jeudi 21 avril 2016

De la terreur

Job 20, 4-5

[C’était le moment. Comme chaque année j’ai changé de terre et resemé mes graines. Je prends des mélanges, sans savoir ce qui en sortira. Actuellement, ça a déjà un peu poussé, mais les petites feuilles sont encore toutes pareilles. Donc vraiment pas moyen de prévoir ce que j’aurai. J’ignore s’il y a des fleurs qui se distinguent dès qu’elles sortent de terre ; les miennes pas. Ou à peine. Mais je sais déjà qu’il y a parmi elles des plus fortes et des plus faibles. Quand elles seront plus grandes, une espèce de lutte pour la survie commencera. Les plus fortes terroriseront les plus faibles. C’est assez ridicule, des fleurs qui en terrorisent d’autres, mais c’est comme ça. Alors, je serai encore obligé de sévir : c’est moi qui arracherai quelques-unes des plus terrorisantes pour qu’elles n’envahissent pas tout le bac en étouffant les autres. Elles ne savent pas encore que la terreur ne paye pas, parce qu’il y a un jardinier qui surveille. Un jardinier amateur avec une idée plutôt floue, mais quand même une idée derrière la tête. Et cette terreur-là est la plus efficace en l’occurrence. Car elle s’abat pour la bonne cause. Je n’admets pas le darwinisme floral sur mon balcon, je corrige, tout comme l’État-providence qui corrige, lui, parmi les hommes, et également au service des plus faibles. La terreur qui protège, c’est moins ridicule que la terreur entre fleurs. On ne peut simplement pas laisser faire la nature, le résultat serait toujours le même, horrible, on ne veut pas de ça. Donc, sans merci, il faut rebattre les cartes. On est trop naturellement terroriste, nous. C’est les idées floues qu’on a derrière la tête. Sans elles, où irait le monde ?]


The fighting flowers in my trough
Don’t know there is someone above:
A heart that cares for big and small
A hand to terrorize them all.

Some of those darlings got to pay
Some others get away with it.
Who’d ever judge that anyway
Once pushing up the daisies’ pit?

There is some force in any floret
There is some strife in any clod
In every verdict plots a god
For his own grave, hate or adore it.


21 Avril 2016

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