lundi 5 mai 2014

L’appel du chat

L’homme étant loin
L’appel du chat devient parfois bizarre :
Rauque, aigu, triste, vif, modulé non sans audace
Et facile à confondre avec le geignement d’un nourrisson.

On le perçoit au loin, mais jamais aucun chat
Ne s’exprime ainsi en notre présence ;
On ne lui connaît pas ce côté-là
Le côté adulte, je présume.

Il y a d’autres innocences
Dont on ignore certains râles, et
Pas plus mal de ne pas être au courant
De toute leur gamme en matière de sonorités.

Et cela bien que ces appels de chat ressemblent
Aux bruits émis par ceux que l’on pense
Encore transparents, si ce n’est
Tromperie dès le début.


[Chez l’humain, l’envie d’être transparent ne veut pas dire envie d’être en verre. Puisque le verre a cette première qualité que l’on voit au travers, on voit à travers un homme en verre, on voit le mur derrière lui lorsqu’il fait sa gymnastique. Or, quelqu’un qui est transparent de cette manière-là, est proche de l’invisibilité, et invisible veut dire caché. Un homme invisible n’est pas un homme transparent, bien au contraire. C’est peut-être le meilleur des agents secrets.
L’envie d’être transparent est autre chose. C’est l’envie d’avoir l’enveloppe transparente, la coque à travers laquelle on voit s’affairer les rouages, les rouages de la pensée etc., rouages parfaitement opaques car rouages visibles, visibles à travers leur carapace de cristal. Un homme vraiment transparent ne peut donc être qu’un homme dont on voit le mécanisme qui, lui, ne l’est pas. Demandez seulement à un mécanisme transparent d’être observable au travail. C’est impossible. L’exigence de la transparence est telle qu’elle ne doit s’appliquer qu’à la peau et nullement au noyau, autrement elle ne vaut rien, autrement elle se transforme en son contraire.]


25 Avril 2014