mercredi 25 mars 2015

Ritournelle

Peut-être faut-il retourner
Dans des temps gris
Pour réapprendre ce qu’est voir.
Au paradis

Qu’on s’est depuis peinturluré
Avec entrain
L’œil débordé, bête affolée
Ne voit plus rien

Et moi, public d’un numéro
De trapéziste
J’acclame le danger, pas l’art
Haut sur la piste.

Or, arrivant à oublier
Cime et abîme
On va toujours me reprocher
Mon peu d’estime.

Peut-être faut-il retourner
Au paradis
Pour réapprendre ce qu’est voir
Dans des temps gris.

24 Mars 2015

samedi 14 mars 2015

Uralte Sommernächte

„Der kühle Abendwind, von dem doch alle profitieren
Das bisschen Gratisgabe Natur
Wenn sie könnten, würden sie den auch noch kommerzialisieren
Noch können sie nicht, aber wartet nur.“

So sprachen wir, und laue Lüfte strichen
Um uns, die wir so heftig aufbegehrten.
Der Mond stieg flimmernd auf, die Lasten wichen
Während sich ringsum dunkle Schatten mehrten.

Es scheint, der Fortschritt geht in diese Richtung.
Wir hatten damals nur dafür kein Ohr:
Das Sommernachtgespräch, der Wert von Dichtung –
Es kam uns alles unbezahlbar vor.

So sprachen wir, doch ohne zu erkennen
Wie recht wir damit hatten, ja
Wir redeten ins Leere noch beim Benennen
Der Fakten, denn diese Fakten – sie waren schon da.

Doch wir, in Gärten sitzend wie gewöhnlich
Wussten noch nicht, dass auch die Sommernacht
Einer bezahlen muss, bezahlt werden muss nämlich
Noch, dass man in ihr Weltenpläne macht.

13. März 2015

vendredi 13 mars 2015

Vom Kriege

Auf dem Weg in die Stadt
Komme ich an den vor sich hin welkenden Blumensträußen vorbei
Und an den vielen ausgegangenen Lichtlein
Und stelle vielleicht noch eines dazu
Und versuche, es anzuzünden
Blicke hinüber zu den beiden Soldätchen
Die sich hinter der Sperre brav die Beine vertreten
Und sage mir:

Der Frieden ist dem Krieg
Weiß der Himmel vorzuziehen
Doch allzu langer Frieden verkrustet, ja er
Verkrüppelt auch – auf seine Weise – und
Sieht man genauer hin, erkennt man die Verwüstungen.
Ich wünschte mir einen neuen Frieden, einen ganz jungen
Mit den belebenden Zügen eines unmittelbaren Nachkriegs
Eines Friedens derer, die noch einmal davongekommen sind –
Doch der ist auf die Dauer nicht zu haben.

So ähnelt lange währender Frieden
Trotz allem immer mehr einem Krieg, es ist
Immer mehr Krieg in diesem Frieden, immer mehr Tod
– Und nicht einmal besonders verborgen;
Solcher Frieden wird allmählich zum Friedhofsfrieden
Ist am Ende kaum mehr etwas wert
Und verdient seinen Namen nicht mehr.
Wenn es so weitergeht, sage ich mir, wird demnächst
Auch hier wieder richtiger Krieg ausbrechen
Wir sind jedenfalls auf dem besten Weg
Von diesem Frieden in jenen Krieg
Und die Blumensträuße, Lichtlein und gelangweilten Soldätchen
Können es leider nicht aufhalten
Denn es ist ja die Luft selbst
Die Krieg wieder einmal als Lösung erscheinen lässt.

Und dann schaue ich nochmals hinüber zu den beiden
Die sich hinter der Sperre brav die Beine vertreten
Und wie zur Antwort müde die Köpfe sinken lassen.


De la guerre

En allant en ville
Je longe toute cette masse de bouquets qui, peu à peu, se fanent
Et ce tas de bougies éteintes
Et j’y pose peut-être une de plus
Et j’essaie de l’allumer, puis
Je jette un œil en direction des deux troufions
Qui, derrière la barrière, font gentiment les cent pas
Et je me dis :

Le ciel sait comme la paix
Est préférable à la guerre
Mais une paix qui dure trop finit par encroûter, oui
Elle estropie aussi – à sa manière – et
Si on regarde bien on en aperçoit les dommages.
Moi, je souhaiterais une paix nouvelle, toute jeune
Aux traits vivifiés d’une immédiate après-guerre
La paix de ceux qui ont survécu de justesse ;
Or, cette paix n’est pas possible à la longue.

Ainsi, une paix qui a duré trop longtemps
Ressemble malgré tout de plus en plus à une guerre
Il y a de plus en plus de guerre en elle, de guerre et de mort
– Et même pas tellement cachées ;
Une telle paix, devenue paix de cimetière
Ne vaut alors plus grand-chose
Et ne mérite plus son nom.
Si ça continue ainsi, me dis-je, il y aura
Bientôt une nouvelle guerre véritable
Nous sommes, en tout cas, sur le chemin
De cette paix-ci vers cette guerre-là
Et les bouquets, bougies et troufions ennuyés
Hélas, ne pourront pas l’empêcher
Parce que c’est l’air même
Qui, une fois de plus, fait penser à la guerre comme solution.

Puis je lance encore un regard par-dessus la barrière
Où les deux font gentiment les cent pas
Et, fatigués, me répondent en baissant la tête.


11 Mars 2015

lundi 9 mars 2015

Point de retour

Même en me vautrant dans des images
Venues du fond des âges, de notre plus belle époque
Je suis incapable d’en retrouver l’esprit.
Je le ressens et j’en suis émerveillé, je le retrouve
Et pourtant, je ne le retrouve pas.
Mais il y a plus que cela que je retrouve sans le retrouver.

Il y a l’ami infidèle
Auquel je ne puis m’adresser que de la manière suivante :

Quelle chance qu’on ne se fréquente plus –
Tu n’es plus beau.
Comme ça, il te reste ta jeunesse
Lorsque par hasard tu me viens à l’esprit.
Quelle chance que tu n’aies pas voulu rester mon ami –
Amis, on se verrait, et à force d’être ensemble
Il m’aurait peut-être échappé comme tu as vieilli
Mais puisqu’on ne se rencontre presque plus jamais
Les rares fois que je tombe sur toi, cette vérité me frappe :
Tu t’es fané, rabougri, recroquevillé comme un
Pruneau dans cette peau autrefois éclatante
Qui, enfin, correspond à ta sécheresse de toujours
Et je suis heureux que tu repartes bien vite
Pour redevenir le beau jeune homme auquel je pardonne tout.
Avec encore un peu plus de chance, on ne se reverra plus jamais
Et ta chair finira par tomber toute seule.
T’as bien fait d’être un ami infidèle.

Voilà ce qui se passe
Lorsque, venant du fond des âges
On retrouve même la jeunesse
Quand on s’y retrouve en face
Et qu’on ne la retrouve plus.

6 Mars 2015

mercredi 4 mars 2015

De bons vieux amis, suite

Bizarre d’être invité chez des amis de trente ans
Et d’être en fin de compte comme chez des gens.
Peut-être toujours un peu moins de formalité
Mais désormais des propos comme chez les gens.
Du quant-à-soi, comme chez les gens.
De la tenue, comme chez les gens.
Décidément de la pose.

Ça doit être l’âge, me dis-je, la normalisation de l’âge.
L’âge n’est pas un naufrage –
Vieillir c’est la normalité –
Le naufrage c’est le normal.

Mais j’ignore si on l’a oublié entre-temps
Ou si on a fini par l’accepter.
N’osant plus poser ce genre de question
J’ignore donc si je me trouve brusquement
Face à la sagesse.

17 Février 2015

mardi 3 mars 2015

Area lata

Was soll denn groß ein Heimweg sein?
Wo führt er denn schon hin?
Ins eigne Nest, wo ich mit mir
Wieder nicht einig bin.

Was sollte schon der Fluchtweg sein?
Hinweg in fremde Welten?
Der geht dahin, wo doch auch nur
Dieselben Regeln gelten.

Die Regeln sind mir längst bekannt:
Diktat der Einigkeit.
Im engen Nest, der weiten Welt
Wartet derselbe Streit.

Weich ich dem Streiten zwar nicht aus
Will nur nicht einig werden
Sind alle Weg und Steg versperrt
Im Himmel und auf Erden.

3. März 2015