mercredi 31 janvier 2018

New Dawn, New Noodles

    « Grex rather than sex » – la formule de Robert Frost est ancienne,
et plus vraie que jamais.

1. Upside Down

– Why aren’t you erect?
– But nothing’s happened yet.
– Come back when your thing’s up.
Tried at home, fancied something and eventually succeeded.
– Here we are.
– Prove and show it.
When shown, stiff had sourly reverted to limp.
Both were deeply disappointed.

There’s a long way to go, the lonely mind being, alas, unreliable.
You better let things happen first.
Dare to give ’em a hand.
But that’s no longer legitimate.


2. Display Rules

Ich kenne einen kleinen Hund
Der bellt zuweilen ohne Grund:
Sieht er mich kommen, tut er ganz
Verrückt und wedelt mit dem Schwanz

Springt hoch in seinem Unverstand
Und leckt und fordert meine Hand
Vergeudet seine Liebe und
Weiß es doch nicht, denn Hund bleibt Hund.


29. Januar 2018

dimanche 28 janvier 2018

Light and Shade, Politically Speaking

[Le grand soir tombe. Rien n’a été gagné, tout juste un petit changement de perspective, un retournement dans le plume, en somme. Au lieu de manifester pour la « liberté », on s’époumone pour plus de retenue. Liberté remplacée par retenue, l’époque est à la sagesse mais, une fois de plus, se déchaîne : sûr de soi, en surnombre, ça cherche toujours la castagne.
Victime de trop de liberté, passe encore ; mis en pièces par des bacchantes en folie, quel délice. Mais là, tout le monde comme infirme, tout le monde se remuant comme de pauvres alités afin de s’éviter des escarres...
et furieux avec ça ! Je me sens comme l’amoureux éconduit d’une belle laideronne. La sensation est ambiguë, fascinante.
Libéré d’un carcan, voilà quant au triomphe de la retenue. Exiger le souhaitable, l’humain, l’indispensable même, j’aurais dû y penser avant. Du temps que l’on savait encore où l’on en était : certainement attachés à des chaînes, et soi-disant en train de s’en dépatouiller.
N’importe. Enfin, un autre soir est tombé. S’ensuivront quelques petites heures nocturnes dont il faudra profiter, camarades
.]


i.

The night falls.
Should be time to unsheathe
But let this light
Be toy
Not tool, nor weapon.

Let be its dimness
Bright enough
This night
That it be motley toy
No boasting chisel thing, no blazing dagger.

Come here to play.
Unsheathe but let this light be toy
Let us be duel slackers.


ii.

Ja, meinst du denn, das reicht aus?
Du musst schon selber schauen.
Spiel-, aber nicht Werk- oder Waffenzeug, so, so.
Wo führt das denn hin?
Das hilft nur wenig, wenn dann jemand kommt.
Auch unsre albernen Schwächen müssen doch verteidigt werden.


iii.

You can’t expect a natural self-educator
To disbelief in the laws of nature;
He knows no others.

On a cloudy day
Who’d ask the sun barging in
To be a little more decent
According to the circumstances?


[C'est qu’on se trompe lorsqu’on pense qu’avant la libération sexuelle on n’aurait pas pu vivre sa sexualité librement. Qui savait se débrouiller, le pouvait – en privé bien entendu. Quand ces choses ont fini par être étalées sur la place publique, les gens n’ont pas nécessairement pu vivre plus librement, parce que même dans un pays sexuellement libéré, la sexualité, en règle générale, reste du domaine privé ; il faut donc toujours savoir se débrouiller pour trouver chaussure à son pied, et ce n’est pas donné à tout le monde. La libération a simplement un petit peu facilité les choses ; elle a ouvert le marché, en le régularisant. Mais la technologie aussi. Surtout la technologie. Technologie sans libération n’est guère possible. Les Saoudiens, eux aussi, ont accès au web, et ils ne s’en privent pas, semblerait-il. Collective ou personnelle, cette libération-là, elle se passe en privé.
Quant à moi, ma libido personnelle est carrément née avec la libération sexuelle, c’est une question d’âge. Quand il n’y avait pas encore de libération sexuelle, je n’étais pas encore vraiment sexuel. J’étais un petit garçon en phase de latence, exactement comme la société qui m’entourait. Finie ma latence à moi, la libération sexuelle générale est arrivée – avec son lot de photos enfin esthétiques, d’explications enfin explicites et tout. Par conséquent, je ne saurais dire comment elle serait, ma sexualité, sans ladite libération. En l’état des choses, elle correspond à peu près aux nouvelles normes, celles édictées par une libération normative à son tour. Tout ça tombe bien, diriez-vous, mais c’est mauvais signe. Lorsqu’il en va de la liberté, le conformisme est toujours mauvais signe. Si je préfère, moi aussi, le sexe-joujou au sexe-outil ou au sexe-arme, si je suis un chaud partisan du jeu flemmard en la matière, cela peut être une coïncidence. C’est peut-être un pur hasard si je peux me compter parmi les gagnants de la libération en question, mais c’est très mauvais quant à la notion de liberté. S’il faut toujours y correspondre, la liberté, à juste titre on s’en branle, elle ne vaut pas son étiquette de prix.
Par chance, le jeu n’est jamais sérieux. Et heureusement, il paraît maintenant que les beaufs parmi nous, utilitaristes et militaristes, n’avaient pas tout perdu, eux, tant qu’ils savaient se débrouiller en privé, la position aidant parfois. Avec la publicité actuelle, ce n’est d’ailleurs pas qu’on empêche à la fin ces porcs indignes de profiter scandaleusement d’une libération faite pour ceux qui s’y conforment, mais sous le prétexte qu’il y aurait de
mauvais profiteurs, des suivistes contre nature, on s’attaque au principe de la liberté même. En vérité, la cochonnaille peut respirer : elle n’est atteinte en rien. Obéissant à l’injonction de parité, de féminisation plutôt, elle a simplement changé de bord. Alors que la liberté, illusoire si elle ne s’étend pas sur l’exploitation complète, bêtes incluses, s’esquive sous les bons soins des bonnes âmes.]

iv.

Is a vale any sexier than a peak
Is a hole holier
Is mystery more inviting
Than a bulge, a beak, a beacon?

You just jump into the unclaimed garden
Pick and strip that rose
Petal after petal:

The rim of the well isn’t hidden
And it’s the rim that shows the place
Where to seek pushed on by thirstiness.

Deep down there may be water but you can’t see it.
You may drop a pebble, hear it splash
And still – darkness. Is there a bucket attached and waiting?
Femininity is by no means surer.
Men can only have trust in the masoned-up rim;
The hope is theirs.


January 21, 2018

mardi 16 janvier 2018

Biographie

[Quand mon pied s’enfonce dans un tas de merde, je dis « Merde ! », et quand pour une fois j’ai eu du pot, je m’exclame « Quel pot ! ». Je nomme donc la chose. Quand je dis à quelqu’un « Eh, salut ! », nommant telle chose, elle n’est pas nécessairement déjà arrivée ; je ne constate donc rien, je ne fais que souhaiter. En revanche, quand j’ai dit « Merde ! », c’était trop tard, et quand je me suis exclamé « Quel pot ! », le pot en question, je l’ai déjà eu. Comment distinguer lorsqu’on dit quelque chose si c’est une constatation ou un souhait ? Souvent, c’est la déveine qui nous l’apprend. M’exclamant « Vie de merde ! », je fais à coup sûr un constat, mais criant « Bonne chance ! », ce n’est très probablement encore rien qu’un souhait. Enfin, quand je dis « Merde ! » à quelqu’un pour lui souhaiter bonne chance, je me conforme à une convention qui veut qu’on exprime le contraire de ce qu’on est censé souhaiter. Ainsi, l’inavouable jalousie, si humaine face au possible succès d’autrui, a eu son mot à dire. Tout récemment, une dame, s’adressant à moi, s’est écriée à la fin « Bon courage ! ». Me l’a-t-elle souhaité, m’a-t-elle souhaité le contraire, ou voulu faire un constat ? Et tout cas, elle doit être au courant de certaines choses qui me sont encore cachées. Ce ne serait pas la première fois que quelqu’un d’autre connaît ma vie mieux que  moi.]


1. Lob des Weins

Zu viel Eisen im Blut. Meine Ärztin
Hat mir daraufhin quasi den Roten verboten.
Ich solle besser auf Weißen umsteigen, meinte sie.

Ich mag nun aber mal den ganz tintigen
Den so tanninreichen Saft des tiefen Südens.
Mehr als eine Geschmackssache ist das jedoch nicht.

In meiner Bestürzung vergaß ich
Zu fragen, ob die helleren des Ostens
Auch zu denen mit zu viel Eisen zählen

Und ob ein Schwarzriesling beispielsweise
Medizinisch gesehn, nicht schon halber Weißwein ist.
Denn das ermöglichte einen burgundischen Kompromiss.

                                   בורא פרי הגפן

Hab nie länger in Landstrichen gelebt
In denen keine Reben wachsen wollen, und
Wo man Weintrinken deshalb für erwähnenswert hält.

Die Dichter aus Nichtweinanbaugebieten
Oder Gegenden, wo sie ihr Zeug aufzuckern
Haben es bezeichnenderweise immer so davon.

Ich meinerseits kann literarisch
Mit Rotwein kaum etwas verbinden.
Gedankenlos schütte ich ihn in mich hinein.

Wenn es denn sein muss
Weil zu viel Metall dem Körper schadet
Will ich zur Not umsteigen auf alltäglichen Gamay

Und hin und wieder Pinot noir, weil im Sonderangebot
Oder gar die Sorten, die ich aus der Jugend kenne
Doch daraus wirklich kein Thema konstruieren.

Es soll hier nur erwähnt werden, dass
Gerade das, wovon der Dichter sich nährt
Am besten unerwähnt bleibt in seiner Dichtung.


2. Grimoire

Si je m’achète parfois un pavé énorme
Ce n’est pas pour le lire en sa totalité
Mais pour jeter un œil, un seul chapitre informe
Assez quand le roman a quelque qualité.

Seulement, il faut que ce soit moi qui feuillette
Pour choisir les extraits qui feront tout l’ouvrage ;
N’ayant en main qu’un mince abrégé, la cueillette
Ne m’intéresse plus, il me faut mille pages.

Telle ombre pour témoin, tel mort qui se reflète
Plus vivement dans la psyché des jours vécus :
Trop paresseux pour me farcir ma vie complète
Je ne la vis qu’ici et là, distrait, perclus.


10 Janvier 2018

dimanche 7 janvier 2018

Ein Wahlspruch unter anderen

    Freiheit! geht die Parole, und ihr wisst
Auch gleich, wie es gemeint ist, denn es gibt
Nur eine, die greift tapfer zu und frisst
Was man ihr vorwirft oder in den Rachen schiebt.

    Der Hunde Freiheit ist ihr Napf, mir freilich
Gibt das durchaus zu denken und ich denke
Mich tapfer frei, der Vorgang ist abscheulich
Muss wer mitansehn, wie ich mich verrenke.


    Gleichheit ist im Gesetz verankert und
Man findet Gleichheit selbst in der Natur:
Sich gleichen Samenstrang und Nabelschnur
Und gleich sind Milchkanal und Kinderschlund.

    Ich bin auch völlig gleich mit dem Geschwätz
Das in mir brodelt, und das gleicht den Lehren
Die ihr mich zwingt, mir wortlos anzuhören –
Gleichheit ist schließlich ein Naturgesetz.


    Brüderlichkeit sei auch, nicht wie bei Brüdern
Die sich am frischen Grab ums Erbe prügeln
Doch nach der Sangesbrüder Art, mit Liedern
Um klangvoll Differenzen wegzubügeln.

    So sollen alle Brüder sein, gleich jenen
Die dumpfe Eintracht üben im Verein
Nur nicht wie echte Brüder Brüder sein
Guten und Bösen, Hässlichen wie Schönen.


12. Oktober 2016 & 2. Januar 2018

samedi 6 janvier 2018

Sailors May Die on a Whim


1. Shipwreck

Dozens and dozens of dynasties ago
Caught in a tempest by the South China Sea
Swallowed up was a ship overladen with crockery.

Dozens and dozens of dynasties later
A calm sun glistening over the South China Sea
Treasure divers went down to retrieve the ancient chinaware

But not did they haul out of the depths the ship itself
Plundered empty, henceforth doomed
To forlorn dissolution.

In the case of a brimming vessel
The procedure seems acceptable, if lacking elegance;
I will spare you my take when it comes to the ambition of some
_____________________________________________men.

To end up ransacked, plain alone and
Abandoned to woe, destruction, ruin, and decay
In these people counts among glorious life’s eventualities.

As for their trove of objects of desire
A freight not utterly guiltless of the disaster
I, on my part, would prefer it left down in the dark.

Not only would that benefit the morale of the wreck
But above all, it would lead us to imagine that justice exists
And that we have laws valid even throughout times of ghastly
________________________________________turbulence.


2. A Riddle

The surface of the sea in fair weather
Could be compared to some
Dirty window pane.

The surface of the sea in storm
Is like while washing
The said pane.

When the storm is over
The surface comes
Dirty again.

Apparently, there is no function
To maritime climate
conditions.

Sailors
May die
On a whim.

[Wenn die Sonne aus einem bestimmten Winkel auf die Fensterscheiben trifft, erkennt man an den dann deutlich sichtbaren Schlieren, dass diese Fenster ungeputzt sind. Aufgrund ihrer Ostlage passiert das allerdings nur morgens, und da ich kein Frühaufsteher bin, weiß ich gemeinhin nichts von diesem Zustand meiner Fenster. Nur an wenigen Wintertagen tritt der Zeitpunkt meines Aufstehens mit jenem zusammen, an dem die Sonne noch in einem Winkel steht, der genannte Unreinlichkeiten sichtbar macht. Um die Jahreswende fällt mir dann plötzlich auf, dass ich hinter total verdreckten Scheiben lebe. Aber wer reißt in bitterer Kälte schon die Fenster auf um sie zu putzen? Wenn die Klimabedingungen wieder so sind, dass man es tun könnte, habe ich den Tatbestand längst vergessen.-
Ich schreibe Gedichte für die Schublade, wie man das nennt. Also Gedichte, die keiner drucken will, und die dadurch niemals in die Lage kommen, öffentlich das Licht der Welt zu erblicken und von Sonnenstrahlen getroffen zu werden. Sie sind gleichsam wie Fenster, die möglicherweise viele unklare, ja unappetitliche, Stellen aufweisen, aber keine Kritikersonne weist mich, ihren Schöpfer, darauf hin. Doch erreichte mich ein solcher Hinweis, wäre es garantiert ebenfalls im tiefsten Winter, also nicht in einem Augenblick, wo er mich zum Handeln bewegen könnte. Ich wüsste übrigens auch kaum, womit man schlierige Dichtwerke in völlig durchsichtige verwandelt.]

5. Januar 2018

mercredi 3 janvier 2018

Déchettologie


1. D’un naufrage

Il y a des siècles
En mer de Chine déchaînée
Fit naufrage un navire trop rempli de vaisselle.

Des siècles après
En mer de Chine très calme
Des plongeurs remontèrent la belle porcelaine

Le navire, lui, ils ne le remontèrent point.
Dépouillé, esseulé, il fut abandonné
À sa disparition définitive.

Dans le cas d’un moyen de transport surmené
Ce procédé me paraît acceptable quoique peu élégant ;
Je vous épargne mon avis quand il s’agit d’humanité ambitionnée.

Finir pillé, passablement seul
Et abandonné jusqu’à disparition définitive
Chez ces gens-là, est dans les éventualités existentielles.

En ce qui concerne les choses désirables
Chargement excessif coresponsable du naufrage
Personnellement, je préférerais les laisser au fond du trou.

Ceci ne profiterait pas seulement au moral de l’épave
Mais nous donnerait en outre l’impression que justice existe
Et qu’il y a même des régulations valables dans les pires tempêtes.


2. Attention à ce qu’on veut adopter

Un petit bout de truc avec un poisson dessiné dessus
Fut jeté à la mer, puis adopté par les sardines
Et intégré dans leur bel ensemble.

Quand l’essaim avançait, hardiment il avançait avec.
Quand l’essaim s’enfuyait, peureusement il s’enfuyait avec
Mais quand l’essaim s’alimentait, lui ne s’alimentait pas vraiment.

Vinrent des requins pour s’attaquer à l’ensemble.
Mangèrent toutes les sardines et mangèrent le déchet avec.
Si ça ne peut pas manger correctement, ça peut être mangé, ça
_____________________________________________oui.

C’est qu’il est tout en bas de la chaîne alimentaire.
Peut pas bouffer, le malheureux, mais peut être bouffé ;
Il faut prendre en pitié l’immangeable par nature, non par sort.

Disons-lui une messe, à notre frère
Une messe maritime comme pour les naufragés :
On n’est chez soi que lorsqu’on sait faire comme les autres.

[Quand vous jetez, n’oubliez pas que tout finira à la mer, et quand vous récupérez, n’oubliez pas que tout nous vient de la mer. Que l’on pille les épaves ou balance un truc dans la cuvette, n’oublions pas le sort scellé portant le beau nom de « mer ».
Avant, on mangeait et on chiait tranquilles. Avant, chacun habitait son île avec une destinée bien circonscrite, mais en incorporant la non-limite, notre destin commun est devenu fluctuant, tout dépend désormais de ce que le libre arbitre rejette et de ce qu’il récupère – et toujours en rapport avec la flotte qui entoure, immensité en fin de compte pas aussi immense que ça. Pas plus qu’un vulgaire seau d’eau qui ne nous semble au-dessus de nos moyens que lorsqu’on se sent dans l’obligation de l’avaler d’une traite.]


2 Janvier 2018