, je ne suis que de la populace
Avec une esthétique disparate
Qui n’a strictement rien d’aristocrate.

                                       *

Si j’étais né pareil que toi, mégère
Je prendrais tout ça moins à la légère
Car pour personnifier la pie-grièche
Il faut bien plus qu’un certain don revêche.

Des siècles d’entraînement dans l’acerbe
N’ont pas suffi ; faut joindre l’acte au verbe
Les meilleures litanies et tirades
Ne valant jamais coups et bastonnades.

Pour atteindre un niveau correspondant
Sans force dans les bras, le répondant
Doit surpasser le pouvoir des paroles
Tel le haut fait celui des paraboles.

Le Christ, s’est-il contenté de se plaindre ?
Lui réveilla un mort, au lieu de geindre.
C’est difficile, je le sais, mémère
Mais tu sais maintenant ce qu’il faut faire.


29 Décembre 2015 - 1er Janvier 2016