vendredi 25 août 2023

Deux sœurs dans le malheur

i.

La paresse tue dans l’œuf.
Même pas sûr qu’on puisse parler de paresse
C’est la pré-paresse.

Un œuf, ça se couve
Et il faut de la paresse pour couver
Lui donner de la chaleur, rester dessus sans bouger
Idéal pour des paresseux ;
Or, la paresse tue dans l’œuf.
Surcouvé, ma foi.

Fait trop chaud, fait trop froid
Fait trop beau, fait trop mauvais –
La paresse n’est point dépourvue de ressort
Elle trouve toujours ses justifications
Pour trouver, elle n’est jamais paresseuse
C’est plutôt l’après-paresse.

La paresse, c’est toujours
Soit avant soit après
Mais jamais au bon moment.


ii.

Au bon moment, c’est l’énergie.
Faut l’avoir, celle-là
Faut l’avoir conquise une fois
Puis jamais perdue
Faut qu’elle couve sous la cendre
Pour pouvoir la sortir le moment voulu.

Quand c’est trop tard, elle est de trop. Cette énergie
Ne sert à rien lorsque les circonstances ne s’y prêtent plus
C’est alors l’énergie de trop, et en même temps gaspillée.

L’énergie et l’occasion, faut donc les deux.
Trop tôt dans la vie, c’est l’occasion qui manque
Et trop tard, eh bien voilà, c’est l’énergie.
L’énergie seule est passive
Voire vaine et nocive, brasseuse d’air ;
On ne le sait pas, mais elle a du mal à créer des occasions.

Elle est en ce sens la digne sœur de la paresse
Ou plutôt pas vraiment
Car la paresse, elle, sait les créer, ses occasions.

La paresse, après tout, est encore plus active que l’énergie.
Si les deux sont sœurs, elles le sont dans le malheur.


23 Août 2023

  [Frau Holle. Otto Kubel]

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