dimanche 14 mai 2017
Testament et nénie
i.
L’an soixantième de mon âge
Ne restait plus rien de ma rage
Ne restait rien de ma sagesse
Venue prudence, la vilaine.
De mon âge, à la soixantaine
Une fois consommée la haine
N’était restée que gentillesse
Oui, gentillesse, la traîtresse.
Ladite soixantaine atteinte
Et toujours entre espoir et crainte :
Espoir à la raison partie
Crainte sans plus de compagnie.
D’amis n’ai plus aucune trace ;
La soixantaine semble grâce
La solitude semble sainte
Mais sainte sans sa tromperie.
– Que veux-tu donc que l’on y fasse ?
Le jour s’en va, tournez la page
La nuit s’étend, dite est la messe.
N’as-tu rien dans ton bas de laine ?
– Ma prévoyance, rien que feinte :
Dissipées, mes économies
Et sans savoir par quel usage
L’an soixantième de mon âge.
ii.
Une sorte de bonheur doit aussi mourir
Avec l’insouciance.
Mais, insouciant, le bonheur n’était-il pas la nasse
Dans laquelle les dieux s’amusent à perdre les hommes ?
La perte de l’insouciance est peut-être le début d’un bonheur
__________________________________________autre ;
Celui-ci, se sachant menacé, sauvant l’homme
De l’irresponsabilité du dieu poseur de pièges.
Les funérailles du premier de ses bonheurs
Peuvent alors devenir une fête pour l’homme
Qui s’y connaît en fêtes mortuaires.
Sous les soucis plus responsable que ses dieux
Il peut ainsi en devenir l’égal en ruse et toute-puissance.
13 Mai 2017
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