mardi 10 décembre 2013

Deux chansons d'amour


1. Chanson d’amour banale
                                                                                             telle une cathédrale

Comme quelqu’un qui sous la majesté d’un dôme
Se convertit, transfiguré, dévot sincère
Mais dès qu’il a quitté ce sacré tas de pierre
Redevient mécréant, païen, impie, bref : homme

J’ai besoin d’être en toi pour voir le grand mystère ;
Sorti dehors, je chute et ressuscite vite
Ton charme n’agissant que lors de la visite –
Quelle ânerie de croire que l’amour altère !

C’est le défaut patent du sombre bâtiment
Si muet qu’il se prend pour un maître en boniment :
La vie et le soleil ont, toujours et encor

Des arguments plus efficaces, ma jolie.
Mais je regrette mes courts instants de folie
Doutant parfois quand j’ai raison et quand j’ai tort.



2. Chanson d’amour profonde
                                                                                             mais plutôt vagabonde

Je le sais bien : il faut surtout de la constance
L’amour ne vaut son poids d’airain que si ça dure.
Dure le roc, la mort, l’éternité perdure
Même au-delà du raisonnable, l’espérance

Itou. Faut-il donc que le sentiment s’avère
Comme chez le héros, de marbre ou de bronze ?
Touches-y ! Tiens, tu fais la moue, ton doigt s’enfonce ?
Voilà mon truc : C’est mou, c’est flou, c’est éphémère.

Oui, l’âme en obsidienne est un arrache-cœur
Qu’un beau caillou avantageusement remplace ;
Le tendre et délicat ont, eux, ça de robuste

Qu’on n’y trouve de cruauté aucune trace :
Loin d’être l’apanage d’un brutal sans-cœur
C’est le mouvement qui conservera son muscle.


8 et 9 Décembre 2013

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