mardi 31 décembre 2013

La bûche

Si l’on pose, mettons, une sangsue ou un bébé, ils tètent par
___________________________________________réflexe.
Ce n’est absolument pas appris, c’est de l’aube pure. Pose-t-on
Un adulte, s’il déguste, il réfléchit encore à des choses.

Par calcul, un peu comme payé pour, dirait-on, une personne
A ses idées, quoi, c’est obligé, mais j’ai des doutes.
Le feu de l’action ne t’est pas inconnu, toi
Et la dispersion des cendres non plus.

Cela dépend, bien sûr, aussi de l’endroit où l’on te pose
Sinon où toi tu t’es posé, mon papillon à cerveau.
Ce qui ne change pas, c’est qu’on n’a pas trop
De choix dans une vie tout de même.

L’hiver se prolonge, et c’est le temps donc qui
Gonfle, le temps qui fuit. Et alors tu y vas
Pour qu’il finisse par fuir sous tes yeux
Ce longtemps devenu quelque chose.

Cependant quelle routine, du vrai temps mort avant
D’être insufflé par ton espèce de prévenance.
Et l’impatience qui guette. Heureusement
Là, fin décembre, on a presque réussi.

C’est qu’il s’est mis au repos, soi-disant, et à l’aise, mais
Pas la moindre décontraction, que du boulot boulot
Pour un tel arbrisseau, Noël arraché à sa forêt.
Maintenant comme sûr de lui, volontaire

Affermi, même battant (une facette qu’on ne lui connaissait pas)
Au moment même où confiseurs, et pâtissiers, et cetera
Font la trêve : voilà du beau, du réveillon point gâté.
On n’a plus qu’à attendre que le bouchon saute.

Bougies soufflées, assouvissement suivi d’assoupissement
C’est le temps de respirer. Puis le nouvel an commence
Et il faut se le refarcir, celui-là. Quelle époque.

28 Décembre 2013

vendredi 27 décembre 2013

Talking into It

    Say, does it make you laugh, that word exhilaration
Or are you deaf to sounds’ suggestive hue and cry?           
—Why should I ever indulge in their realization
As long as I know what they are supposed to imply?
    The expression may be mild, the thing all wild and tough
Expectoration (though belched forth) won’t make one cough.

    Words you’ve to live to make them feel are trumpery:
Those that don’t signify ere one helps act them out
Are names unborn until their bearer came to be
Not words, mere memory of who had been about;
    The only terms entitled to that queer demand
Are terms of love, regardless whether meant or bland.

    Be it by lark song or by croaking like a crow:
Life surely warns against impressing stuff and so;
You’d rather to be talked yourself into dissecting
These echoes of a deal between the near and far.
    Would one crack jokes to break up audience expecting?
One would. Words have their ways when used for what they are.


[Wir saßen da und sprachen über Dinge
Die nicht mehr waren
Und wir beschrieben
Wie ein Maler aus dem Gedächtnis malt
Wenn er sich die Modelle nicht mehr leisten kann.
Solche Akte werden sichtbare Theorie
Aber was noch da ist, braucht noch nicht beschrieben zu werden
Das Reden beginnt doch erst mit dem Verlust
Und so sprachen wir
Ohne Bitterkeit
Aber auch ohne die Unvorhersehbarkeiten des Lebens, aus der Ferne
Quasi erfahrungslos, weil die Erfahrung nämlich hinter uns lag
Als ob es kein Leben mehr gäbe
Als ob überhaupt nichts mehr erfahrbar sei
Und das, worüber wir sprachen, tatsächlich ganz verschwunden
Und das doch Wiedererweckte
Keine Erfahrung, sondern Leblosigkeit, nichts als
Reine Hypothese, ein Vorher, kein Nachher.
So als hätten wir im besten Fall noch etwas zu erwarten
Als ob Erinnerungen noch bestätigt werden könnten
Den sie ratlos Beschwörenden.]


December 26, 2013

samedi 21 décembre 2013

Nachtfahrt

Zur Nacht war ich in einer Felslandschaft
Was ich dort sollte, schien mir rätselhaft.
Die Felsen zwar gehörten sehr zur Landschaft
Ich allerdings schloss mit ihr erst Bekanntschaft.
Als ich erwachte, war die Landschaft aus:
Kein Fels mehr, nichts, nur ich, bei mir zu Haus.

Hab ich was von der Reise mitgenommen?
Ich weiß es nicht, weiß nicht, wo’s hingekommen
Mir blieb nur dieses Bild: Felsenumstellt
Ich selbst in einer völlig fremden Welt.
Der Grund für die Verschleppung – unbekannt;
So anders war es dann doch nicht, dies Land.

                                             *

Ich reiste oft schon auf besagte Weise
Fast gilt: Wenn ich schon einmal weit verreise
Dann in der Dunkelheit und in Regionen
Wo Felsen, aber keine Menschen wohnen.
Was mit dem Licht verschwindet, ist nur Stein.
Doch frag mich nicht, ob das ein Trost soll sein.

18. Dezember 2013

jeudi 19 décembre 2013

Zum Jüngsten Gericht


i. 

 Da wir so viel Macht über sie besitzen
Ist den Tieren sicherlich nicht klar
Was für sentimentale Schweine wir doch eigentlich sind.
Das eine Karnickel wird gefressen, das andre auf den Tod
_____________________________________verhätschelt –
Wir sind der Allmacht näher, als uns lieb sein kann
Der Gott steckt in uns
Wie in den Tieren das Tier.
Dass sie sich vor dem menschliche Bannstrahl fürchten
Wie wir Menschen vor dem göttlichen
Und dennoch tun müssen nach der eigenen Natur
Ist aber unwahrscheinlich.
Nur der von uns erschaffene Hund schaut ängstlich herüber
Er ist so sentimental wie sein Herr
Und versteht ein klein wenig von der Vorsehung.
Das Jüngste Gericht hat er sich aber nicht erfunden zur
_______________________________________Beruhigung
So gemein ist er nicht
So gemein ist nur die sich fürchtende Allmacht.


ii.

Wer auch nur ein Zipfelchen Macht hat
– Und woher er das auch immer bekommen –
Hat auch ein Recht darauf, gerichtet zu werden, nicht wahr.
Es bleiben noch Zeiten
In deren daran gedacht werden kann
Mächtigen wie Czerniaków oder Murmelstein
– Um nicht zu sagen: Modellmächtigen –
Gerechtigkeit widerfahren zu lassen.
Gerechtigkeit ist so zeitbedingt
Wie der Rest.
Gerechtigkeit kommt
Womöglich erst lange hinterher
Wenn alle Beteiligten – und vor allem auch
Die unbeteiligteren Zeitzeugen – endlich tot sind.
Daher wohl dieser Gedanke eines Jüngsten Gerichts.
Eine andere Entschuldigung dafür gibt es wirklich nicht.


Du Jugement dernier

i.

Puisque nous possédons un tel pouvoir sur eux
Les animaux ne se rendent certainement pas compte
Que nous sommes, en effet, de gros porcs sentimentaux.
L’un des deux lapins, on le bouffe, l’autre, on le gâte à mort –
On est plus proche de la toute-puissance que l’on peut souhaiter
Le dieu est en nous
Comme l’animal est dans l’animal
Mais il est peu probable que les bêtes craignent les foudres humaines
Comme nous craignons celles du ciel
Tout en continuant d’agir selon notre nature.
Seul le chien, créé par nous, nous lorgne avec appréhension ;
Il n’est pas moins sentimental que son maître
Et a une petite idée de la providence.
Mais il n’a pas inventé le Jour du Jugement dernier pour être tranquille
Il est loin d’être aussi ignoble ;
Il n’y a de si ignoble que la toute-puissance trouillarde.


ii.

Qui a le moindre bout de pouvoir
– Et peu importe qui le lui a octroyé –
A également le droit d’être jugé, n’est-ce pas.
Restera encore un temps
Où l’on peut envisager
De rendre justice à des puissants
Comme Czerniaków ou Murmelstein
(Pour ne pas dire : des puissants-modèle).
La justice ne dépend pas moins de l’époque
Que tout le reste.
Il se peut que Justice
N’arrive que longtemps après
Quand tous les concernés – et surtout les
Moins concernés des témoins – ont enfin disparu.
C’est ce qui a dû nous souffler l’idée d’un Jugement dernier.
On n’a vraiment pas d’autre excuse.


18 Décembre 2013

mercredi 18 décembre 2013

De l'avenir

Pour que l’insignifiant ne prenne
Pas trop d’importance, évitez de mouiller.
L’humidité gonfle, l’humide
Devient vite fait turgide – quel mot déjà ! –
Puis ne rentre plus nulle part, encombre.

Je vous ai dit qu’il faut tout garder au sec
Mais vous n’avez pas voulu entendre.
Vous avez alors fait le lit de l’ennemi, celui
Qui a les yeux mauvais et n’aperçoit que la grosseur
Et maintenant il faut attendre. Quelle bêtise !

Moi aussi, je la connais, certaine soif
Seulement je me retiens car je sais
Qu’il faut combattre cette fichue tendance
À cause du spongieux et du caverneux, il faut
Se retenir si on veut rester bien dans ce peu d’ espace.

La réalité est qu’on n’est heureux qu’à l’étroit
Mais pas dans la gêne exacerbée à dessein.
Depuis que nous sommes arrivés sur la terre ferme
Tout a heureusement fini par sécher sous le soleil
Et si ça brille un peu moins, c’est plus pratique.

Bien plus rassurant, en tout cas.
N’essayons donc pas de revenir en arrière
Le sec n’est pas le mort, le sec
A été notre avenir.

12 Décembre 2013

dimanche 15 décembre 2013

Pictures at an Exhibition


1. The Bum Not Mentioned
                                                      [From I thought It Was in A Boy’s Will]

Overheard an anaemic young Englishman
Talking to his French friend in good French
But rather nebulous terms
About the penis concept in art.
It doesn’t matter to the concept
Whether it is lust-induced or not
Desire-borne or else, the concept
Stands for itself, and so does penis
But the anaemic young Englishman
– And I heard Oxbridge through his good French –
Still tried to foist some figment of his on a ruddier guy
Who may have considered the figment
Or that pale young Englishman
Inextricably clinging to one another
And yet very unrelated.


2. Gender Bias

There were always groups of girls
Clustered before the naked men, chattering
Circles of at least three, the males heroic, some pierced with
___________________________________________arrows
But mostly solitary, behind them only august landscape, and
In their time surely not meant to be
Evaluated by a hen party.

In these halcyon days it was Paris who judged the graces
And men were decent in the presence of nude young ladies
They chose in silence.

I damn well know that it is nothing but sheer justice
That now females decked in exhibit attire
May overtly appraise any beefcake in the buff

Yet I must say that this being the case
I even more deeply admired my pictorial congeners
Who weren’t ever talking back
But kept on standing erect or reclining
Muscles unflappably taut, eyes upward-looking
Just as in making up their minds
Wordless, alone and for themselves
Like real men.


December 15, 2013

samedi 14 décembre 2013

Encounter, Fragmentary

Then you appeared to me, a cutie pie.
Entranced I was and told so, by the by;
But frowning you, pissed off, about to cry
Said: There is more in me than meets the eye.

I wasn’t any wiser then, a lie
To say I was. I had to ask you, why.
Your tears revealed you didn’t know, but I
Then knew there’s more to you than meets the eye.

As there is more in cute than meets the eye
Poor eye upon blind guesses must rely:
Your more belittled to a less in my
Perception, a deception I deny.

December 14, 2013

jeudi 12 décembre 2013

Zwei lückenhafte Liebeslieder


i.

Die Liebe, die so lang am Leben hielt
– Und ich hab es hier nicht von der Empfindung –
Die Liebe jedenfalls hat in Verbindung
Mit Fleisch dann keine Rolle mehr gespielt

Verzog sich ungefragt ins Reich der Seelen
Wo man viel weniger von ihr erbat
Und überlebte so im Reservat
Begann allmählich keinem mehr zu fehlen.

Liebe im Reservat des Wollens, reine
Indianerliebe, frei von jeder Pflicht
So richtig reiner Geist ist auch sie nicht

Wirkt abgestumpft, als wäre sie gar keine:
Ihr Federschmuck – zum Souvenir verkommen
Und sie, von Feuerwasser stets benommen.


ii.

Ist Liebe etwa bei den stillen Dingen
Von Abendlicht beschienen, schmerzlos? Auch.
Nur: Sie erinnern an Abwesenheiten
Die plötzlich doch wie Pfeile mich durchdringen.

Ist Liebe, wenn in wüstestem Gedränge
Ihre Gestalt sich zeigt und ich sie kenne
Ob aus Erinnrung oder nicht, tritt Liebe
Wie ein Prophet aus abgefallner Menge?

Ich weiß nicht, was es leuchten lässt, ihr Licht:
Vermissen oder Aufeinandertreffen;
Wie Rettung aus der höchsten Not benötigt
Sie nichts als ein erscheinendes Gesicht.


1. Dezember 2013

mardi 10 décembre 2013

Deux chansons d'amour


1. Chanson d’amour banale
                                                                                             telle une cathédrale

Comme quelqu’un qui sous la majesté d’un dôme
Se convertit, transfiguré, dévot sincère
Mais dès qu’il a quitté ce sacré tas de pierre
Redevient mécréant, païen, impie, bref : homme

J’ai besoin d’être en toi pour voir le grand mystère ;
Sorti dehors, je chute et ressuscite vite
Ton charme n’agissant que lors de la visite –
Quelle ânerie de croire que l’amour altère !

C’est le défaut patent du sombre bâtiment
Si muet qu’il se prend pour un maître en boniment :
La vie et le soleil ont, toujours et encor

Des arguments plus efficaces, ma jolie.
Mais je regrette mes courts instants de folie
Doutant parfois quand j’ai raison et quand j’ai tort.



2. Chanson d’amour profonde
                                                                                             mais plutôt vagabonde

Je le sais bien : il faut surtout de la constance
L’amour ne vaut son poids d’airain que si ça dure.
Dure le roc, la mort, l’éternité perdure
Même au-delà du raisonnable, l’espérance

Itou. Faut-il donc que le sentiment s’avère
Comme chez le héros, de marbre ou de bronze ?
Touches-y ! Tiens, tu fais la moue, ton doigt s’enfonce ?
Voilà mon truc : C’est mou, c’est flou, c’est éphémère.

Oui, l’âme en obsidienne est un arrache-cœur
Qu’un beau caillou avantageusement remplace ;
Le tendre et délicat ont, eux, ça de robuste

Qu’on n’y trouve de cruauté aucune trace :
Loin d’être l’apanage d’un brutal sans-cœur
C’est le mouvement qui conservera son muscle.


8 et 9 Décembre 2013

samedi 7 décembre 2013

Petit nom II

Si l’on avait voulu m’offrir le choix
J’aurais trouvé un autre nom pour moi.
Je suis sorti chasser un nom de plume
Pas un seul n’est tombé ; depuis, j’assume.

Ce nom ne me dit rien mais me désigne
Mieux que ceux que j’ai pêchés à la ligne.
Souvent, les termes pour aller au fond
Quoique impropres, sont les seuls qui vont.

5 Décembre 2013

vendredi 6 décembre 2013

Petit nom I

Les prophètes et apôtres
D’après qui se nomment
Des nouveaux-nés qui en d’autres
Temps deviennent hommes

Ces apôtres et prophètes
Qu’ont-ils de durable ?
Leurs victoires et défaites
Enfouies sous le sable.

L’héritage qu’on t’inflige
Petit saint, martyr
N’est certes rien qui oblige
Tel ton avenir.

On t’appellerait Adomphe
Judas, Lucifer –
Ni défaite, ni triomphe :
Tout est à refaire.

29 Novembre 2013