mardi 14 décembre 2021
Réflexions
Hélas, ça ne dure pas plus que quelques secondes.
Aussi brusquement tu redisparais – parce que j’ai réfléchi.
Avant, réfléchir ou pas ne changeait rien à ta présence.
Comment vivre de ces quelques secondes ?
En fait, je ne puis.
Alors, comment faire pour ne plus réfléchir ?
C’est simple : je dois te rejoindre.
Sinon, rien à faire.
Réflexion faite, cette solution n’en est pas une.
C’est au mieux une demi-solution ;
Va savoir pourquoi.
Enfin, il suffit de réfléchir un petit peu :
Tout compte fait, on ne peut vivre
Que de brusques apparitions.
Mais, ça te transforme en quoi ?
9 Décembre 2021
vendredi 10 décembre 2021
Si ce n’était pas comme ça
Rien de ce que je fais ne compte. Ce qui compte est fait par ceux qui comptent. J’ai pensé pouvoir mettre la charrue devant les bœufs, et d’une certaine façon, je le pense encore. Mon absence de vie ne me désole pourtant pas ; ce qui me désole est ton absence à toi, l’absence de la beauté.
Mais si j’affirme que je vis désormais sans baume sur mes blessures, il ne faut pas en déduire que je te réduis à une quelconque fonction : la consolation n’est jamais autre chose qu’un effet corollaire d’une présence qui existerait aussi sans moi, tel celui de la beauté qui fleurit pour elle-même. Seulement, on s’était rencontrés.
i.
Der Nachtwind ist besonders erschütternd
Denn man sieht ihn ja nicht. Am Tag
Sieht man den Wind wenigstens.
ii.
Ich bin immer viel besser, wenn es mir gut geht ;
Bin ich nicht so gut, geht es mir schlechter.
Gehen und sein scheint austauschbar.
iii.
Wenn ich etwas höre, das mir missfällt
Anstatt mir zu wünschen, dass es mir gefalle
Wünsche ich doch nur, es nicht gehört zu haben.
iv.
Ich lebe ohne teilzuhaben.
Sollte das Teilhaben das Leben sein
Täusche ich mich, wenn ich zu leben glaube.
v.
Nicht teilzuhaben ist eine Freude.
Es ist sicherlich die traurigste Freude
Die ein Mensch sich selbst machen kann.
24. Juli 2020 & 8. Dezember 2021
mercredi 8 décembre 2021
Visites
Sa tombe, mes visites, et pourtant je fais comme si.
Je cours au cimetière comme si l’éternité n’existait pas
N’oubliant aucune des dates.
Qui, pour elle, doivent se confondre –
En un seul jour, une seule nuit, je n’en sais rien.
C’est que je ne sais même pas si pour moi
Ce sont des jours ou des nuits
Qui se suivent.
Tout ce qui me reste à faire
C’est de n’oublier aucune des dates
Qui, sans elle, sont devenues sans importance.
5 Décembre 2021
vendredi 3 décembre 2021
Qinoth
i.
Les choses inutiles que je garde
Ne sont pas superflues, car elles
Calfeutrent mon âme, rembourrent
Celle qui sinon serait exposée aux
Mauvais coups comme l’est le corps.
Mais à l’instar de toute armure
Elles m’étouffent aussi
Elles restreignent aussi ma vue.
Je ne sais plus comment m’habiller
Pour être paré au combat.
ii.
Une bougie
T’évoque bien plus sûrement, et bien plus profondément
Qu’une photo.
Son secours reste maigre.
iii.
Aucune douceur.
Rien de plus long que le temps volé :
Ils s’étire sans grâce.
Je dors seul, et maintenant à l’ombre d’un escalier.
Illimité dans la durée, le deuil devient
Une matière qui me recouvre de ses bulles
Qui n’est pas blindage, et pas même protection
Mais m’isole
En un exil sans bienveillance
Comme le ferait une mer septentrionale, constamment démontée.
21 Novembre & 3 Décembre 2021