mardi 5 septembre 2017

Frontière

Lumineuse est la frontière.
Le douanier dans sa guérite scintillante
Clignotante de mille feux, mille couleurs
Telle la vitrine de Noël d’un grand magasin –
Entièrement nu apparais-tu devant lui, il te détaille
Dans toute ta splendeur
Bienveillant ou sévère, c’est selon
Et peu importe : incorruptibles sont
Les yeux perçants de la frontière
Et ta splendeur et le fonctionnaire.

Sens-tu le sable ?
Entends-tu ces clochettes ?
Elles tintent aux chevilles de chameaux.
Voici les rois mages partis de fort loin
Enfin parvenus au poste, déclarant leurs cadeaux.
La belle affaire.
Le douanier, roi de son droit, l’égal des mages, leur
Souhaite bonne continuation
Dorénavant dans son pays, et les trois de sourire
Et les chameaux de grimacer
Et la caravane de lentement se remettre en marche.
Grands personnages ou petits :
Où irions-nous sans nos frontières ?

Le monde serait morne, un paradis sans éclat.
Nos frontières sont les sœurs de nos phares
Qui circonscrivent le royaume de l’océan aléatoire
Inébranlables érections
Sur leur rochers bruns, embellis de ressac.
Ainsi la tempête sait à qui parler, sinon
Elle déferlerait en vain ;
Dans sa soif de débat houleux
Elle a l’écume débordante
Seulement avec les phares, les frontières.
Que le ciel nous préserve les murailles
Questionnées de grandes vagues.
Ô, juste ciel, bâtisseur des plus augustes !

Ai-je trop dit ?
N’es-tu pas trop limité par tes frontières ?
Es-tu libre face à elles ?
La frontière est l’orée d’un glacier
Qui annonce le trop haut, ou le trop loin.
Dois-tu stagner à jamais ? Nullement.
Attiré par la menace d’une frontière
Tu l’envisages en mer de glace
Et elle te le rend bien :
Sur le pont du Pourquoi Pas ?
Emprisonné dans la banquise, sans
La vénération empêcheuse de progrès
Tu as le temps de l’admirer en son éternité figée.

2 Septembre 2017

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