vendredi 13 mai 2011

Je te félicite pour ton coup d’œil

Au bout d’environ trente ans, pour la première fois
Rattrapé par les contrôleurs de la RATP.
Trois stations un jeudi soir, pas la peine
De gaspiller un ticket. Voilà ce que je m’étais dit.
Puis je leur tombe dans les bras.
Avant, je les aurais vus de loin et évités, mais
Le quinquagénaire ne fait plus attention.
Ou alors moins de réflexes.
Toutefois, lorsque je suis retourné sur mes pas
C’était déjà trop tard.
Bien fait pour ma pomme.
L’adversaire était bien trop jeune.
Si l’on veut garder ses manières d’antan, il
Vaut mieux aussi avoir gardé ses yeux d’antan.

D’ailleurs, en ce qui concerne la vision :
« Je te félicite pour ton coup d’œil ! »
A-t-elle dit, la petite salope à côté du jeune gars
Qui avait repéré mon lamentable manège hors de forme.
Ça, dans le temps, on ne l’aurait jamais dit.
Belle époque. Ont-ils maintenant des quotas de prise
Avant de pouvoir aller se pieuter ?
Je n’en sais rien. Ce que je sais par contre, c’est que
Les contrôleurs ont toujours fait leur boulot ; seulement
Se féliciter à la face du client, cela ne se faisait pas.
C’est encore une chose qu’ils ne doivent pas savoir
La petite fasciste n’étant même pas née
Lorsque je me suis fait pincer pour la dernière fois.
L’oubli, l’éternelle misère du monde ;
L’expérience vaut bien les quarante roros.



Glückwunsch für dein Adlerauge

Nach etwa dreißig Jahren zum ersten Mal wieder
Von den Metrokontrolleuren erwischt.
Drei Stationen an einem Donnerstagabend, es lohnt nicht
Ein Kärtchen dafür zu vergeuden, hatte ich mir gesagt.
Und dann laufe ich denen regelrecht in die Arme.
Früher hätte ich sie schon von weitem erspäht und vermieden
Doch als Fünfziger passt man nicht mehr so auf
Oder hat einfach nicht mehr die Reflexe.
Als ich umkehren wollte, war es jedenfalls zu spät.
Recht geschieht mir.
Der Gegner war um so vieles zu jung.
Wer seine alten Sitten beibehalten möchte
Sollte besser auch seine alten Augen besitzen.

A propos Sehschärfe:
„Glückwunsch für dein Adlerauge!“ hat die
Kleine Arschkuh gesagt, die neben dem Jüngling stand
Der meinen halbherzigen Versuch, mich doch noch
Unsichtbar zu machen, energisch vereitelt hatte.
Früher hätte das niemand gesagt.
Herrliche Zeiten. Haben die nun auch Fangquoten
Bevor sie ins Bett dürfen? Keine Ahnung.
Allerdings weiß ich, dass die Kontrolleure auch damals
Ihren Job machten; nur: sich im Angesicht des Kunden
Beglückwünschen, das fiel keinem von ihnen ein.
Noch etwas, das sie nicht mehr wissen dürften, dieses
Faschistische Gör war ja noch nicht einmal geboren
Als ich zum letzten Mal ertappt wurde.
Das Vergessen, das ewige Elend der Welt.
Die Erfahrung ist ihre vierzig Mäuse wert.


13. Mai 2011

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