samedi 1 juin 2019

Dirges


i.

Au marché d’Iéna
Il y a les plus beaux poissons de Paris
Étalés avec goût sur leur lit de glace.
Ceci dit, ils sont bel et bien morts.
Dans la mer, leur beauté était celle, fuyante, du vivant ;
Ici, ils chatoient dans le temps, au gré de l’œil qui musarde.
Dans la mer, ils passaient ;
Ici, tu y passes.
Dans la mer, tout était fait pour qu’ils ne s’attardent pas ;
Ici, tout est fait pour que tu t’arrêtes :
Approchez-vous, voyez de près comme ils sont frais !
C’est qu’ils se sont laissé prendre, les imbéciles.

Et dire que la vie qui reste
Au mieux, ne peut être que rappel de la mer
Sur un lit de glace.


ii.

Oh nimble mother of despair
Firm father of poor hope:
How bitter smells the open air
When through dark night I grope.

This blindness is my last asset
A dizzy dance I dare.
Oh staunchness, make me not regret
You, mother of despair.

The spin of death in mouth and nose
Makes up for life and lust
Oh mother, don’t cavort round those
Who soothe by breaching trust.


iii.

Wenn ich nicht wüsste, wo sie liegt
Würd ich die liebe Heimat nicht mehr finden
Sie hält sich allzu gut versteckt
In dunklen Wald- und feuchten Wiesengründen;

Doch weil ichs aufzustöbern weiß
Mach ich zuweilen eine Stippvisite
Im Reiche der Gemütlichkeit
Nach altbewährter Emigrantensitte.

Ich bin ein fremder Gast im Reich
Und muss nun zahlen für das Übernachten
Und deshalb weiß ich auch, ich bleib
Nur immer kurze Zeit im Angedachten.


26. Mai 2019

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