jeudi 25 avril 2019

Brevius tempus aetatis


i.

Auch vor dem Menschen gab es schon eine Geschichte
Doch als der Mensch erschien, wurde sie kürzer.
Wenn ein Saurier einen anderen auffraß
Geschah das über ganze Kreidezeiten hindurch
Immer nach dem gleichen Modell, aber sobald die Menschen
Begannen, sich einander an den Kragen zu gehen
Änderten sich in kürzester Zeit die Methoden
Sowie die Gründe. Ein Mensch braucht ganz offenbar
Andauernd neue Gründe, um einen anderen zu beseitigen –
Neue Gründe sowie neue Tatwerkzeuge
Und diese Notwendigkeit schärfte
Den menschlichen Verstand ungemein.
Saurier fraßen sich gedankenlos auf, allein
So etwas erscheint dem barbarischen Menschen als Barbarei
Weil es ihm einfach an der Geduld fehlt
Ganze Kreidezeiten hindurch
Der alte Adam zu bleiben.
Es ist der Preis für die menschliche Moral
Und, so scheint es, deshalb werden wir wohl auch
Nicht so lange die Welt beherrschen wie damals die Saurier.


ii.

C’est comme un givre qui s’était posé partout
Mais qui n’engourdit pas, qui éveille et rappelle
Le passé long au bref présent et les emmêle
Frimas qui n’endort pas, mais brûle, avive, bout.

Le temps s’est rétréci de façon violente
Nous ne comptons plus en années, mais rien qu’en mois :
Bouffer ou se faire bouffer – voici la loi
Qui nous protège désormais, foi consolante.

Une fois qu’on est grand, on peut s’épanouir
Au jour le jour, qui donc aurait besoin d’années ?
Tout ce qu’on chérit, à la longue est condamné
Quoi qu’il en soit, il n’y a que l’instant pour jouir.

Temps court, rendu sursis, l’heure, douceur amère
S’est faite en même temps et plus sombre et plus claire.


24 Avril 2019

mercredi 17 avril 2019

Von Desaster und Wiederaufbau

„Ich frage mich
Wie man noch genießen soll
Ohne sich schuldig zu machen.“
Das ist eine sehr moderne Frage, so modern wie
Die Angst des Versündigens an der Natur.
Früher ging es darum, das Sündigen
Möglichst zu genießen, und man fragte sich höchstens
Ob auch sündloses Genießen noch Genießen war.

Als Notre-Dame in dieser Nacht lichterloh brannte
War das ein schauerlich schöner Anblick
Der für Augenblicke vergessen ließ
Dass es die Schönheit der Zerstörung war.
Man verstand plötzlich Nero
Denn es ist einfacher, Nero zu verstehen
Als jeden Baumeister der Welt, wie
Die Natur selbst ja auch viel lieber zerstört als aufbaut.

Ich sehe dem Neuaufbau und seiner Lust
Eher gelassen ins Auge.
Man kann alles neu aufbauen – das
Was es war, ist es dann nicht mehr, aber
Es ist wenigstens der Beweis dafür
Dass es auch so etwas wie ein sündloses Genießen gibt.
In diesem Fall war die Sünde vorher.


Du désastre et de la reconstruction

« Je me demande
Comment on peut encore avoir du plaisir
Sans se rendre coupable. »
Voilà une question très moderne, aussi moderne que
La peur du péché envers la nature.
Dans le temps, il s’agissait plutôt de tirer un maximum de
Plaisir du fait de pécher, se demandant tout au plus
Si, sans pécher, on pouvait réellement jouir.

Cette nuit, quand Notre-Dame était en flammes
Ce spectacle, aussi épouvantable que beau
Faisait oublier pendant un instant
Que sa beauté était celle de la destruction.
Tout à coup, on comprenait Néron
Car il est plus facile de comprendre Néron
Que tous les bâtisseurs du monde, étant donné que
La nature elle-même détruit bien plus volontiers qu’elle ne construit.

J’envisage la joie de la reconstruction
D’un œil plutôt serein.
Si tout se reconstruit, rien ne sera plus jamais
Le même, mais
Cela offre au moins la preuve
Qu’il est possible de se faire plaisir sans pécher.
Dans ce cas, le péché, c’était avant.


16 Avril 2019

lundi 15 avril 2019

Ordveksel


1. Schwarzes Loch, Meise

Wer sollte hinter deinen Gemeinplätzen
Denn den Himmel vermuten?
Sollen sein wie eine Tür
Die in ein Unendliches aufgeht
Aber das liegt im Dunkel;
Die Tür geht dem Auge ins Nichts auf.

– Ihr sollt ja auch nicht mit dem Auge hören.
Das Pathetische, das du mir abverlangst
Doch nur deshalb, weil blind und taub.
Den Nachtwind kannst du ja noch spüren, oder?
Sollen wir alle eine Meise haben, damit ihr es versteht?


2. Façon pauvre

Fais toujours jouer la mémoire de ton enfance.
Il faut les imaginer
La tête emmaillotée façon Touareg
Ou sous un grand turban bordé d’or, façon vizir
Mais surtout pas comme ça, comme à première vue.

– Qu’est-ce que tu appelles à première vue ?
La mode change et
C’est le bond d’un tigre, selon Benjamin.
Y aurait-il des tigres en Arabie ?
Eh bien, parlons d’un envol de faucon.


3. Tendencies of Optimism

The times are bleak, but
When it comes to the future
Truth will win out, as many say.
Or more precisely: Truth will out – without
The win.
Which version do you prefer?

– The literal-minded opt for the latter.
The final outing of truth
Is seldom a win for mankind.
It is rather self-deceptive and of as risible
A kind as any youthful indiscretion later regretted.


4. Samenfatning og resumé

Findes der tigre i Arabien?
Den patos, som du kræver af mig
Skal være som en dør.
Moden ændres og
Hovedet dækket som en Touareg
Sandheden vil sejre, som mange siger.

– Bring altid dine barndomserindringer i spil
Når det kommer til fremtiden.
Man må forestille sig dem.
Tiderne er dystre, men
Skal vi alle være skrupskøre, så I forstår det?


14. april 2019

dimanche 14 avril 2019

On a Dream as Lively as They Come

C’est devenu assez rare, mais la nuit dernière j’ai quand même encore rêvé érotique. Depuis toujours, le propre de mes promenades nocturnes est l’incroyable fluidité des gens rencontrés. Les personnes avec qui je m’engage ne restent jamais elles-mêmes. Je commence un rapport avec X qui, fatalement, finit par être Y, comme si chaque grenouille devait se transformer dans le feu de l’action en prince charmant et vice versa. Ça a l’avantage que je peux me commettre avec n’importe qui, toute erreur de casting se répare. Dans la vraie vie, il faut sélectionner avant de s’enflammer. Quoi que. Pas plus tard quhier j’ai appris dans la presse l’horrible mésaventure d’une vedette du petit écran qui crut faire, en pleine nuit, la connaissance de quelqu’un de très frais, bon et confiant ; or, celui-ci, au sortir du rêve, se révéla n’être qu’une vulgaire racaille lui cassant la figure et vandalisant son joli appartement de parvenu.
Si le personnel de mes rêves à moi est beaucoup plus correct, troquant juste de visage, d’âge, de coiffure et parfois ce petit point de détail qu’est le sexe biologique, et tout cela avant même le lever du soleil, mon existence réelle, elle, se caractérise d’emblée par l’extraordinaire stabilité de l’entourage. Hors sommeil, nul ne se métamorphose radicalement au cours d’une embrassade, on ne fait que vieillir en silence, sans que l’œil puisse s’en rendre compte. En ce sens, le rêve est mon seul terrain d’exploration quant au mystère de la nature humaine. Il me procure l’insécurité tonifiante qui le plus clair de mon temps me fait défaut et me manque peut-être. Pourtant, cette vedette du fait divers mentionné, je ne l’envie aucunement. Je crains juste qu’elle ne les rêve pas assez, ses rendez-vous.

J’ai pénétré la forêt dense et une fois perdu
En elle, j’ai nagé dans un océan vaste et mou.
On a beau s’exciter, on ne sait jamais vraiment où
On est en train de s’enfoncer, car tout s’est confondu.

Le ventre vaste et mou du rêve admet la densité
De qui commence et qui s’achève par l’immensité.
C’est qu’il te faut bien l’étroitesse de la jungle intacte
Autant que l’ampleur vague de la houle pour tout acte.

13 Avril 2019

samedi 13 avril 2019

Appartenance intégration


i.

Es gibt in dieser Welt des gottgewollten freien Willens sowohl ein Innen als auch Außen, ein Dazu und Nicht-Dazu, aber manchmal will (freier Wille) das Außen nach innen, Nicht-Dazu zum Dazu, und die Probleme (gottgewollt) fangen an. Eine mögliche Lösung bietet die Nachtischbehandlung bei einer bestimmten, sehr geordneten, Form des Gastmahls.

Encore la question si
Invité, tu en auras droit, toi.
Serait-ce une question d’intelligence
Ou d’élégance – face à la loi, norme et coutume ?

N’es-tu pas déjà là, pour t’incliner avec nous, à notre table ?
Devrais-tu le chiper, tel un enfant, l’afikoman ?
C’est à coup sûr la proposition
Qui convient le plus.

Bon, à part ça, perdu pour perdu :
Grignoter des hosties n’a jamais été ton truc, semblerait-il
Pas plus que siffler leur piquette de messe ;
Quand à l’agneau pascal
– À simplement te regarder –
Sous quelque forme que ce soit... 

Elle est facile, l’appartenance ;
Aussi facile, l’intégration
Si la volonté y est.














ii.

Ging wüsten Wetters meines Weges
Und ging gemütlich, kappenbeschützt
Darunter das Wissen, wo zuzugehören.

Du bist ein Fremder auf den Straßen
Wie auch Gewitter kommt und geht
Und ob du hastest oder schreitest.

Des Nisan Sonne kam hervor.
Ich war noch lang nicht angekommen
Die kahlen Felder dampften

Nur Felder, ferne noch der Stadt
Unter der Kappe den fröstelnden Kopf
Voll Freude, nichts anzugehören.














iii.

Régulièrement, je suis invité à dîner chez ma tante qui habite un HLM. La semaine dernière, elle était dans tous ses états : « Est-ce que tu as vu ce qu’ils font dans la cour ? » Oui, je l’avais vu. Il y avait un jeune homme encagoulé en train de bomber un début d’arc-en-ciel sur un mur. « Mais, bon Dieu, qui a besoin de ça ? fit ma chère tante en haussant les bras. Et le comble : il paraît que c’est l’Office qui l’a invité, et ça va prendre tout le mur. » J’ai tenté de la calmer : « Ça peut être joli, à la fin. Ça te plaira peut-être. » – « Tu rigoles ? Faut avoir le mauvais goût des... oh, tu sais bien de qui je parle. »

Quand je suis revenu hier, on voyait l’œuvre, achevée, déjà de très loin. Effectivement, un arc-en-ciel au-dessus d’un dromadaire à la tête exagérément grosse, l’idée n’était pas des plus originales, mais quelle surprise : en me rapprochant un peu, je distinguai tout en bas la silhouette de ma tante levant la tête pour regarder, on aurait presque dit en vénération. Pour ne pas l’interrompre, je fis encore un tour, mais quand je revins un petit quart d’heure plus tard, elle était toujours là, et exactement dans la même posture. Soit elle adorait, soit elle voulait vraiment se faire une opinion. J’étais sur le point de repartir pour un tour supplémentaire lorsque mon téléphone sonna. C’était elle : « Mais où es-tu donc ? Je t’attends depuis un bon moment, et normalement tu es si ponctuel. » – « Je ne voulais pas te déranger devant le dromadaire. » – « Toi aussi, tu te fous de moi maintenant ? me répondit-elle, très énervée. Imagine-toi, quand il a eu fini sa saleté, tout le quartier était rassemblé mais personne n’a moufté. Alors, bien que j’aie été la seule à oser l’ouvrir, je lui ai dit mes quatre vérités. Et qu’est-ce qu’il a fait après, ce barbouilleur ? Il a eu le culot de me peindre devant, et, une fois n’est pas coutume, de façon si réaliste que tout le monde me reconnaît. »














12 Avril 2019


lundi 8 avril 2019

Kassandra und nahrhafte Gedanken


1.

Ey, grelle Fantenkuh im Porzellan:
Trompete hier doch nicht so rum.
Was geht uns denn die Zukunft an?
Der Weise stellt sich dumm.

Niemanden schert, was du zu zetern hast:
Scherbenzertrampeln schafft auch Raum.
Des Lebens finstre Zentnerlast –
Nur Worte, Worteschaum.

Und wären schwer und finster Schaum und Wort
Statt leicht und hell und grell und so:
Wundre dich nicht, dass hier wie dort
Nur blind und taub macht froh.


2.

Es ist schon so, dass nahrhafte Gedanken
Nicht nähren wie ein dickes Kotelett
Doch sind oft auch die Denker Raubgesellen
Die Beutewild das Fleisch von Leibe reißen

Mit ihren scharfen Fängen oder Pranken.
Allein, was wenig nährt, macht nicht recht fett
Obwohl wir uns ungern der Wahrheit stellen:
An Geistesknochen kann man länger beißen.

Du, was den Reichen nährt, nährt auch den Armen
Falls er sichs leisten kann, vom Fleische fällt
Kein Schwein spontan aus Logik und Vernunft.

So sehr gerecht gehts zu in einer Welt
Wo Folgerichtigkeit hat Unterkunft:
Ist da der Reiche arm, muss auch er darben.


7. April 2019

dimanche 7 avril 2019

Von schutzloser Schönheit

Dem schönsten Kinde fehlen beide Eltern –
Es wirft sich fremden Menschen an den Hals.
Wem fiel es ein, das Kind dafür zu schelten?
Die Grazie selbst ersetzt ihm seinen Stolz.

Ich wär so Schönem gar zu gerne hold:
Sein Pech, dass ihm der Mund geschwungen ist
Und lichtumrissen, weich der Wangen Gold –
Oh, Unhold, der ein solch Gesicht vermisst.

Das Kind vermisst den Schutzwall seiner Anmut
Einschmeichelnd wasserblauer Augen, sein
Gezwungnes Lachen leiht der Oberfläche

Die Tiefe, die es sich denn auch noch antut –
Doch mir die Kraft gibt, abweisend zu scheinen
Dem Ungeschützten, trotzend eigner Schwäche.

6. April 2019