[Ce que je possède, en
partie je l’ai acheté, en partie je l’ai fait. Uniquement ce que
j’ai fabricoté moi-même m’appartient vraiment. Ce que j’ai
acheté, je peux le revendre et alors il ne m’appartient plus. Mais
ce qui est de mon cru, même si je réussis à le fourguer à
quelqu’un, m’appartient encore. La question « De qui
est-ce ? » pourrait aussi être « À qui est-ce ? »
Une fois aliénée, ma production personnelle m’appartient même
encore plus. Tout ça vit maintenant sans moi et me remplace d’une
certaine manière. Tout ça m’appartient désormais comme je
m’appartiens moi-même, autant en grande star sur la photo
dédicacée qu’en petit délinquant sur le mug shot.]
Frustré d’être
inutile, moi aussi
Sur ce qu’on veut
me vendre, je me jette
Puis, infichu
d’apprécier mes achats
À leur juste
valeur, je les regrette.
Sensible aux vies
laborieuses dans
Leurs lointaines
usines, ma paresse
Me coûte jusqu’au
tout petit plaisir
Que j’ai eu
payant tel bidule en caisse.
Puisque je ne sais
pas en profiter
Je jure alors au
Fabricant Suprême
Que, si j’ai
besoin d’un nouvel ersatz
Je le bricolerai
dès lors moi-même.
Mais vite je
renonce, le bonheur
De trop de gueux
dépend de ma déprime.
Si l’on cessait
d’en être le mécène
La frustration
s’avilirait en crime.
8 Mars 2016
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