lundi 18 janvier 2016

La résistance est physique


1. Ris donc, Paillasse !

Longtemps j’ai porté la barbe.
Lorsque cette barbe a commencé à me vieillir, je l’ai supprimée.
Mais pas une fois pour toutes.
La barbe, on le sait, ne se supprime pas une fois pour toutes
Il faut le faire à peu près tous les jours :
Je mange, elle repousse, je jeûne, elle repousse ;
Je dors, elle repousse, je veille, elle repousse.
Enfin, je vis, elle repousse, et je ne vis pas, elle repousse quand
___________________________________________même.
La barbe est très têtue, elle s’en fout, de mes états d’âme.
Peut-elle pourtant être considérée comme un facteur
______________________________________stabilisateur ?

J’ai pu cesser de fumer sans que de nouvelles clopes aient poussé
____________________________________dans ma bouche
Et j’en connais qui ont cessé de boire sans voir arriver de
_________________________________nouvelles bouteilles.
La barbe, c’est différent.
La barbe veut s’imposer à tout prix, elle est vraiment collante
Lui dire fermement « non ! » ne suffit pas.
Or, il faut résister, les amis.
Si tu cèdes à la barbe alors que tu n’en veux pas, t’es fichu.
La glabreté seule, cet effort de tous les jours, fait de l’homme un
__________________________________________homme.

Voilà ce qu’il en est.
Tous ces hommes sans barbe que tu croises de par le monde, ont
______________________________________travaillé pour.
Des fois, ils se sont même taillé le visage, c’est pour dire...
C’est que l’imberbe est une vocation, une ascèse
On y entre comme au couvent.


2. Un cri de saison

Est-ce normal, là
Qu’elle s’est mise en hibernation ?
Ce n’est pas une marmotte
C’est une bite.
Elle n’a pas à réduire ses fonctions vitales à presque zéro
Et à se terrer dans un trou en attendant ;
Elle n’a qu’à être courageuse et faire face
Elle n’a qu’à braver.
Morte-saison, dis-tu ? Temps de merde, dis-tu ?
Morte-bite, bite de merde, ça oui.

Bien sûr, il y a des moments dans la vie
Où la malchance tombe drue
Où l’on se raidit dans le vide
Où l’on s’avance pour rien
Où l’on fait le poing dans la poche
Mais ce n’est pas une raison
De s’étioler dans son froc
Uniquement parce que, en plus, ceci cela.
Ce n’est pas une marmotte, je te dis.
Ce n’est pas non plus un gibier-proie qui doit faire le mort
Pour que l’ange noir passe.

Quel repli temporaire ?
Eh, la bite, t’es comme un bélier quand tu veux
T’es faite pour frapper et résister
Et pour que rien ne te résiste ;
Pour faire vie nouvelle surtout là où il n’y avait rien
Pour transformer le chiant en victoire
L’ennui en gloire ;
Pour faire la fête n’importe où, n’importe comment, avec
______________________________________n’importe qui
T’es pas faite pour te plier aux circonstances
Enfin, t’es pas faite pour te la couper toi-même.

17 Janvier 2016

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