i.
Je me suis rebâti mon petit bonheur de bureau au dernier étage.
Plus haut que large, il dispose d’un peu de lumière zénithale
Et j’y trône comme au bois, au milieu du feuillage.
Dans mon affût perché, je guette
Le passage du gibier, lourd et même léger
En essayant durement de ne pas m’endormir avant.
Si l’attente du chasseur en forêt nominale est lassante
Et si l’assoupissement du poète s’avère d’un secours certain
L’éveil plutôt difficile reste un devoir moral.
ii.
Je ne sais pas pêcher
J’attends comme l’ours que le saumon monte
Puis, incapable de ruser, je tape en direction de son image.
Mue par ma patte pataude, l’eau gicle fabuleusement
Tandis que le poisson d’habitude s’en réchappe ;
Seulement quand il est encore plus malchanceux que moi
Par le plus pur des hasards, je l’attrape.
Le fait rare peut suffire pour se sustenter
Mais emmerdé avec ma proie, je me demande
Ce qu’il foutait là, enfin, ce sac d’arêtes.
Étant donné nos déveines
Lui, il aurait dû rester au large
Et moi, à l’étroit en faisant l’ours.
iii.
La nature qui m’entoure n’est pas celle qui influe sur moi
La seule en mesure de le faire, c’est mon intérieure.
Or, cette intérieure est moins une vraie nature
Que le produit de mon imagination.
Je me prolonge donc par une sorte d’autofécondation artificielle.
Le résultat de cette horreur paraît pourtant tout naturel ;
L’intérieur serait-il identique à ce qui m’entoure ?
La ressemblance est toutefois frappante.
iv.
Les traditions, vaut mieux s’en passer
Sinon, ça t’englue et même que ça te rabote
Et il faut rester sec et rugueux, dit le traditionaliste.
24 Mars 2024
lundi 25 mars 2024
Chasse, pêche, nature et traditions
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