Wandere mit diesem lieben kleinen Hund, den man mir
Ausgeliehen hat, durch diesen lieben kleinen Wald
Den man mir auch ausgeliehen hat, und wo
Neuer Frühling auszuschlagen beginnt
Und über all dem Beginnenden ein
Pechschwarzer Muezzin weit oben vom
Forchenminarett zum hellen Amsel-‘Asr anhält:
Schau an, welch alte Ergriffenheit in solchem Wäldchen
In dem seit über dreißig Jahren ich nicht mehr gewandert bin.
Zwar lange her, und doch gelingt es mir nicht
Mit neuen, fremden Augen zu sehen, mit den Augen
Beispielsweise des von Natur verblüfften Eingewanderten
Der ich geworden sein sollte; Wissen ist freilich zu verwurzelt
Und dieses Wäldchen muss immer bei mir gewesen sein, scheint es
Gleich der Muttersprache unnehmbar, herumgeschlepptes Wissen
Und ob nun Rückkehr oder nicht, alt oder neu: Allzu viel und
Doch zu wenig ist in der Zwischenzeit geschehen, und so
Will ich nur schnellstmöglich wieder weg, Himmel, ja
Bloß weg von hier – wie vor über dreißig Jahren.
Un savoir trimballé
Bien qu’il ne s’agisse nullement d’un retour en arrière, je
Me promène avec ce cher petit chien qu’on m’a prêté
À travers cette chère petite forêt, également prêtée
Où un nouveau printemps se met à bourgeonner
Et parmi toutes ces prémices, du haut
D’un minaret conifère, un muezzin de jais
En appelle, enjoué, à la prière du merle : Dis
Donc, quelle vieille émotion dans un tel bosquet
Que depuis plus de trente ans je n’ai plus parcouru.
Bien longtemps, et pourtant je n’arrive pas
À voir avec des yeux neufs, ceux par exemple
De l’immigré, époustouflé par nature, que j’aurais
Dû devenir ; le savoir est bien trop enraciné, et cette
Petite forêt a dû rester avec moi depuis toujours, paraît-il
À l’instar de la langue maternelle imprenable, un savoir trimballé
Et qu’il s’agisse d’un retour ou pas, du vieux ou du neuf : trop
Et en même temps pas assez s’est passé entre-temps, et c’est
Pourquoi je n’ai que l’envie de me barrer, ciel, hors d’ici
Vite – exactement comme il y a plus de trente ans.
Me promène avec ce cher petit chien qu’on m’a prêté
À travers cette chère petite forêt, également prêtée
Où un nouveau printemps se met à bourgeonner
Et parmi toutes ces prémices, du haut
D’un minaret conifère, un muezzin de jais
En appelle, enjoué, à la prière du merle : Dis
Donc, quelle vieille émotion dans un tel bosquet
Que depuis plus de trente ans je n’ai plus parcouru.
Bien longtemps, et pourtant je n’arrive pas
À voir avec des yeux neufs, ceux par exemple
De l’immigré, époustouflé par nature, que j’aurais
Dû devenir ; le savoir est bien trop enraciné, et cette
Petite forêt a dû rester avec moi depuis toujours, paraît-il
À l’instar de la langue maternelle imprenable, un savoir trimballé
Et qu’il s’agisse d’un retour ou pas, du vieux ou du neuf : trop
Et en même temps pas assez s’est passé entre-temps, et c’est
Pourquoi je n’ai que l’envie de me barrer, ciel, hors d’ici
Vite – exactement comme il y a plus de trente ans.
13 Avril 2015
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