jeudi 1 août 2019

Apollon musagète

La capitale est vide en Août.
Moi, comme toujours, je suis là, je
Suis resté sur le carreau, carrément suspendu
Dans le vide, quoi... Pas moyen de s’envoler avec
Le monde, et c’est à cause d’Apollon, maître des Muses.

Même dans le vide, il y a des dérangements
Et peut-être spécialement dans le vide.
Des ennuis particuliers, d’artiste.
Sous prétexte de canicule
Il y traîne un subtil parfum de caca :
Les habitants se sont barrés, mais ils ont
Abandonné derrière eux toutes sortes de nourritures
En décomposition, dirait-on, et on doit même constater
Qu’ils sont partis en laissant leurs radios allumées.
Août vide, fenêtres ouvertes, s’est donc empli
Et d’odeurs et de musiques de merde
Un véritable festival pour les sens
Et tout ça, la faute à Apollon
Maître estival, des Muses.

Parfois, par chance
Il y a un pauvre qui fouille
Pour délester un peu les poubelles ;
Or, le néant garde ses bruyantes puanteurs –
C’est bien ça son véritable secret – et
Ce n’est pas tel nomade égaré
Dans l’espace interstellaire
Qui saurait vider le vide
Causé par Apollon.

Il est parfaitement inacceptable, pensé-je
Que le ballet, le cortège des Muses
Soit aussi peu conséquent, mais
Je n’ai pas perdu ma raison pour autant :
Dans le néant de ces désagréments
Il me reste un peu de religion
Quelque foi dans la réelle beauté du monde
Bien que j’en sois exclu
En ce mois d’Août, simplement
Suspendu dans le vide.

Bah, si les dieux guident nos pas
Ils ne les guident surtout pas
Pour nous amener quelque part ;
Leur truc c’est mener nulle part.


21 Juillet 2019


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