vendredi 22 décembre 2017

Hey Look a Squirrel

Le cul sur une image m’intéresse presque plus qu’un cul en réalité. Peint, dessiné ou photographié, il est facilement nu, car les artistes semblent savoir ce que je veux ; puis, en général, ils se débrouillent pour me le montrer sous un angle particulièrement favorable. C’est tout à fait étonnant comme ces inconnus devancent mes désirs. Leurs images ayant été faites bien avant que je les ai vues, on pourrait parler de science infuse chez ceux qui représentent cette partie du corps qui, dans la réalité crue, se révèle le plus souvent pas mal banale. C’est que, dans la vraie vie, ce ne sont pas les artistes qui l’exhibent le cas échéant mais – nuance ! – leurs modèles en personne. C’est-à-dire n’importe qui voulant bien s’y prêter. 
Pourquoi donc suis-je dans une telle disposition dès que, venu de nulle part, un simple fessier dans le plus simple appareil s’affiche simplement sur une image et que, parfois, un simple trait suffit pour me l’évoquer ? Cette simplicité plurielle est le grand mystère de l’art – sa promesse comme on dit en marketing – rendant le choc, la distraction pour ainsi dire, instantané. Elle me fait penser à la rusticité du facétieux qui au milieu d’une discussion très sérieuse s’écrie : « Tiens, un écureuil ! » avec l’effet garanti que tous les regards se tournent aussitôt vers la fenêtre. 
En vérité, si l’écureuil se montre, ceci est hélas toujours dans l’ordre des choses. Qui, dans la triste réalité, aurait déjà vu ce rongeur arboricole grimpant, disons, l’obélisque place de la Concorde ? Et à quoi bon ? Uniquement dans l’œuvre d’art l’incongru est vraisemblable, et alors gage d’un inéluctable intérêt. L’obélisque en question signifiant tellement plus que la simple concorde, le cul, lui, peut devenir l’écureuil de l’existence.


Ein Findling unter finstern Fichten lag
Man hätte grad gemeint: ein Unterleib
Ins Moos gebettet, nackt seit Jahr und Tag
Allein für Fuchs und Has zum Zeitvertreib.

Ich kam dumm hergewandert, aber fand
Den Findling, ei, so glitzernd, glatt und rund
Strich schüchtern über ihn mit warmer Hand
Und küsste ihn erkühnt mit heißem Mund

Vor dem nicht ungetrübten Weitergehn –
Es war ja bloß ein starres Stück Natur
Wenn auch so zugänglich dem Missverstehn
Wie sonst geliebte Unterleiber nur.

Wärst du, begehrtes Fleisch, doch auch so kalt
Wie dieses alte, kalte, tote Stück
Glitzernd in einem finstern Fichtenwald:
Es gäb für uns kein Vor und kein Zurück.

Doch wärmer noch als meine Hand bist du
Noch heißer als mein Mund auf kaltem Stein
Und lässt mich, willig, denken immerzu:
Du warst nicht, bist nur, und wirst nicht mehr sein.


21. Dezember 2017

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