Je suis, à l’intérieur, plein de jus.
Je le sais mais ne m’en rends pas compte.
Je pense avoir atteint depuis longtemps le
Stade de la stabilité, le douteux privilège
De ce qui a coagulé dans le sec et le solide.
La réalité est tout autre : je suis resté très liquide.
Mais il ne suffit pas de s’érafler le genou
Pour s’en apercevoir.
En fait, je ne suis pas capable de comprendre
L’insaisissable vérité. Je suis encore
Plus bête qu’une bouteille. Je
Coule dans le noir, dansant étant volcan
Ignorant que je dois tout à la fluidité formidable
Qui, bouillante, me parcourt.
Comment faudrait-il donc que je me sente ?
Devrais-je craindre d’être secoué
Car je pourrais éclater ?
Devrais-je m’inquiéter lorsqu’un ami
S’approche de moi muni d’un tire-bouchon
Ou redouter qu’on me lâche par maladresse
Une fois empoigné au col par quelqu’un ?
Devrais-je m’attendre à finir vide jusqu’à la lie ?
De toute façon, devrais-je appréhender le néant ?
Ou du moins la noirceur d’une cave sans fin ?
Nullement informé sur mon contenu
J’ai acquis le droit de me sentir
À défaut sec et solide.
4 Août 2009, La petite série des organes, 2
mercredi 5 août 2009
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