« Des objets insolites. »
La juge d’expropriation
On aurait dit un tas de ferraille
Une décharge municipale
Sauf que le terrain n’était pas municipal mais
Un jardin privé, si l’on peut encore parler de jardin.
Et là, à côté, échevelé, l’artiste qui s’exprime :
Cette œuvre s’est faite loin de tout encouragement.
En réalité, elle a été découragée des décennies durant.
Découragée, sinon niée.
Seulement, elle est là, et tiendra peut-être la route
Tel un obstacle.
– Ça se trouve dans votre jardin, objecté-je
Et non pas sur la voie publique. Alors obstacle...
À la limite, ça blesserait les yeux de vos voisins
Si ce n’était pas camouflé par des buissons chevelus.
– Hélas, me répond l’artiste.
Je n’ai pas pu faire autrement.
La nature a poussé toute seule
Et comme je la laisse faire
Ne m’occupant que de mon art...
Je n’ai pas d’ambitions de jardinier, voyez-vous.
– La nature arrange, dis-je presque malgré moi
Sachant immédiatement que l’artiste me mettra dans le lot.
(Mais qu’a-t-on à perdre face à tant d’obstination ?
On dégagera tout ça vite fait une fois le créateur parti.
La seule question :
De la ferraille restant de la ferraille
Où qu’on la foute, elle fera le même effet.
Mieux vaudra donc garder la décharge là où elle est.
Assez cachée tout de même.
On ne touchera pas non plus aux buissons, quoi.)
Il est temps que je me casse, fais-je en avançant la main.
Ne vous inquiétez pas.
Vous, vous avez l’éternité devant vous.
1er Juillet 2018 [Vitae 2]
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