vendredi 17 janvier 2025

Preuves d’immaturité

1. Du sexisme en sommeil

Parfois, il faut annoncer les choses comme elles sont, il faut admettre ses exploits, les taire serait simplement inexcusable.
Je me réveille, j’ai rêvé plusieurs poèmes, et contraint par ma recherche de la vérité, je note vite fait ce que je peux du dernier. Pour les autres, c’est fichu, je les ai déjà oubliés. Voici le maigre résultat de mes courses :

« Il y fait souvent froid, même qu’il neige
On s’y caille le cul, bon bah, j’abrège :
Non, on ne vivra pas dans un chalet
Et si, chamoise, tu as du regret :
En plein hiver, on peut même à Paris
S’enrhumer du pétard, je te parie. »

Eh ben, ça vaut ce que ça vaut, pas grand-chose à vrai dire, en plein jour c’est décevant. En plus, le côté machiste du truc, voire son caractère vaguement sexuel, m’incommode maintenant. Mais il a été composé dans l’inconscience, tout de même, et je me souviens encore de l’effort, considérable, porté sur la rime, et surtout le sens, élément pas facile à obtenir lorsqu’on dort à poings fermés. Par chance, tu étais toujours là d’une certaine façon et la vie était belle. Rien que du beau songe alors. La pureté de l’illusion, ça justifie, non ?


2. Victime inclusive

La qualité préférée de notre époque plutôt lâche est celle de la victime. Tout le monde veut en être. La victime est le vrai héros du temps présent. Elle le devient immédiatement en insistant sur son statut victimaire. La seule condition un peu gênante est de se faire connaître dans toute sa splendeur. La victime discrète, elle, peut l’oublier, son beau statut doublé d’une carrière, car il n’y a pas de victime sans public. En réalité, c’est le public enthousiaste, muni de mégaphones, hissant peut-être des pancartes encourageantes, qui fait naître la victime et lui assure son statut enviable en la transformant en son contraire. De l’ancienne crucifiée en actuel Christ-Roi unisexe, ressuscité en Pantocrator comme sur les icônes orthodoxes. La foule en liesse n’étant pas mon truc, l’orthodoxie m’angoissant, les martyres des autres accablant mon esprit primaire : si j’étais victime, je ne le dirais à personne, parce que les héros, je ne leur crois plus un mot dès qu’opportunément ils se mettent à se glorifier d’exploits subis. En matière de hauts faits, les seuls qui comptent, ce sont ceux qu’on a choisis, ce sont les prouesses volontaires. Ce ne sera pas en me violentant qu’on fera de moi un exemple de courage.

Dans le feu de l’action on peut ne rien entendre.
Pour pouvoir s’écrier : « Halte-là, bougre, pouce ! »
Il faut déjà être en position aigre-douce –
Sans consentement préalable, point d’esclandre.

La possibilité d’outrepasser l’éthique
Est la rançon de quelque entente antérieure.
Ainsi, ce vers si peu moral qu’il vous écœure
Paye le prix de ma licence poétique.


13 Janvier 2025

jeudi 16 janvier 2025

De l’étiolement consenti

En relisant mes trucs d’avant je pense
Que le deuil a diminué ma force
Mais qu’il m’en reste assez, je me console.

Oh, cher deuil qui, en y portant offense
Ôtes aux forces leur côté frivole
Puisque tu n’y tolères nulle entorse.

10 Janvier 2025

mercredi 15 janvier 2025

Gymnastes du périnée

Die Denunzierung klassischer Weiblichkeit, die zur Zeit von vielen stimmstarken jüngeren Frauen enthusiastisch betrieben wird, hat nichts mit Vermännlichung zu tun, wie das ungeübte Auge vermuten könnte, sondern mit dem positiven Besetzen der widerborstigen Züge unter den historischen Komponenten des weiblichen Stereotyps. Das äußerst unreife Modell der neuen Powerfrau ist in Wirklichkeit keineswegs entweiblicht, sondern nur bewusst verunangenehmt. Wir kannten das Phänomen schön früher in der Schule bei gewissen Lehrerinnen – keinen erfahrenen Oberstudienrätinnen bitteschön, eher den unsicheren, die kaum über das Referendariat hinaus waren und sich durch das Hervorkehren ihrer hässlichsten Seite durchsetzen zu müssen glaubten. Ähnlich lässt das die Staatsmacht durch Fürsorglichkeit angeblich verweiblichende Sozialamt in Wahrheit nur die bleibende autoritäre Männlichkeit von Obrigkeit besonders kräftig hervortreten. Die Identitäten bleiben sich gleich, der Charakter des ewig Weiblichen erweist sich in der Tat als so unausrottbar wie der des ewig Männlichen, die Frage ist allein, setzen wir besser auf natürliche Tugenden oder geschlechtsspezifische Laster.

Il est parfois malaisé de faire la distinction
Mais quand il fait sombre et qu’on n’aperçoit que le pourtour
Les formes, moins trompeuses que les couleurs, font que
D’emblée, l’épaule un peu trop large trahit.
Il faut être en pleine lumière pour pouvoir convaincre
Il faut que le maquillage puisse maquiller.
Ainsi, en pleine lumière, l’idéologie est manifeste
Tandis que dans la pénombre telle vérité éclate.
Or, laquelle ? L’équivoque.

Je me souviens de ces deux transgenres qui
Lorsque le mot pour les nommer n’existait pas encore
Toutes flamboyantes entreprirent d’allumer
Une bande de rustres rassemblés dans un bar près de Malaga
Les rudes garçons se laissant facilement berner.
Mon copain et moi, délicats citadins, observant le spectacle
La paire sensationnelle se mit à nous faire des clins d’œil
Et nous leur signalâmes, le sourire discret, notre complicité civilisée
Les paysans n’y voyant toujours que du feu
Du feu multicolore et étincelant –
Heureux âge de l’innocence
Géographiquement circonscrit.

Entre-temps, le terme a fait irruption dans le vocabulaire
Et ce jusque dans les bars à ploucs de l’arrière-pays malaguène
Où les locaux sont désormais au courant du changement climatique
Et si, dans la pénombre, ils se font encore draguer si cela se trouve
C’est en connaissance de cause.
Il n’y a plus d’équivoque
Hors de l’équivoque consenti
L’honneur est donc sauf
Et le prix de la vérité correctement acquitté.

[L’actuelle dénonciation de la féminité classique, entreprise chérie de beaucoup de jeunes femmes fortes en gueule, n’a rien à voir avec une éventuelle virilisation – ce n’est que l’œil inexercé qui croit le constater – mais avec la mise en valeur collective des traits revêches, composantes historiques du stéréotype féminin. En réalité, la nouvelle « femme forte », référence immature s’il en est, n’est nullement déféminisée, mais juste sciemment désagréabilisée. Nous connaissions cela dans notre jeunesse chez certaines enseignantes – non pas les expérimentées, à la compétence reconnue, mais les débutantes qui, angoissées, cherchaient à se faire respecter en se montrant le plus intraitable possible. De la sorte, l’assistanat social ne féminise en rien l’État par sa providente sollicitude, mais rend d’autant plus prégnant le côté mâle et autoritaire de toute administration. L’identité reste inchangée, le caractère de l’éternel féminin se révèle aussi inextirpable que celui de l’éternel masculin, la seule question est s’il faut plutôt recourir aux vertus naturelles ou aux vices spécifiques.]


26 Décembre 2025