samedi 13 octobre 2018

On Delight

Cela me démange et je me gratte donc en toute discrétion. Se gratter ouvertement entre peau et muqueuse ne se fait pas. Pourtant, le geste ne devrait regarder personne tant qu’on ne donne pas la main après. On pourrait imaginer un monde qui serait suffisamment pragmatique pour permettre à celui qui en ressent le besoin de se gratter en public n’importe où, muqueuses incluses. Ce serait un monde naturel. Michel Leiris nous raconte comme des messieurs nus (des « Kirdi ») urinent sans façon, ne se détournant même pas, au milieu d’une discussion. C’est le temps des colonies, ses chaussures n’ont pas été aspergées, il trouve cela délicieux. On pourrait trouver pareillement délicieux de voir quelqu’un se curer le nez pendant le small talk. Peut-être Harvey Weinstein s’est-il curé de la sorte. De toutes les choses que je viens de mentionner, les bovins, par exemple, ne sont capables que d’une seule : rester plantés là et uriner sans façon. Je l’ai vu de mes propres yeux. Lorsqu’on a dégusté un excellent Camembert, les bouts des doigts sentent comme si l’on avait soulagé une vache que cela démangeait sous la queue. C’est une preuve de qualité et socialement acceptable – l’odeur, je veux dire, mais sans avoir soulagé auparavant. Ne m’en demandez pas la raison, c’est comme ça. La société française semble s’être arrêtée à mi-chemin. Cela aussi, on peut le trouver délicieux.

A boy once questioned my delight
And I was ravished to retort:
The most depraved one is the sport
I cherish most, by Jove, tonight.

How come? He wondered. You, some swine?
I couldn’t answer but a smile
Sweet blushing smile supplanted while
I minded qualms that weren’t mine.

Don’t ever ask me things uncouth
It might remind me horrors past
And have Endymion wake, aghast
Rub eyes and rediscover truth.

[Es juckt mich und ich kratze mich diskret. Sich indiskret zwischen Haut und Schleimhaut zu kratzen ist ungehörig, obwohl es eigentlich niemanden etwas angeht, solange man niemandem hinterher die Hand gibt. Man könnte sich eine Welt vorstellen, die so pragmatisch wäre, es jedem, den es juckt, zu erlauben, sich in aller Öffentlichkeit wo auch immer zu kratzen, Schleimhäute eingeschlossen. Es wäre eine natürliche Welt. Michel Leiris schreibt davon, wie nackte Herrschaften („Kirdi“) während eines Gesprächs ungerührt, ohne sich auch nur wegzudrehen, Wasser lassen. Es ist Kolonialzeit, hat ihm nicht auf die Schuhe gespritzt, er findet es entzückend. Man kann es auch entzückend finden, wie sich jemand beim Smalltalk in der Nase bohrt. Vielleicht pflegte Harvey Weinstein so zu bohren. Von all den Dingen, die ich angesprochen habe, sind Rinder beispielsweise nur fähig, herumzustehen und dabei ungerührt Wasser zu lassen. Ich kann dies aus Augenschein bezeugen. Hat man einen exzellenten Camembert genossen, riechen die Fingerspitzen so, als hätte man einer Kuh, die es unterm Schwanz juckte, eigenhändig Erleichterung verschafft. Das ist ein Qualitätsmerkmal und gesellschaftlich akzeptabel – solch ein Riechen, meine ich, aber ohne vorheriges Erleichtern. Fragen Sie mich nicht, wie es dazu gekommen ist. Die französische Gesellschaft scheint auf halbem Wege stehen geblieben zu sein. Auch das kann man entzückend finden.]

12. Oktober 2018

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