1. Enfance
Lentement, les petits garçons deviennent des hommes. Petits garçons, il leur arrive de criailler lorsqu’ils jouent ; devenus grands, ils font toujours joujou, mais ont cessé de criailler. Du progrès, dirait-on ? Moi, je me désole de ne plus vous entendre lancer vos petits cris haut perchés, elle n’est pas naturelle, cette agitation muette. Eh bien non, le bourdon ne remplacera jamais les aigus.
There is very much shrieking when they play.
So there is reason to believe
That their shrieking matters more than their playing.
Sure, grown-ups do it silently. In the long run only the play
_________________________________________matters
And this is not progress.
2. Jeunesse
Avant, bien sûr, le jeune était moins jeune. Il était nettement plus mûr, avait des cheveux longs et plutôt sales, et s’il se laissait manipuler, c’était par d’autres jeunes, pas par des producteurs de teen movies proprets. Les producteurs de l’époque étaient le plus souvent chauves et cyniques, mais à l’instar de la lutte contre la saleté, la lutte contre la calvitie a fait d’énormes progrès, et il faut constater que les vieux qui, de nos jours, manipulent ces jeunes trop propres et ingénus sont, eux aussi, devenus plus jeunes et ingénus, hygiène et chevelure aidant. Par bonheur, l’équilibre est préservé.
When I saw the lights first, they were flickering.
Now that I know them a little better, I have
Learned that constant flickering
Might be the the most constant thing
This life’s lights ever can produce.
3. Maturité
Une espèce de déchéance, en effet, a atteint les organes. S’emparant de votre joie, rassurant en somme.
Having a safe meal
Having a safe evening
Having a safe everything, say, in front of your TV set
Isn’t simply an achievement of a lifetime, it is
The greatest achievement of humanity.
Becoming that rich in safety
Was incredibly difficult, the right to feel bored
Wasn’t granted, it was bitterly fought for:
All this ruin and destruction, everywhere, even
In front of your place, the unsure street – all those horrible
Wars, waged only to have you safely nodding off in front of your
___________________________________________TV set.
4. Vieillesse
Je passe moins de temps dans mon lit, et pourtant, la vieillesse arrive. Elle est debout, la vieillesse, debout sur ses jambes de plus en plus chancelantes. Quelle revanche ! Mais puisqu’elle finira quand même couchée, peut-être rien qu’une ruse. Revanche ou ruse – quand tu le sauras, ce sera trop tard. En attendant, le lit, de bonne heure désert, se repose un peu. Et moi, qui vois la chambre déjà illuminée de cierges, quasiment effréné, si le mot n’est pas trop fort.
– Et t’en fais quoi, de tous ces petits matins passés éveillé ?
Oh, pas la peine d’en parler. Je m’efforce de rattraper. De rattraper et de retrouver ce que j'ai égaré la veille.
– Et t’en fais quoi, de tous ces petits matins passés éveillé ?
Oh, pas la peine d’en parler. Je m’efforce de rattraper. De rattraper et de retrouver ce que j'ai égaré la veille.
In wintertime
The days start with a freeze.
Out of bed, freezing.
Then the body gets used to it
Or the wisdom of radiators edges in.
But the moment of truth is always preceding.
Winter’s freezing leads you all through.
It is a gift to your bones, you know.
December 6, 2016
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