samedi 20 octobre 2018

Trois fragments


1. Fragment non daté

Ne cherche jamais à connaître
D’où vient la main qui te cajole ;
Et fût-ce un ange qui te frôle
C’est bien la mort qui te pénètre.

Ne cherche jamais à connaître
Pourquoi, du coup, ce poing te frappe :
La vie n’est qu’une étrange étape
Sur le chemin du disparaître.


2. Ich wollt

Au bout d’un an, je suis revenu dans ma maison préemptée et fermée de par la loi pour faire un dernier inventaire avant démolition. Le monsieur de la mairie qui m’a ouvert le cadenas ne comprend rien et me parle, enthousiaste, comme tout sera beau une fois reconstruit et transfiguré en logement social. Une nouvelle vie fleurira sur les ruines. En attendant – c’est dommage que je n’avais pas mon appareil photo sur moi – la nature de la jungle, reprenant ses droits sur l’habitat déclaré insalubre, s’est mise à fleurir sur les ruines en question. Seulement, cela ne sera plus pour longtemps, cette beauté-là n’étant qu’un luxe de mauvaises herbes, du pur désordre d’avant. Et seulement, ils me l’ont confié, mes voisins expulsés et relogés sont malheureux comme des pierres dans leurs nouveaux quartiers salubres. L’un d’eux, on l’a tout droit expédié en maison de retraite, bonheur suprême. Du coup, on serait même tenté de mettre en doute qu’en matière de beauté, au-delà de celle due à la prolifération non contrôlée d’indésirables, il puisse en exister encore une autre. Mais pas la peine de contredire le monsieur de la mairie, c’est un homme jeune et bienveillant, quoique au regard un peu terne, sans doute France Insoumise.

Ich wollt, es käme nicht drauf an
Doch es kommt darauf an.
Ich wollt, es wär nicht schon vorbei
Doch es ist schon vorbei.

Ich wollt, es wäre mir egal
Doch ist mirs nicht egal.
Ich wollt, ich hätte nichts gesagt
Und hab kaum was gesagt.

Was sie auch schleifen und vernichten –
Die Zukunft wird es wieder richten.
Die Zukunft richtet alles und
Richtet sie alles auch zugrund.

(Le Paradis entr’aperçu par la porte cadenassée)


3. Wie eine Fernsehwelt

Die Tage haben es voneinander abgeschaut, sie haben quasi abgeschrieben: einer tut ganz genau wie der andere, sie sind allesamt so leer wie die Datumskästchen im Kalender. Doch aber kommt viel in ihnen vor, falls man plötzliche Schrecken zu den Vorkommnissen rechnet. Schrecken auf Schrecken an ansonsten leeren Tagen – so geht jetzt das Modell. Es erinnert an eine Fernsehwelt.

Nur nicht in die Ferne schauen
Liegt das Gute doch so nah.
Gut ist jeder Fehlalarm
Der auch schon mal unglaubhafter war.
Nur nicht den Orakeln trauen –
Noch sind letzte Tage sonnig warm.


Sommer oder Herbst 2017 / 19. Oktober 2018

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