dimanche 28 janvier 2018

Light and Shade, Politically Speaking

[Le grand soir tombe. Rien n’a été gagné, tout juste un petit changement de perspective, un retournement dans le plume, en somme. Au lieu de manifester pour la « liberté », on s’époumone pour plus de retenue. Liberté remplacée par retenue, l’époque est à la sagesse mais, une fois de plus, se déchaîne : sûr de soi, en surnombre, ça cherche toujours la castagne.
Victime de trop de liberté, passe encore ; mis en pièces par des bacchantes en folie, quel délice. Mais là, tout le monde comme infirme, tout le monde se remuant comme de pauvres alités afin de s’éviter des escarres...
et furieux avec ça ! Je me sens comme l’amoureux éconduit d’une belle laideronne. La sensation est ambiguë, fascinante.
Libéré d’un carcan, voilà quant au triomphe de la retenue. Exiger le souhaitable, l’humain, l’indispensable même, j’aurais dû y penser avant. Du temps que l’on savait encore où l’on en était : certainement attachés à des chaînes, et soi-disant en train de s’en dépatouiller.
N’importe. Enfin, un autre soir est tombé. S’ensuivront quelques petites heures nocturnes dont il faudra profiter, camarades
.]


i.

The night falls.
Should be time to unsheathe
But let this light
Be toy
Not tool, nor weapon.

Let be its dimness
Bright enough
This night
That it be motley toy
No boasting chisel thing, no blazing dagger.

Come here to play.
Unsheathe but let this light be toy
Let us be duel slackers.


ii.

Ja, meinst du denn, das reicht aus?
Du musst schon selber schauen.
Spiel-, aber nicht Werk- oder Waffenzeug, so, so.
Wo führt das denn hin?
Das hilft nur wenig, wenn dann jemand kommt.
Auch unsre albernen Schwächen müssen doch verteidigt werden.


iii.

You can’t expect a natural self-educator
To disbelief in the laws of nature;
He knows no others.

On a cloudy day
Who’d ask the sun barging in
To be a little more decent
According to the circumstances?


[C'est qu’on se trompe lorsqu’on pense qu’avant la libération sexuelle on n’aurait pas pu vivre sa sexualité librement. Qui savait se débrouiller, le pouvait – en privé bien entendu. Quand ces choses ont fini par être étalées sur la place publique, les gens n’ont pas nécessairement pu vivre plus librement, parce que même dans un pays sexuellement libéré, la sexualité, en règle générale, reste du domaine privé ; il faut donc toujours savoir se débrouiller pour trouver chaussure à son pied, et ce n’est pas donné à tout le monde. La libération a simplement un petit peu facilité les choses ; elle a ouvert le marché, en le régularisant. Mais la technologie aussi. Surtout la technologie. Technologie sans libération n’est guère possible. Les Saoudiens, eux aussi, ont accès au web, et ils ne s’en privent pas, semblerait-il. Collective ou personnelle, cette libération-là, elle se passe en privé.
Quant à moi, ma libido personnelle est carrément née avec la libération sexuelle, c’est une question d’âge. Quand il n’y avait pas encore de libération sexuelle, je n’étais pas encore vraiment sexuel. J’étais un petit garçon en phase de latence, exactement comme la société qui m’entourait. Finie ma latence à moi, la libération sexuelle générale est arrivée – avec son lot de photos enfin esthétiques, d’explications enfin explicites et tout. Par conséquent, je ne saurais dire comment elle serait, ma sexualité, sans ladite libération. En l’état des choses, elle correspond à peu près aux nouvelles normes, celles édictées par une libération normative à son tour. Tout ça tombe bien, diriez-vous, mais c’est mauvais signe. Lorsqu’il en va de la liberté, le conformisme est toujours mauvais signe. Si je préfère, moi aussi, le sexe-joujou au sexe-outil ou au sexe-arme, si je suis un chaud partisan du jeu flemmard en la matière, cela peut être une coïncidence. C’est peut-être un pur hasard si je peux me compter parmi les gagnants de la libération en question, mais c’est très mauvais quant à la notion de liberté. S’il faut toujours y correspondre, la liberté, à juste titre on s’en branle, elle ne vaut pas son étiquette de prix.
Par chance, le jeu n’est jamais sérieux. Et heureusement, il paraît maintenant que les beaufs parmi nous, utilitaristes et militaristes, n’avaient pas tout perdu, eux, tant qu’ils savaient se débrouiller en privé, la position aidant parfois. Avec la publicité actuelle, ce n’est d’ailleurs pas qu’on empêche à la fin ces porcs indignes de profiter scandaleusement d’une libération faite pour ceux qui s’y conforment, mais sous le prétexte qu’il y aurait de
mauvais profiteurs, des suivistes contre nature, on s’attaque au principe de la liberté même. En vérité, la cochonnaille peut respirer : elle n’est atteinte en rien. Obéissant à l’injonction de parité, de féminisation plutôt, elle a simplement changé de bord. Alors que la liberté, illusoire si elle ne s’étend pas sur l’exploitation complète, bêtes incluses, s’esquive sous les bons soins des bonnes âmes.]

iv.

Is a vale any sexier than a peak
Is a hole holier
Is mystery more inviting
Than a bulge, a beak, a beacon?

You just jump into the unclaimed garden
Pick and strip that rose
Petal after petal:

The rim of the well isn’t hidden
And it’s the rim that shows the place
Where to seek pushed on by thirstiness.

Deep down there may be water but you can’t see it.
You may drop a pebble, hear it splash
And still – darkness. Is there a bucket attached and waiting?
Femininity is by no means surer.
Men can only have trust in the masoned-up rim;
The hope is theirs.


January 21, 2018

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