mardi 30 juin 2015

Großes Rätsel

Jemand sitzt in einem vergitterten Raum.
Alles vergittert. Alles.
Wie ist er nur hineingekommen?
Es muss ihm doch jemand geöffnet haben.
Jene vergitterte Tür.
Jetzt sitzt er da wie das Segelschiff in seiner Pulle.

Man fragt sich zwar, wie er es geschafft hat
Aber er passt hinein. So perfekt
Als sei er dort geboren, hineingeboren wie die Williamsbirne.

Glas oder Gitterstäbe –
Was das Lebendige dahinter hält
Ist einzig und allein, dass es nicht hindurchkommt.
Diese Binsenweisheit löst aber keineswegs das Problem
Dass es durch sie auch nicht hineinkommt
Und zuweilen dennoch dahinter ist.

Es ist ein arg gewitzter Helfer
Der das zustande bringt.
Von selbst schafft man es nicht.
Von selbst schafft man nur das Unglücklichsein.



Grande énigme

Celui-là est dans un pièce grillagée.
Grillagée partout. Partout.
Comment donc a-t-il pu y entrer?
C’est que quelqu’un a dû lui ouvrir.
Cette porte grillagée.
Maintenant, il fait le voilier dans sa bouteille.

Si l’on se demande bien comment il a pu faire
Il y semble tellement à sa place
Qu’on le dirait né dedans, comme une poire Williams.

Du verre ou du grillage –
Ce qui retient le vivant derrière
C’est uniquement qu’il ne saurait passer à travers.
Ceci dit, il y a toujours le problème
Qu’il ne passe pas non plus de l’autre côté
Et pourtant s’y trouve parfois prisonnier.

Doit être par trop malin
Celui qui aide à réussir un tel coup.
Tout seul, on n’y arriverait pas.
Tout seul, on n’arrive qu’à être malheureux.

28 Juin 2015

lundi 29 juin 2015

Verwilderte Gärten

Verwilderte Gärten
Oder romantisch zugewachsene Grabstätten
Haben in Deutschland nur in Gedichten ihren Platz;
In der Wirklichkeit
Kommt ein Brief von der Stadt- oder Friedhofsverwaltung
Und es muss gerichtet werden.

Dass wegen eines krumm eingesunkenen alten Steines
Mit der Zwangsauflösung des Grabs aufgrund von Ungepflegtheit
_____________________________________  gedroht wird
– der Fachausdruck ist „Abräumen“ –
Allein diese Tatsache
Lässt des Landes historische Flächenbombardierung
In durchaus milderem Lichte erscheinen.

Was man will, das bekommt man auch.

28. Juni 2015

dimanche 28 juin 2015

Tugenden


i. Was erhält und was zerstört

Lieblos waltende Gestalten
Wollen ihm sein Glück erhalten
Wesen, die das Herz betören
Wollen dieses Glück zerstören.

Warum ist das so, warum
Ist es denn nicht andersrum?
Vielleicht fehlt an seinem Glück
Einfach noch ein kleines Stück.


ii. Was hilft

Gut ist es zu gehen.
Hat einer genug, kann er sich davonmachen.
Nichts mehr sagen, sich wortlos abseilen.
Jedoch würdigen Ganges, nicht etwa
Zetermordio schreiend flüchten.

Gut ist auch zu stehen.
Allem Druck zu widerstehen. Wortlos. Beharrend.
Hier stehe ich, ihr Armleuchter, ich wenigstens
Kann nicht anders; und wer eben auch nicht
Anders mag können, der stehe mir bei.

Das Beste aber ist zu flehen.
Gelobt seien stürzende Tränen, seien ringende Hände;
Denn es sind die vom Leid geplagten Wortreichen
Sowie die zungenfertig ihr Leid Klagenden
Denen die Glorie winkt.

Gehen ist gut, stehen ist gut
Wer aber gar zu flehen versteht
Der hat in dieser Welt von Unbarmherzigkeit
Den Weg zur Glorie beschritten.
Ja, so edel geht es dann doch auch wieder in ihr zu.


iii. Ce qu’il en est


Les vertus de l’enfance
Ne sont pas les vertus de l’âge adulte
Ne sont pas les vertus du grand âge

Mais ce n’est pas ton âge que tu as
Mais celui de tes vertus.


25 Juin 2015

jeudi 25 juin 2015

Délestage

En perdant un peu de poids
Je me suis amusé à remonter cette pente
Qui veut que je m’alourdis
Tout en glissant vers l’état final, squelettique.

Entre le mouvement réversible
Et l’irréversible
Je me suis donc un peu amusé. Oui, un peu, sans
Grand espoir, en lâchant quelque lest.

Allégé glisserai-je moins vite
Et sera-t-il moins choquant, le contraste
Entre le futur moribond trop en chair
Et son cadavre rongé ?

On n’en est pas à un paradoxe près
Et je me suis donc amusé avec moi-même
M’acharnant péniblement contre ce qui m’attend.
Mais, rassurez-vous, le résultat des efforts était minime.

24 Juin 2015

mercredi 24 juin 2015

Schatten

Man hat partout den Schatten bemüht
Als ob es ein Schatten wäre
Wer einen vom Licht in die Dunkelheit zieht
Und vom Leichten ins Schwere.

Mein Schatten zeigt mir keinen Weg
Er fängt nur an bei mir
Denn steht mir eine Wand im Weg
Strebt er hoch an ihr.

Und gibt er so die Richtung an
Verhöhnt er mich zugleich.
Hinweg, du hämischer Schattenmann
In das Schattenreich!

23. Juni 2015

samedi 6 juin 2015

Parfois, je me demande


1. Nuit de fièvre

C’est une créature qui a le feu au derrière.
Je l’ai touchée et je peux te l’assurer :
Elle a le cul en feu.

C’est qu’elle a dû prendre un sacré coup de froid.
Si je continue à l’avoir aussi près de moi, cette
Créature tellement chaude

Je finirai comme elle.
Alors nous serons deux à avoir le feu au derrière
Et plus vraiment envie de nous amuser.

Parfois, je ne comprends rien à nos façons de parler.


2. L’intelligence d’en rire

Il y a des gens aux rires importants.
Ils ont peut-être de très grandes bouches
Et quand ils rient, bruyamment, cela va de soi.

Ce peuvent être des personnes fort intelligentes
Qui ne rient que de circonstances
Risibles aux yeux des personnes fort intelligentes

Mais leurs éclats habillent comme un uniforme :
En s’esclaffant, ils se mettent à ressembler aux autres
Y compris les imbéciles que font se gondoler les pires bêtises.

Oui, la vie même se rapproche de la bêtise
Une fois devenue cause de risée ;
Le rire, à l’instar de la mort, efface donc les distinctions.

Alors, comment faire si l’on trouve une chose cocasse
Et qu’on a peut-être une très grande bouche
Tout en étant terriblement intelligent ?

Parfois, le rire trompe son monde, et je suis gentil, là.


3. Un cas d’empathie instinctive

J’ai recommencé à me taper un classique moderne
Et au chapitre 3 déjà, j’étais repris par mon ancienne fatigue ;
J’en avais, me semblait-il, assez lu.

C’est comme ça, moi et la grande littérature :
Ne la prenant pas pour un pensum
Quand je sature, je referme et repose.

Peu d’ouvrages ont tenu jusqu’à la dernière page
Et pourtant, je les chéris, tous ;
Je ne méprise point l’œuvre que je rechigne à finir

Car j’admire l’effort de l’avoir écrite
Certes autant que mon envie, vaine, réitérée
D’en venir à bout avant qu’elle ne me tombe des mains.

C’est que le temps ici-bas est compté
Et l’auteur et moi – voilà le véritable miracle –
Ayant fait quelque peu connaissance, on se comprend sans mots.

Seulement, parfois, je me demande à quoi ça sert.


24 Mai / 5 Juin 2015