Goles, suite
Le gars d’à côté a repeinturluré sa façade –
En multicolore, ma foi.
L’autre voisin me demande :
Comment tu le trouves ?
Moi : Moche.
Lui : Eh ben, moi, tu vois, je trouve ça joli.
Plus c’est coloré, plus j’apprécie.
Voilà les critères, me dis-je
D’un gosse de cinq ans
Mais je la ferme.
Oui, je vis maintenant
Dans un quartier d’artistes.
Plusieurs fois par an
La ville organise notre vie culturelle :
Pendant tout un week-end, nos artistes ouvrent leurs portes au
___________________________________________public.
On se rend compte de leur nombre
Et qu’ils exercent dans leurs appartements.
Il est difficile pour un artiste d’entretenir deux endroits
Et c’est la raison pourquoi il y en a toujours eu
Qui ont vécu dans leurs ateliers.
Or, nos artistes à nous
Exercent dans leurs appartements, eux.
Ici, elle semble de tout repos
La vie d’artiste.
Normalement, ou ce n’est pas une vie
Ou ce n’est pas un artiste
Mais on aura du mal
À en trouver la confirmation
Face à tant de suffisance et ce ravissement
D’exhiber, à domicile, ses petites urgences.
Ne vous étonnez pas, c’est la loi des besoins :
Les uns font gros, et les autres petit.
C’est qu’en vérité, ils ont tous de vrais métiers, quoi.
Pas du métier, de vrais métiers.
Ils ne gagnent donc pas leur pain
De façon aléatoire
Ah, ça non ;
D’évidence, ils jouissent de situations stables –
Tout respire la joie de créer.
Il doit y avoir des fonctionnaires parmi eux.
Leur intérieur aux normes les trahit.
On finit par constater
Que l’atmosphère serait plus respirable sans eux
Et c’est la seule chose à dire à leur sujet
Qui montre encore un peu
Que ça dérange, les artistes.
14 Juin 2018
vendredi 15 juin 2018
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