samedi 2 janvier 2016

Si j’étais né pareil que toi


Si j’étais né pareil que toi, coquette
J’aurais aussi ma huppe sur la tête
Au cul mon éventail tout en plumages
Et, à part ça, plein d’autres avantages :

De beaux yeux roux assortis à ma crête
Des ailes sachant voler la vedette
Des ergots pour châtier la médisance
Mais un bec plus pointu qu’un fer de lance ;

Enfin, ce goître dans les écarlates
Bien plus marrant que toutes leurs cravates.
Hélas, je suis né dans un corps sans style
Avec rien que mon cœur de volatile.

                                       *

Si j’étais né pareil que toi, princesse
Je jouirais bien mieux de ma noblesse ;
Sans renoncer aux droits et apanages
J’emprunterais la voie de la sagesse :

Depuis mon beau château aux rocaillages
J’allumerais les feux de l’élégance
Et du haut de ma lanterne-potence
Je creuserais la tombe à l’ignorance.

J’y montrerais la soie et les dentelles
De mes culottes, voire des semelles
Et pour servir d’exemple à la fripouille
J’exposerais même où ça me chatouille.

Voilà ce que ferais ayant ta classe.
Or, je ne suis que de la populace
Avec une esthétique disparate
Qui n’a strictement rien d’aristocrate.

                                       *

Si j’étais né pareil que toi, mégère
Je prendrais tout ça moins à la légère
Car pour personnifier la pie-grièche
Il faut bien plus qu’un certain don revêche.

Des siècles d’entraînement dans l’acerbe
N’ont pas suffi ; faut joindre l’acte au verbe
Les meilleures litanies et tirades
Ne valant jamais coups et bastonnades.

Pour atteindre un niveau correspondant
Sans force dans les bras, le répondant
Doit surpasser le pouvoir des paroles
Tel le haut fait celui des paraboles.

Le Christ, s’est-il contenté de se plaindre ?
Lui réveilla un mort, au lieu de geindre.
C’est difficile, je le sais, mémère
Mais tu sais maintenant ce qu’il faut faire.


29 Décembre 2015 - 1er Janvier 2016

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