vendredi 27 juin 2025

Wechselspiel

Wenn ich etwas tief ins Glas schaue
Räkelst du dich unten wie im Sake-Schälchen

Nur ist es kein eigentliches Räkeln
Sondern eher eine Gymnastik des Herbeiwinkens

Wie sie eigentümlich ist denjenigen
Die schon zu weit weg sind, um sich diskreter zu melden.

Herbeiwinken und Abschied
Sind irgendwann nicht mehr zu unterscheiden.

Im Ta Tong, das es nicht mehr gibt
Haben wir meistens diskret die Schälchen getauscht

Du schobst mir den Herrn rüber
Ich dir die Dame, das war unsere Art von Spiel

Und weil ich kippte und du nipptest
Verschwand der Herr schneller als die Dame.

Keiner hätte ahnen können
Dass du vor mir gehen würdest.

25. Juni 2025


 

 

 

 

jeudi 26 juin 2025

Mémorielles

i.

Erinnerung hat weder Farben noch Töne
Ist kaum ein Spüren auf der Haut
Kommt fast ohne Geruch oder Geschmack aus
Überstrahlt aber dennoch, sinnlicher und lebendiger
Das Umgebende.

Die Ferne ist näher
Ohne Perspektive
Perspektivlos ist sie ganz Nähe

Nichts muss sie vermitteln.


ii.

Ton inaccessibilité
Tout de même posthume
Je la ressens particulièrement fort
Quand j’écoute chanter des voix. Dès lors
Je fais, moi aussi, partie de ceux qui en entendent
Mais puisque ce ne m’est ni une consolation ni une peine
Supplémentaire, je le mets au compte d’une oreille enfin attentive.


iii.

Could I be nigh, good heavens and sky
We would be one all over again
But mere thoughts can’t unite us twain no more.

You are so near the sun, I fear
I’ve lost you in this radiant crowd
Beyond the heights where I still watch ashore.

That upland brink, not quite a link
No rail nor trail to lead afar
Sheer lookout lets me long and yet ignore.


June 24, 2025

samedi 14 juin 2025

Sur ma terrasse

Le jasmin a dépéri, puis est mort en silence.
Le cœur lourd, j’en ai acheté un autre

Qui, lui, ne va pas bien non plus.
Je dois y être pour quelque chose.

Comment lui faire comprendre
Que je ne lui demande rien

Qu’il n’est pas obligé de fleurir
Ni même de développer beaucoup de feuilles

Mais que je ne l’ai pas mis là où il se trouve
Pour le voir se flétrir sans mot dire ?

Si mes gestes sont maladroits
Je ne suis pas aveugle

Et voudrais simplement
Qu’il s’y fasse un peu, à ma terrasse de pauvre.

13 juin 2025

mardi 10 juin 2025

Autodidactisme tardif

J’écoute chanter
Et je voudrais ressentir
Tes émotions plus fortes quant aux
Voix, et probablement plus fortes partout.

Tu les as emmenées dans la tombe, ainsi
Je ne puis qu’essayer de les égaler, car il semble
Possible d’acquérir le don des émotions par émulation.

Mais puisque tu n’es plus là, je dois
Compter sur moi-même.

9 Juin 2025

mardi 3 juin 2025

Ὁ θεὸς Χρόνος

1. Notwendigkeit

Jugendliebe, die letzte ihrer Art:
Hätte sie nicht so weit gestrahlt in die Vorjahre
Was wäre aus jener Zeit geworden? Sie
Wäre verschwunden wie die Kindheit meistens.

Als das Bleibende kam, war das
Vergängliche
Schon eingegraben.


2. Vom Jahr danach

– Mein Tod hat dich anscheinend zum besseren Menschen gemacht! 
________________________________________höre ich
Ihre sanfte Grabesstimme sagen.

– Stimmt, der war dazu nötig. Nicht sehr nett für dich, das verstehe
 ___________________________________________ich.

– Posthume Nettigkeit ist keineswegs ungewöhnlich.

– Braucht es denn soviel Alltäglichkeit, bevor man zu einem selbst
 ________________________________wird? erwidere ich.


 3.  Synthese

Das Tier weiß nicht von Sterblichkeit;
Der wache Mensch kennt sie verschwommen
Und fürchtet zwar Verderblichkeit
Doch träumt, es möge noch was kommen.

Ich heisch nicht goethisch um mehr Licht
Denn auch an Logik glaub ich nicht.


θεὸς Χρόνος


1. Nécessité

Amour de jeunesse, le dernier de son genre :
S’il n’avait pas illuminé de la sorte la préhistoire
Où serait-il, ce temps ?
Perdu comme presque la totalité de l’enfance.

Lorsque le pérenne est venu
L’éphémère
Était déjà gravé dans le marbre.


2. De l’année suivante

– On dirait que ma mort t’a rendu brusquement meilleur, 
[m’affirme-t-elle
De sa douce voix d’outre-tombe.

– C’est vrai, il m’a fallu ça. Pas très gentil pour toi, je le conçois.

– La gentillesse posthume n’a rien d’extraordinaire.

– Faut-il tant de lieux communs pour devenir soi-même ? lui
[rétorqué-je.


3. Synthèse

La bête méconnaît sa mort ;
L’homme, éveillé, sait à peu près
Où il va, puis craint pour son sort
Tout en fantasmant d’un après.

Moi, j’attends grâce à la musique
Des sphaignes le bourdon cosmique.


3 Juin 2025

vendredi 16 mai 2025

Archaïscher Torso

„Nähe des Wunsches, zu sterben, weil ich die Sehnsucht nach dem ‚göttlichen Knaben‘ nicht länger ertrage. Gottlob schlief ich etwas.“
                                                                       Thomas Mann, Tb 6.8.1950*

Der Thorax, der durch Poren sieht, wenn nicht
Gar Nippel wie Pupillen, ist ein Bild
Das den erröten lässt, der ihn erfühlt –
Den Gott, noch im Fragment, ohne Gesicht.

Was alles wäre, bleibt auf je unsagbar:
Kannst du der Sonne denn, rücklings im Gras
Ins Antlitz blicken ohne schwarzes Glas?
Wahrheit ist ungefiltert nicht ertragbar.

Ich wüsste nicht, warum wer nicht verstünde
Der nackten Brust mehr als dem Kopf zu trauen
Des andern Haut, nicht Augen, anzuschauen

Als sei die pure Lust schon Durchschnitt, Sünde
Als bräuchte es auch noch Freundschaft, wenn man liebt
Und Einverständnis, das es eh nicht gibt.

16. Mai 2025
 
* etwas nüchterner, aber auch schüchterner als Rilke der so billigen, so alltäglichen und natürlichen Schönheit eines jugendlichen Oberkörpers ansichtig geworden. Immerhin wurde Apollos Brutalität erkannt.

lundi 12 mai 2025

Vue de loin, vue de près

 i.

Une partie de toi, je l’aperçois
Bien mieux depuis que tu es loin de moi –
Il a fallu cette distance pour
Que notre proximité soit à jour.

Avant déjà, l’absence servait notre
Unité mieux qu’être l’un avec l’autre ;
La vue est souvent floue d’un peu trop près
Lorsqu’on a ses binocles sur le nez.

Pour étudier le détail d’à côté
Fort myopes qu’on était, on les ôtait
Embrassant à l’œil nu les grandes causes
Telles mes lubies ou tes lèvres roses.

Même la mémoire, elle, n’est point nette :
Je ne sais plus, quant aux fichues lunettes
Si je t’ai enterrée avec ou pas
Vu que tu m’es si proche au loin là-bas.


ii.

Le soir, au lit comme enfoncé dans un sillon
J’attends parfois très tard, mais je ne sais plus quoi
Car tout s’embrume quand l’esprit reste immuable.

Or, je ne vois pas de conclusion plus probable
Qu’en fait, j’attends encore ton retour à toi.
Qui d’autre cela pourrait-il être, sinon ?


iii.

Le nez se fait oreille, et la peau mue en œil
Le cerveau sent, la langue voit ou s’imagine
Rien n’est plus perçu par l’organe d’origine –
Ainsi, mille bonheurs deviennent un seul deuil.


7 Mai 2025

jeudi 1 mai 2025

La chemise

Je vis dans une mégapole tout de même, et dès que je sors de ma tanière, il y a des choses à observer. Peut-être pas grand-chose, mais des choses.
Cette après-midi par exemple, en prenant le métro, mon attention fut attirée par deux personnes descendant l’escalier devant moi, couple assez spécial, constitué d’un garçon, vaguement indien, d’environ vingt ans, à la crinière bouclée, les longs bras dénudés ultra-minces ornés aux poignets de bracelets tressés genre Lembrança do Senhor do Bonfim da Bahia, pantalon large genre jupe, top en soie noire genre chemisier tombant, petit sac à main de nana, véritable apparition accompagnée d’un mec ordinaire. Si ordinaire que je pensais : dis donc, chez les ordinaires, ils ont parfois de ces apparitions dans la famille... De prime abord, je ne pouvais pas m’imaginer un lien autre que celui dû au hasard du sang.
Une fois dans la rame, je me débrouillais pour être assis en face d’eux, et je constatais que ce garçon, à la pomme d’Adam saillante et à la voix tout à fait masculine, tripotait ses beaux cheveux sans cesse, qu’il recelait au fond de son sac à main un minuscule flacon de parfum, cherché plusieurs fois pour se tamponner sous les lobes après avoir écarté d’un grand geste son abondante chevelure, et que, riant sans cesse de façon presque maladivement affectée, en dépit de ses lunettes qui lui conféraient un petit air intello, il était si bêtement maniéré qu’il ne pouvait que m’émouvoir, notamment parce que, nonobstant ses énormes efforts, cette créature n’était pas aussi jolie que ça en fin de compte – du prolo lourdement pomponné, somme toute, et hélas ils ne savent pas se pomponner en finesse, les pauvres. Puis, tourné vers lui et semblant
l’admirer, à ses côtés ce type assez rustre, trapu et barbu genre islamiste, en apparence pas la moindre ambiguïté dans le regard franc. On lui aurait donné le bon Allah sans confession.
S’agissait-il en vérité d’un couple de tourtereaux ? Manifestement oui, car en se levant le garçon efféminé prit le type par le bras, et juste auparavant, celui-ci lui avait souri trop suavement pour un homme non amoureux. Le dernier doute était levé lorsque je me rendis tout à coup compte que l’élément viril portait, un peu ouverte sur le torse, une chemise avec plein de broderies fort colorées, genre cadeau fait au nounours par madame. Il m’a fallu arriver presque à la fin du spectacle pour le remarquer, tellement la dégaine flamboyante du garçon délié avait monopolisée mon attention bienveillante.
Quoi en déduire ? Que le genre est flou même chez les barbus, les velus et les hirsutes ? Non, mais que j’ai toujours un certain nombre de préjugés qui m’empêchent de percevoir tout de suite une chemise outrageusement brodée, pour peu qu’elle soit portée par quelqu’un qui,
a priori, n’attire pas mon attention d’ethnologue partial. L’œil du poète a encore des efforts à faire.


Lorsque l’œil participe, il ne participe qu’à moité
L’autre moitié, ce n’est pas tellement l’œil
L’autre moitié, c’est la chemise.

Pourquoi faut-il toujours en porter une ?
Serait-elle plus forte que tout ?
S’imposerait-elle ?

Moi, qui apprécie plus que toute autre chose la retenue
J’ai dû apprendre que sans un peu de visibilité
L’énigme même reste cachée.

29 Avril 2025

lundi 28 avril 2025

Du salut sur terre

La gratitude est une chose, le remerciement en est une autre.
Certains jours, je sais ce qu’il faut que j’entende pour aller mieux tout de suite. C’est magique. Mais pas la peine de remercier l’artiste, la musique est faite pour. Comme tout art, elle sauve d’abord celui qui la fabrique. J’ai du mal à m’imaginer comment on peut être complètement heureux sans avoir fait quelque chose dont on est content, ne sachant donc pas comment on pourrait l’être en simple consommateur. La consommation du beau n’est certes pas mal – la preuve ! – mais le produire est cent fois mieux, pour peu qu’on veuille s’y atteler.
Parfois, ça va plus loin. La seule présence de quelqu’un apaise et rend même heureux. Sans recourir aux grands mots, il aurait fallu que je remercie quelqu’un pour avoir été là et de ce fait m’avoir sauvé. Je sais de qui je parle. C’est que pour quelqu’un d’étanche à la prétention des cultes qui promettent d’avoir le knack de le faire, il est formidable d’avoir été sauvé quand même. Et si jusqu’à présent je continue de l’être, comme ça, séculièrement, en toute profanité, sans le concours d’un transcendant charlatanesque quelconque, je n’ai hélas plus aucune possibilité pour démontrer ma gratitude. Alors, je fais comme si, en remerciant publiquement à la place  ce qui, j’en suis conscient, va dans le vide sidérant qui nous entoure.


Capable de survivre en solitaire, l’être humain n’est pourtant pas fait ___________________________________________pour.
Ce fut un long chemin pour arriver à l’autosuffisance
Un chemin très sinueux, très européen.

Mais même l’Européen, en principe
Autosuffisant en tant qu’individu par effort millénaire
Se trouve un peu dans la merde quand son système intellectuel vire _______________________________________au sérieux.

Je pense ce que j’ai envie de penser, il n’y a aucun doute là-dessus
Mais depuis que tu me fais défaut en tant qu’interlocutrice
Je reviens aux racines africaines de l’espèce humaine.

Je me fais chier comme ce n’est pas permis
Et on peut uniquement dire que je me débrouille quand même
Depuis que mon occidentalité d’être autosuffisant est mise à si rude _________________________________________épreuve.

27 Avril 2025

dimanche 27 avril 2025

Du besoin

Les besoins des gens sont différents, et souvent limités.
Pour la plupart d’entre eux, il n’y a aucun besoin
De lire des remarques comme celles qui suivront, par exemple.
Aller au-delà du strict intérêt physiologique
Est considéré comme une faveur que l’on fait au prochain.

C’est facile de dire : j’ai déjà tout, je n’ai plus besoin de rien
Mais s’il fait froid, tu te chauffes
S’il fait chaud, tu te cherches à boire
Et s’il se met à pleuvoir, tu ressens vite le besoin d’être au sec.
La réelle absence de besoins qualifie l’encore-plus-mort-que-mort, _______________________________________c’est sûr.

Puisque tout change, le besoin change, lui aussi.
Au fond, il reste néanmoins toujours pareil :
Telle cause, tel besoin –
On persiste tellement dans le besoin circonstanciel
Qu’on se demande si c’est vraiment fini après la mort.

Les Égyptiens, métaphysiciens, étaient convaincus du contraire.
Moi, qui ai enterré une princesse égyptienne
Car elle ressemblait de plus en plus à Néfertiti, ma fière
Je lui ai mis quelque chose dans le coffre de voyage.
Au cas où. Elle le sait, mais à vous, je ne le dirai pas. Nul besoin.

25 Avril 2025

samedi 26 avril 2025

A bacio del grembo

                                        “io lo posseggo: gelido.”
                                                                Quasimodo, L’angelo

La chaleur du corps n’est d’abord qu’abstraction
Chaleur ou froideur ne sont que des principes.

Pour savoir ou ressentir
Il faut la toucher, cette chair ou cette pierre :
Embrassé, le ventre dénudé s’avère un brin fiévreux
Et le marbre t’étonne, si chauffé par le soleil.

Je t’ai touchée morte
Mais même là-bas, là-dedans
Tu me semblais avoir gardé ta chaleur –
La mémoire était plus forte

Et puisque tu dormais et ne gisais point
Avec des sens plus aiguisés
J’aurais sans doute senti m’effleurer ton haleine
Et entendu battre ton cœur.

Comme le printemps chasse l’hiver
Comme le rite subjugue la logique
La vie l’emporte sur le gel
Même si ce n’est plus qu’une seule, la mienne.


[Die Wärme des Körpers ist zuerst nur eine Abstraktion
Wärme oder Kälte sind nur Prinzipien.

Um sicher zu sein und zu empfinden
Muss man ihn berühren, den Leib oder Stein:
Küsst du ihn, scheint dir der bloße Schoß fast zu glühen
Und der Marmor überrascht dich, so erwärmt von der Sonne.

Ich habe dich berührt, als du schon tot warst
Doch selbst dort unten und da drin
Glaubte ich, noch deine Wärme zu fühlen –
Die Erinnerung war zu stark.

Weil du nur schliefst und nicht im Tode ruhtest
Hätte ich, wären meine Sinne fein genug
Zweifelsohne deinen Atem auf meiner Haut gespürt
Und dein Herz schlagen gehört.

Wie der Frühling den Winter vertreibt
Und der Ritus die Logik bezwingt
Siegt das Leben über den Frost
Auch wenn es nun nur noch eines ist, das meine.]


24. April 2025

vendredi 25 avril 2025

Souvenirs de jeunesse

1. Le temps des intérêts

Dans mon adolescence, certains du même âge auxquels je m’intéressais m’ont justement reproché de faire trop attention. Ils me disaient que j’avais tort de toujours les observer, car de ce fait je les mettais mal à l’aise et leur donnais même envie de me fuir, m’assurant qu’ils se rendaient parfaitement compte qu’aucun mouvement, fût-il le plus fugace et subtil possible, n’échappait à mon regard implacable, que le moindre frissonnement de leurs lèvres était enregistré, et qu’on le voyait à mon expression, puisque je ne m’en cachais même pas. Je me taisais, mais j’aurais dû leur répondre insolemment : Et vous alors ? S’il ne leur échappait jamais que rien ne m’échappait, qui a observé qui, en somme ? On était tous pareils, non ? Comment ont-ils pu prendre la mouche et se faire passer pour des innocents ? Des minauderies de leur part, voilà ce que c’était !

Quand je me penche sur le passé
Le passé très ancien, presque l’enfance :
Que de reproches ! On en subit à la pelle dans sa jeunesse.

Il a fallu grandir
Grandir sans énormément changer
Pour que ces reproches diminuent, puis cessent.

Il a fallu tout de même
Que j’arrête de m’intéresser de la sorte
Pour que mon regard, pourtant resté froid, ne scandalise plus.

En fait, on m’a reproché de ne m’intéresser
Qu’à moi-même, de ne suivre que mes intérêts à moi
Lorsque j’étais persuadé de porter de l’intérêt à quelqu’un d’autre.

Cela m’a appris une chose extrêmement simple :
Il faut classer les objets de nos intérêts
D’après leur degré de distraction.


2. L’œil de la Providence

À la même époque, j’avais systématiquement l’impression « qu’il ne se passait rien » puisque je n’étais pas au bon endroit, qu’il me fallait déménager où se passaient les choses, et que ma seule difficulté était de le trouver, cet endroit magique, le centre des événements, convaincu qu’une fois arrivé, je serais entraîné d’office dans le grand tourbillon. Je ne savais pas encore que ma nature contemplative ferait de moi, où que je sois, un simple spectateur, et que ma passivité d’observateur me condamnerait à tout jamais à rester en dehors du jeu.

On se demande
Si tout n’est pas un problème d’œil divin.
Dieu voit tout, comme on sait
On ne peut rien cacher à son machin triangulaire
Mais il n’agit pas, n’entre jamais en jeu et ne participe à rien
Tout ce qui arrive sur terre
Se passe sous son regard sans qu’il interfère.

Paresse ou incapacité, nonchalance ou impuissance ?
Si sa passivité face aux déflagrations
N’était pas pareille à la nôtre, celle des poètes
Autrement dit, d’esprits purs dans leur tour d’ivoire
Ce serait franchement inexplicable.

Il faut nous pardonner les choses, comme disait l’autre.
On est acteur ou public, jamais les deux à la fois
Et en tant que public, on ne peut qu’applaudir les acteurs
S’affairant, excités, en contrebas, sur la scène
Pour peu qu’ils nous convainquent
Et que la pièce soit dès lors bien jouée
Même s’il s’agit d’un drame grotesque et des plus sombres.


23 Avril 2025

jeudi 24 avril 2025

Professions de foi

Tout à coup, il s’excite, lui aussi incapable de se retenir : « La sécrétion, gluante d’humanisme, de braves gens a fini par inonder tout le petit espace littéraire. La suavité de leur sourire ne trompe pourtant pas : ces pacifistes qui l’excrètent avec, à la bouche, la pureté des enfants, auparavant ont fait évacuer brutalement la salle, vidée de tous ceux qui refusent de jouer aux révérends pères, dont aucun miel ne tombe des lèvres doucereuses lorsqu’ils s’affairent. Or, uniquement nos pédophiles déclarés ont le droit d’épancher leur émoi constant sur le sexe inabouti des anges, et aux seuls papes, dignes successeurs de pornocrates, il est loisible de prêcher, urbi et orbi, la paix sur terre, silence des armes en principe obtenu cul nu, par soumission intégrale. Comparée à eux, et à leur terrible conséquence, l’inconsistante poétaille ne se présente pas seulement en amas écumeux, mais cette masse étoilée, aux limites floues, est par surcroît d’une inutilité flagrante. Grâce à l’indifférence du public, leurs déjections abjectes, possédant dans le meilleur des cas le charme du puéril, s’exposent désormais sur les étals des places les plus illustres. »
L’autre lui répond calmement, mais avec quelque vigueur : « Mais qu’est-ce que tu as donc contre les flics gentils ? Ne sois pas, toi aussi, gangrené par les bons sentiments ! Voudrais-tu retourner à l’époque barbare où les exécuteurs des hautes œuvres étaient tous des staliniens ? Le mielleux en stalinien, cent fois pire, ravageait jour et nuit notre monde étriqué, même s’il y avait encore, ça et là, des purs et durs dans le peloton. »

En matière de croyances
On est automatiquement dans de beaux draps :
Bougre ! Dès qu’on en parle
On les trahit – et l’on se trahit, et je ne sais quoi encore.

Le pape qui vient de décéder, par exemple
Pas pornocrate pour un sou, car cette époque est revolue
Mais un gars ayant probablement la veine pieuse
Ce pape honnête, il va être déçu.

C’est ce que je me dis à chaque fois
Que l’un d’eux s’en va
Sûr d’être reçu par une accolade de la part du maître des lieux
Et personne à l’accueil, rien, pas même un diable.

Bon, il ne s’en rendra pas compte, le pauvre
Puisque, justement, l’occasion ne le lui permettra plus
Mais même dans le noir le plus complet
Une déception reste toujours un peu une déception.

La certitude que j’ai, moi, de retrouver ma belle
N’a rien à voir avec ça : si l’espoir nous faisait défaut
Même sans être sectaires, on ne se racontait jamais de blagues
Et voilà pourquoi, fût-ce dans le vide, inséparables on se rejoindra.

Maintenant, ceux qui sont convaincus de mille et une choses
Et en professent le double
En vrais pros, tout chez eux vise la félicité ici-bas et rien qu’elle
Alors qu’aucune ressource n’est gaspillée pour l’au-delà.

22 Avril 2025

mercredi 23 avril 2025

La sublimation finit à la tombe

La sublimation finit à la tombe
Elle ne s’y arrête pas, elle y finit.

Désormais, je dors seul dans mon lit
La tentation est moindre, je devrais donc sublimer

Ma tâche biologique, je l’ai du reste accomplie
J’ai déjà proliféré
Restait la sublimation.

Elle était difficile avant
On sentait trop la chair

Maintenant, c’est l’absence
C’est la proximité mentale de l’ossuaire
Qui m’empêche de sublimer.

21 Avril 2025

mardi 22 avril 2025

D’inavouables ressorts

Se sachant belle
Elle aimait me procurer du plaisir
En un certain sens tout simplement maternelle

Mais il n’y avait rien d’incestueux
On était à égalité.

C’est acceptable d’avoir un truc maternel
Comme un petit penchant venu droit du fond des âges
Face à l’autre qui, lui, peut faire preuve de réflexes de protection

Mais c’est infinitésimal.
Maternalité ou paternalité à doses homéopathiques
Sinon, c’est ignoble, on a envie de prendre la poudre d’escampette.

Je ne supporte déjà pas
Qu’on me beurre ma tartine le lendemain.

Il faut que tout soit profondément lié au plaisir
Il faut entendre le rire de l’autre derrière
Nos purs éclats de camaraderie

Lorsque, naturellement, on se permet
D’avoir recours à l’anachronique
Aux ressorts inavouables.

20 Avril 2025

[ILLUSTRATION : FILS]

lundi 21 avril 2025

Persistance

i.

Elle persiste.
Je savais bien qu’elle allait me rester
Mais elle persiste plus intensément qu’une image.

En attendant, le temps avance un petit peu sans la chasser.
La tolérant auprès de soi, il lui suffit d’évoluer
En surface, dans les profondeurs, elle

Me contemple de manière drôlement fixe, du regard qu’elle a
Lorsqu’elle se met à m’observer, avec tendresse
Et un brin d’amusement

Telle une mère qui contemple son enfant en train de jouer
Car elle me dépasse désormais beaucoup en âge
L’éternité lui donnant de la bouteille.

Parfois, elle posait donc son regard longuement sur moi
Il me fallait faire une blague pour briser le charme
Mais souvent, ça ne marchait même pas.

Dorénavant, pareille pudicité serait mal à propos.
Je le sens, son regard, je le laisse sur moi
Et ne réagis plus

Tout en sachant que je ne mérite pas autant d’amour.
Ou peut-être enfin un peu. En tout cas
C’est en regard qu’elle persiste.

Puisqu’elle ne se détourne pas
Sa présence, son accompagnement est
Apaisante observation. Si peu a changé, après tout.


ii.

J’ai une telle envie de la rejoindre
Que je me transforme tout entier en son égal
À mon tour rien que regard, rien d’autre
C’est pour lui répondre.

Puisque nous n’avons plus besoin de nous parler
Nous nous limitons aux regards soutenus
C’est à travers eux que nous communiquons
À la manière des morts.

La connivence manifeste qui nous unit
Débarrassée des mots
Fait de nous de simples formes
De mutuelles omniprésences aériennes.


19 Avril 2025

dimanche 20 avril 2025

Du neuf

i.

Tout s’ancre dans un passé composé
D’expériences drôlement complètes :
Je doute que j’aie changé d’opinion
Ou même senti d’autres émotions.

Je me souviens des combats de jeunesse
Et me rappelle mes émois enfuis ;
Ces occasions, je ne les ai plus eues
Mais c’était bien moi qui les ai vécues.

Puisque je comprends toujours qui j’étais
Il me plaît de répéter mes erreurs.
N’apprenant jamais rien, je me fabrique
Ma collec d’étincelles mirifique.


ii.

L’arbre devant ma fenêtre est parti très vite.
Il y a quelques jours, encore rien
À peine, en guise d’espoir, des bourgeons minuscules
Puis les fleurs sont arrivées presque en même temps que les feuilles.
La désolante nudité pendant ce très long hiver en valait la peine.

J’ose me comparer.
Toujours rien
Peut-être un léger balbutiement, va savoir
Mais vous n’allez pas en croire vos yeux quand tout éclatera au même
_________________________________________instant.
Eh, les gars, c’est rien que pour ça que je me retiens encore.

 

iii.

En principe, le nouveau se distingue de l’ancien précisément par sa nouveauté. Même si c’est peu de chose, cela suffit pour lui conférer un certain attrait à première vue. Or, c’est le charme du neuf qui, hélas, ne peut que pâlir d’envie face au charme de l’ancien. Le nouveau doit d’abord faire ses preuves, et lorsqu’il les a faites, il a cessé d’être vraiment nouveau. Le seul nouveau qui a peut-être quelque existence réelle est le nouveau vieilli, le nouveau condamné à friser l’ancien. Moi, personnellement, frisant la vieillesse, dans ce cas, je ne le trouve pas très intéressant, et encore moins souhaitable. Mais à qui le dis-je ?


Avant, j’entendais le périph.
On a modernisé, limité la vitesse, je ne l’entends plus.
On a modernisé, oui, le voisin a installé une pompe à chaleur.
Je l’entends.
Le bruit du périph était moins désagréable car changeant.
Le ronron plus moderne de la pompe à chaleur est toujours pareil.
Qu’il ne change jamais est vraiment emmerdant.
Ce n’est pas une surprise, on ne peut pas
Se soustraire à la modernité qui ne change pas.
C’est ça la vie. Rien ne s’améliore
Mais les choses évoluent vers l’identique généralisé.
Cette néoplasie indique une espèce de cancer ;
Seulement dans la tombe la vie te foutra enfin la paix
Et tout ne sera plus toujours pareil.


iv.

J’ai trop bougé
J’ignore ce qui est un peuple, ein Volk
Ou comment faire pour l’être

Mais je sais qu’il meurt
S’il ne se renouvelle pas en se transformant.
Je reconnais l’agonie de masse.


v.

Le neuf, c’est du vocabulaire
Je suis assez âgé pour l’avoir entendu.
La langue change même au cours d’une seule vie.

Si j’entends la langue du passé
Je m’en rends compte, elle sonne désormais
Non pas démodée mais un peu perdue.

Ce qui est perdu est un peu comme la musique
À la limite du rêve
Si ce n’est pas exactement la musique du moment.

L’entendre te rend heureux et triste
Ou plutôt triste et heureux
Je ne sais jamais ce qui vient en premier.

Le neuf en revanche, dès que tu t’y trouves embringué
Les choses sont très claires, et c’est gênant :
Il n’y a plus aucun doute sur rien, et pas la moindre contradiction.


18 Avril 2025

samedi 12 avril 2025

Lorsque les musclors s’y mettent

Ayant toujours pris certaine philosophie française pour un phénomène essentiellement mondain, et ses représentants pour de phénoménaux dragueurs en peau de lapin philosophe, je me trouve confirmé par une vieille nouvelle d’Ovalie.
« Arrivé à l’intersaison, le double mètre sud-africain Ross Carson Skeate, 30 ans, 116 kg, s’est affirmé comme un titulaire indiscutable de la deuxième ligne agenaise. Et tout le reste n’est pas que littérature. Le tatouage est sur sa cuisse droite : “ A man is nothing else but what he makes of himself ”. Traduction : “ L’homme n’est rien d’autre que ce qu’il fait ”. Tirée de “ L’existentialisme est un humanisme ”, la citation est de Jean-Paul Sartre. » [Source, également des approximations parlantes : La Dépêche, le Petit Bleu d’Agen. 10/10/2012]

 

1. En mode métaphysico-gnomique

La peau, voulant se faire oublier, tourne au translucide
Mais, du coup démodée, se met à briller de plus belle.
Celui qui voudrait voir à travers elle
La confond couramment avec la chair, sitôt turgide

Puis, convaincu à tort qu’elle a fini par disparaître
Perdu face à cette énigme éternelle
Évacue de sa tête même ce qu’elle révèle
En croyant regarder juste à travers une fenêtre.

Y a-t-il de champ plus large que celui, anatomique
Qui s’offre sous un voilement que scelle
Telle une neige le désir qui mêle
Le fatidique instant au calme d’un présent gnomique ?

– Veux-tu être œil ou vue ? – J’hésite à force de devoir
Aussi percer ma pellicule à moi pour percevoir.


2. En mode polysémico-comique

– As-tu déjà senti le pouls pervers de l’univers
Cet œuf durci, à la fois extensible et rétractable ?
– Oui, je l’ai fait, bien sûr, en l’écrasant contre une table ;
Entends alors ce que j’ai découvert :
 
Indépendamment de son aspect, clair, café crème ou bariolé
L’œuf, une fois écalé, est tout blanc tout nu.
En retirer la peau est une tâche plus ardue.
– Y inclus-tu aussi, coco, celui rosâtre ou violet ?

– Je parle d’œufs en général, et comment on les pèle.
– Seraient-ils comestibles ? – On les gobe, ou les avale
Libérés de leur tégument, fourreau, coque ou écale.
– Tu as raison de préciser car ton ton m’interpelle.

– Tonton n’y connaît rien aux œufs, c’est moi qui te réponds.
– Mais c’est toujours tata la poule qui les pond.


4 Avril 2025

mardi 1 avril 2025

Das Bild bleibt scharf

   „… im Scheitern nicht entlarvt“
                                       Jaspers. Cusanus, 6,2


i.

Steig ungern in die Dunkelheit
Hinab, bleib lieber oben
Doch wenn es sein muss, kann ich auch
Der Hölle Blitze loben.


ii.

Ihr bittet mich um nichts, drum tu ich nichts
Red mit mir selbst im schattigen Abseits
Fall keinem auf, doch wäre stets bereit
Und träte anstandslos ins hellste Licht.

Wer nur so dasteht, sieht, wird nicht gesehn
Beobachtungen häufen sich zur Fülle
Und scheint euch auch, es mangeln Schneid und Wille
Fehlt höchstens der Reflex sich wegzudrehn.

Das Restchen, das noch lebt an Gegenwart
Genügt, das Heft zu zücken und zu schreiben
Von Stillstand, denn es lohnt sich erst, zu bleiben
Wenn, was sich regen sollte, auch verharrt.

31. März 2025

lundi 31 mars 2025

Lointaines origines

1. Prager

Ein Werfel war nach Augenschein
Kein Kafka und kein Rilke nicht.
Ist es ein Fluch, aus Prag zu sein?
Mein Vorfahr* stemmt sich hoch und spricht:
     „Die Stadt war selbst zu jener Zeit
     Nur eine Art Gelegenheit.“

Längst modert Vorfahr auch im Grab –
Wo, das ist leider unbekannt.
Klingt Grab nicht umgekehrt wie Prag?
Vermutlich liegt es auf der Hand:
     Ein Ort ist wie des Künstlers Kleid
     Indiz und Tarnungsmöglichkeit.

 

 * Fritz Menkes, Kunstmaler, Prag.

 

2. Lloc mític

Podríem parlar d’ella com una illa flotant, però
No flota, està perfectament ancorada, i només sembla mítica
Perquè no hi he tornat a posar els peus mai més.

Molt sovint, evitar-les és la millor manera
De mantenir les arrels intactes.

[Podríamos hablar de ella como de una isla flotante, pero no flota, está perfectamente anclada, y sólo parece mítica porque nunca más volví a poner un pie allí. Muy a menudo, evitarlas es la mejor manera de mantener las raíces intactas.]



30 de Marzo 2025

  [El año que nevó en Mallorca]

jeudi 6 mars 2025

Gaucher contrarié

Als ich Linkshänder schreiben lernte, hielt man mich dazu an, es mit rechts zu tun. Das Ergebnis ist, dass ich von klein auf schnell Krämpfe bekomme. Als ich begann, linksläufige Schriften zu erlernen, hinderte mich niemand mehr, mein Lieblingspfötchen vorzuziehen. Das war in doppelter Hinsicht praktischer. Rechtsläufige schreibe ich also mit der schwächeren Hand, gerade so, wie man es mir zuerst beigebracht hat, und linksläufige mit der stärkeren. Obwohl mir das Schreiben mit der stärkeren selbstredend leichter fällt, habe ich mit den Sprachen, die ich mit links schreibe, mehr zu kämpfen als mit denen, für deren Schrift ich meine rechte benutze. Ich lese eine linksläufige, die mir doch glatter von der Hand geht, auch nicht so mühelos wie die rechtsläufige lateinische. Wer mich Linksläufiges notieren sieht, überschätzt meine Übung und mithin meine Sprachkenntnisse: Hebräischen, jiddischen, arabischen oder persischen Text schreibe ich einfach entspannter und auch fast flüssiger als muttersprachlichen, und weil sich meine gute, meine linke Hand so darüber freut, einmal aktiv werden zu dürfen, dankt sie es mir zudem mit ungewohnter Eleganz, einer Eleganz, die Rechtshändern beim Schreiben in diesen Schriften zuweilen fehlt. Einmal mehr macht der gaucher contrarié die Erfahrung, dass das weniger Ursprüngliche das Natürlichere sein kann, oder zumindest so erscheinen mag.

Weil Richtiges mit Falschem sich
Vermählt in jeder Kunst
Macht man am besten andersrum
Was andersrum nicht funzt.

Wüsst ich zuvor, wohin du mir
Davonläufst, wenn du fliehst
Wüsst ich doch nicht, was aufwärtsquillt
Und dennoch abwärtsfließt.

Weil stets von vorn ein steifer Wind
Dem Kind entgegenweht
Sieht es auch dann nach Fortschritt aus
Wenn alles rückwärts geht.

גרינג איז דורך צופאל שווער, און שווער

.איז גרינג, דאָס איז די קשיא

צו זיין א לופטמענטש איז פיל שווערער

.ווי צו פארקאָכן א קאשע


[Lorsque, gaucher, j’ai appris à écrire, on m’a obligé à le faire de la main droite, avec le résultat que, depuis, je me fatigue vite. Quand je me suis mis aux écritures sinistroverses, celles qui vont de droite à gauche, il n’y avait plus personne pour m’empêcher de le faire avec ma mimine préférée, chose doublement pratique. L’alphabet latin, dextroverse, je l’écris donc avec la main la plus faible, parce qu’on me l’a appris comme ça, et ses pendants sémitiques, par exemple, avec la plus forte. Il m’est bien entendu plus facile d’écrire avec cette bonne main, ma gauche, mais les langues qui ont recours aux sinistroverses me sont bien moins familières, et je les lis aussi avec moins d’aisance. Or, qui me voit les écrire surestime mes connaissances : c’est que je suis tout simplement plus détendu en notant, avec ma gauche, du texte en hébreu, en yiddish, en arabe ou en persan qu’avec ma droite quelque chose en ma langue maternelle qui s’écrit, pour ainsi dire, dans le mauvais alphabet. En plus, ma main gauche, ravie d’être enfin sollicitée, m’en remercie en conférant à mon geste une élégance qui peut manquer à ceux qui utilisent leur droite. Une fois de plus, le fait d’être gaucher contrarié m’apprend que l’originel n’est pas forcément le plus naturel, ou du moins ne le paraît pas.]

26 Février 2025

mercredi 5 février 2025

T’enyoro

Zuweilen trifft Verlassensein das Herz in jäher Fülle:
Im Sessel dösend, plötzlich ausgesetzt Jordi Savall
Und es ist, wie dem Wehrlosen nicht sanft, sondern brutal
Das eigne Wesen aufzudrängen gegen seinen Willen.

Nicht wüsste ich, betäubt von Schlaf, warum die Gamben stören;
Vielleicht ist es ihr Mangel an Erregtheit, der erregt
Wenn diese kaum durchbrochne Stille in sich selber schwelgt
Und – weil ich nicht beherrschen kann, wie meine Wünsche hören.

Nicht bist du da als Mittlerin der ungebetnen Töne
Allein durch Gegenwart, so wissend nachsichtig die Hand
Auf meinem Arm, so ruhig mit der Ruhe mich versöhnend

Dass, einzig deinem anders lauschenden Musikverstand
Vertrauend, Muse, tauchend ein ins fremde Element
In das mir Angetragene ich mich ergeben könnt.

4. Februar 2025

mardi 4 février 2025

Payoff and Liability

1. Backwater Peace

Wirkliche Ruhe gibt es nur in der ganz großen Stadt. Sich ernsthaft zurückzuziehen ist eigentlich nur dort möglich, wo wir so eng aufeinanderhocken, dass Diskretion und mithin gesundes gegenseitiges Ignorieren zur Naturnotwendigkeit wird wie in der funktionierenden Ehe. Wer nicht in einer sehr großen Stadt lebt, weiß vermutlich nicht, dass es möglich ist, seine unmittelbaren Nachbarn nicht zu kennen – nicht: sie nicht zu grüßen, sondern tatsächlich nicht zu wissen, dass man beispielsweise diesen Mageren in seiner objektiv stets etwas ausgefallenen Kleidung nach einem Jahrzehnt bewusst erkennen und zumindest grüßen müsste. Grußlosigkeit hat hierzulande nichts mit Unhöflichkeit zu tun, sondern mit verinnerlichter Etikette. Wird einmal dennoch gegrüßt, entgegnet dem übergriffig Grüßenden die Verblüffung im Gesicht des Gegrüßten, falls der es überhaupt bemerkt hat. Und hat er es bemerkt, wurde jedenfalls zu laut gegrüßt.
Andererseits erfährt man von Zeit zu Zeit, rein durch Zufall, dass in der nächsten Nachbarschaft abenteuerliche Geschichten über einen kursieren, Gerüchte, die so haltlos sind, dass sie nur die Einsamkeit derer beweisen, die sie in die Welt gesetzt haben. So grausam einsam sind manche Nachbarn, sagt man sich, dass sie sich über Unbekannte etwas zusammenreimen müssen. Ersetzt man da jemandem den Filmstar? Nach Dorf riechende Redereien sind der letzte Beweis dafür, dass es vollkommene Abgeschiedenheit nur in der sehr großen Stadt gibt.

Der Erde Mittelpunkt ist anonym, es
Ist ein großes Loch, das die Mitte bezeichnet
Ein großes, ganz mit Menschen vollgestopftes Loch.

Auf der Straße mag man Damen in einer Duftwolke begegnen
Im Untergrund kaum, und zu Stoßzeiten gar nicht
Es würde sich nicht gehören.

Woher weiß die Ortsansässige
Dass sie sich entweder wild parfümieren
Oder in den Nahverkehr abtauchen darf, beides aber nicht?

Woher wusste einer, dass er, um sich zu betten
In den Nabel der Welt, zurück musste
In ihren mütterlichen Bauch?


2. Bubke’s Warfare

Hab dort drüben zwar längst keinen Koffer mehr, aber einen Ort hab ich noch, und damit geht es ganz anders zu als mit dem entsprechenden hiesigen. Ich zitiere mich: „Dass wegen eines krumm eingesunkenen alten Steines / Mit der Zwangsauflösung des Grabs aufgrund von Ungepflegtheit gedroht wird / – der Fachausdruck ist „Abräumen“ – / Allein diese Tatsache / Lässt des Landes historische Flächenbombardierung / In durchaus milderem Lichte erscheinen. // Was man will, das bekommt man auch.“ (Verwilderte Gärten, 2015)

La guerre peut avoir lieu dans le vide
Dans le grand vide même –
J’y suis préparé.

Mais suis-je prêt
À lutter dans le vide absolu
Même pas de coup d’épée dans l’eau ?

La guerre des étoiles
Est une guerre qui permet au néant
De l’emporter grâce au je-m’en-foutisme de ses astres.


3 Février 2025

lundi 3 février 2025

Augen

Wirken

In Würde dahinschreiten
Oder davonwatscheln wie eine Ente –
Des Blickes strenges Urteil macht den Toren aus.
Aber den Menschen, den Albatros – was?
Es wandelt hinweg und es wähnt einer sich.

An sein übliches Schicksal gewöhnt keiner sich
Nur an den verabreichten Schweinefraß
Quillt er ihm auch aus den Ohren heraus.
Wenn er nur wollte, wie er könnte
Hinter sich ließ er im Fluge die aufschäumenden Weiten, Gezeiten

Mit dem Sturm stünde er auf du und du
Doch immer schaut ihm ein Unbeteiligter zu.


Wollen

Was gibst du mir an Kröten?
Gerade so viel, wie du wert bist.
Ich bin ungemein viel wert.
Vergleiche dich mit den Ärmsten. Bist du so viel mehr wert?

Nein? Siehst du.


Warten


Sah ein buntes Stück im Straßengraben liegen
So bunt, dass es aus Plastik sein musste.
Wäre es edler gewesen, also weniger bunt
Hätte ich mich danach gebückt
Denn ich rette Schätze aus dem Straßengraben.

Sie dürfen blinken und auch bunt sein, aber nicht zu sehr.
Was noch im Straßengraben so glänzt, kann nichts wert sein
Oder vielmehr: Es muss sehr wertvoll sein oder wertlos
Der flüchtige Blick verfügt’s.

Kleiner, sei etwas diskreter im Straßengraben
Wenn du gerettet werden willst
Die Leute sind empfindlich.


2. Februar 2025

dimanche 2 février 2025

Loterie

La vieille dame dit à son arrière-petit fils intrigué : « Ce numéro-là, tu vois, il est écrit sur le bras pour que je n’oublie pas de le jouer au loto. Mais je n’ai jamais gagné. » – « C’est ton nombre porte-bonheur alors. Ou porte-malheur ? » – « Puisque tu es là, mon chéri, il m’a donc porté chance. » – « Même sans gagner au loto ? » – « Oui, même sans gagner au loto. »

1.
Sur une pente naturellement lisse
Une bille roule toujours dans un sens
Rien à faire, la bille est têtue, elle roule.

J’ai essayé de rendre la pente rugueuse
J’ai tripoté la bille, mais pas moyen
De changer le cours des choses.

2.
Il faut se faire une raison :
Le gens avec qui on est en contact
Nous connaissent très peu ou pas du tout.

Ici-bas, on se fréquente vaguement en âmes inconnues ;
Voilà pourquoi les rapports entre nous sont durs
Et dépourvus de la moindre miséricorde.

3.
D’ordinaire, on se fait traiter en délinquant
Qui ne peut prétendre aux circonstances atténuantes
Et dans les cas communs, est condamné à mort après les tortures.

La belle mansuétude à laquelle tu penses avoir droit
Est un privilège accordé aux seules victimes
Dont un vivant ne fait jamais partie.

4.
Mais si tu rêves de relations douces
Ne rêve pas d’un endroit où tous se connaissent ;
Dans n’importe quel village, surtout là, la haine va bon train.

Si cette âme qui t’a enfin reconnu fiche le camp
Il n’y a plus d’espoir. Bille sur la pente
Chacun est détenu de fonction.

5.
Qui a le meilleur sort :
Celui qui supporte mais vit
Ou celui dont on s’est vite débarrassé ?

Or, avant de répondre, demande
À la bille et à la pente
Leur ressenti.

28 Janvier 2025

 


samedi 1 février 2025

Intermezzo for Various Rugs, Two Pianos and a Wrapped-up Dog

  1. Area Rug

Meine fast neunzigjährige Tante bewarb sich um eine „Pflegestufe“, doch der Fachmann von der Kasse, offenbar kleinem Hause entstammend, stellte nur verärgert fest, dass bei ihr dicke Teppiche herumlägen, und trug das auch gleich in seinen Fragebogen ein. Wolle sie die nicht umgehend abschaffen – und am besten noch in seiner Gegenwart – wüsche er seine Hände in Unschuld; es sei dann einzig und allein ihre Schuld, fiele sie erneut hin mit ihrem frisch genagelten Oberschenkelhals. Sie sei aber doch gar nicht in der Wohnung gestolpert, entgegnete sie frech, es sei auf dem nackten Kellerboden passiert, und nur, weil der dumme Zeitschalter mal wieder das Licht habe ausgehen lassen. Dieser schreckliche Sparwahn. Egal, meinte der dem Geize gegenüber tolerante Gutachter, eine staatliche Pflegestufe käme bei jemandem mit Perserteppichen nicht in Frage, und jemandem mit rotlackierten Zehennägeln zweimal nicht, das Amt besäße schließlich kein Füllhorn, und wo kämen wir denn da überhaupt hin. Das mit den der Pediküre verdankten eleganten Füßen und dem Füllhorn sagte er natürlich nicht, aber er dachte es garantiert.

Why still own an area rug?
Since you wane and scuff
Keep your slippers, don’t be smug
Old age is enough.

Mettle is another thing –
Dare when you should yield:
Temper and floor covering
Are too wide a field.

Never ask the specialist
How to remain fit.
If you do, they will insist
That you better quit.

“Dump them all!” said lino thug.
“I’m afraid I can’t.
Croak yourself on my fine rug!”
Quoth my rugged aunt.


2. Synesthesia

Es gibt zwei Klaviere hier im Haus, und wenn das rechte obere Fenster da hinten erleuchtet ist, weiß ich von der Terrasse aus, dass er jetzt vermutlich vor dem einen sitzt und spielt. Bei der Nachbarin dazwischen sehe ich von der Terrasse aus nicht, ob sie spielt; dafür höre ich es durch die Wand. Ich kann es also mit gewisser Wahrscheinlichkeit sehen oder mit absoluter Sicherheit hören, wenn ein Klavier in Betrieb ist.
Das Hören ist sicherer als das Sehen, wie zuweilen im Leben. Fordert man dich auf, einzig das zu glauben, was du gesehen, aber nicht das, was du bloß gehört hast, ist das auch nur ein Ratschlag unter vielen, der nachzuprüfen wäre. Die sogenannte Synästhesie kann einem einen Strich durch die Rechnung machen.

Here, the Vivace I can only see it and quite guess;
What I hear is a protracted Lento.
Why is it so?

There’s always one mode more to go –
Call it simply a Movimento
To have the fullness.


2. Dog in a Stroller

Truth is I hate to walk but love my tyke.
Parochial, pets reflect us, peoplelike.


January 27, 2025

mardi 28 janvier 2025

lundi 27 janvier 2025

dimanche 26 janvier 2025

Jadis, derrière un arbre

En voulant faire de l’ordre, je tombe sur des textes un peu anciens, écrits en 2015, fragments qui n’ont jamais rien donné. Je me cite dans la masse : « Tard, il quitta l’endroit où certains acteurs étaient nus. / Eux, ce n’est que le [fanatisme ?] qui les dénude. / C’était chiant, dit l’un à l’autre. » Fanatisme ou fantasme ? Plus la moindre idée à quoi je faisais allusion, mais quimporte, la question que je me pose maintenant est celle de la datation du début du passé.

Si jadis débute hier
Il s’étend jusqu’à naguère.
Oh là là, il t’époustoufle parfois
Et après, tu lui trouves plein d’erreurs
Sauf qu’un jadis bien meilleur
Serait un autre autrefois
Et, logiquement, sans torts
Encore plus mort que tes morts.

Avec son air catégorique
D’incident historique
Il a débuté grand
Plutôt lourd
Et, ensuite, a fini
Tout léger, tout petit –
Yeux fermés, en jeu d’enfant
Car ce jadis, on le compte à rebours.

Bon bah, il faudrait que j’aménage un coin pour les déchets, parce que j’ai du mal à faire la différence. Ma maison est remplie de vieux papiers, j’habite un véritable conteneur jaune taille immeuble collectif, mais puisque je ne veux pas être le seul à en souffrir, j’ai la ferme intention d’installer ici même un espace dédié au recyclage. La poubelle, c’est sa patine qui la sacralise. Jadis, pour cristalliser un peu, j’avais encore la tête garnie et je pouvais pratiquement séduire. De la belle crinière, ça non, ça jamais, mais plutôt un genre de filasse brune. Si, si, ça aussi peut couvrir. Désormais, je suis exposé au soleil, le passé me brûle le haut du crâne et le rend infonctionnel. Port de casquette conseillé, m’exhorté-je, ce qui transforme en honteux ou en aïeul. En tout cas, ça t’enlève à ton époque qui est bonnet de laine en toutes saisons.

25 Janvier 2025

jeudi 23 janvier 2025

Dynamisme

Entre l’imagination et la réalité
L’être humain s’intercale
Entrave et prohibe.

L’objet permet la liberté totale ;
L’être humain, trop aimé
Te retient le bras.

L’objet subit
L’être humain intervient
Cruellement, si l’on veut dire.

                         *

Si l’être humain pouvait se confondre
Avec l’objet désiré –
Quel avenir ?

Un tel amour fixe
Dès le début sans limites
Ne survivrait pas un jour à lui-même.

Puisque l’être humain
Doit éternellement évoluer
Il ne saurait être objet, fût-ce de désir.

                         *

Je suis désormais seul, et cet être
Humain, s’est de lui-même
Réduit à une ombre.

À la fin, il s’est confondu avec l’objet :
Je l’ai enfermé dans ma mémoire
Pour en disposer à ma guise.

Suis-je maître de mes obsessions ?
L’être humain, jadis touché, a un lieu, la tombe ;
L’objet, jamais atteint, s’en dispense, il reste omniprésent.

23 Janvier 2025

[Mon théâtre de poupées]

vendredi 17 janvier 2025

Preuves d’immaturité

1. Du sexisme en sommeil

Parfois, il faut annoncer les choses comme elles sont, il faut admettre ses exploits, les taire serait simplement inexcusable.
Je me réveille, j’ai rêvé plusieurs poèmes, et contraint par ma recherche de la vérité, je note vite fait ce que je peux du dernier. Pour les autres, c’est fichu, je les ai déjà oubliés. Voici le maigre résultat de mes courses :

« Il y fait souvent froid, même qu’il neige
On s’y caille le cul, bon bah, j’abrège :
Non, on ne vivra pas dans un chalet
Et si, chamoise, tu as du regret :
En plein hiver, on peut même à Paris
S’enrhumer du pétard, je te parie. »

Eh ben, ça vaut ce que ça vaut, pas grand-chose à vrai dire, en plein jour c’est décevant. En plus, le côté machiste du truc, voire son caractère vaguement sexuel, m’incommode maintenant. Mais il a été composé dans l’inconscience, tout de même, et je me souviens encore de l’effort, considérable, porté sur la rime, et surtout le sens, élément pas facile à obtenir lorsqu’on dort à poings fermés. Par chance, tu étais toujours là d’une certaine façon et la vie était belle. Rien que du beau songe alors. La pureté de l’illusion, ça justifie, non ?


2. Victime inclusive

La qualité préférée de notre époque plutôt lâche est celle de la victime. Tout le monde veut en être. La victime est le vrai héros du temps présent. Elle le devient immédiatement en insistant sur son statut victimaire. La seule condition un peu gênante est de se faire connaître dans toute sa splendeur. La victime discrète, elle, peut l’oublier, son beau statut doublé d’une carrière, car il n’y a pas de victime sans public. En réalité, c’est le public enthousiaste, muni de mégaphones, hissant peut-être des pancartes encourageantes, qui fait naître la victime et lui assure son statut enviable en la transformant en son contraire. De l’ancienne crucifiée en actuel Christ-Roi unisexe, ressuscité en Pantocrator comme sur les icônes orthodoxes. La foule en liesse n’étant pas mon truc, l’orthodoxie m’angoissant, les martyres des autres accablant mon esprit primaire : si j’étais victime, je ne le dirais à personne, parce que les héros, je ne leur crois plus un mot dès qu’opportunément ils se mettent à se glorifier d’exploits subis. En matière de hauts faits, les seuls qui comptent, ce sont ceux qu’on a choisis, ce sont les prouesses volontaires. Ce ne sera pas en me violentant qu’on fera de moi un exemple de courage.

Dans le feu de l’action on peut ne rien entendre.
Pour pouvoir s’écrier : « Halte-là, bougre, pouce ! »
Il faut déjà être en position aigre-douce –
Sans consentement préalable, point d’esclandre.

La possibilité d’outrepasser l’éthique
Est la rançon de quelque entente antérieure.
Ainsi, ce vers si peu moral qu’il vous écœure
Paye le prix de ma licence poétique.


13 Janvier 2025

jeudi 16 janvier 2025

De l’étiolement consenti

En relisant mes trucs d’avant je pense
Que le deuil a diminué ma force
Mais qu’il m’en reste assez, je me console.

Oh, cher deuil qui, en y portant offense
Ôtes aux forces leur côté frivole
Puisque tu n’y tolères nulle entorse.

10 Janvier 2025

mercredi 15 janvier 2025

Gymnastes du périnée

Die Denunzierung klassischer Weiblichkeit, die zur Zeit von vielen stimmstarken jüngeren Frauen enthusiastisch betrieben wird, hat nichts mit Vermännlichung zu tun, wie das ungeübte Auge vermuten könnte, sondern mit dem positiven Besetzen der widerborstigen Züge unter den historischen Komponenten des weiblichen Stereotyps. Das äußerst unreife Modell der neuen Powerfrau ist in Wirklichkeit keineswegs entweiblicht, sondern nur bewusst verunangenehmt. Wir kannten das Phänomen schön früher in der Schule bei gewissen Lehrerinnen – keinen erfahrenen Oberstudienrätinnen bitteschön, eher den unsicheren, die kaum über das Referendariat hinaus waren und sich durch das Hervorkehren ihrer hässlichsten Seite durchsetzen zu müssen glaubten. Ähnlich lässt das die Staatsmacht durch Fürsorglichkeit angeblich verweiblichende Sozialamt in Wahrheit nur die bleibende autoritäre Männlichkeit von Obrigkeit besonders kräftig hervortreten. Die Identitäten bleiben sich gleich, der Charakter des ewig Weiblichen erweist sich in der Tat als so unausrottbar wie der des ewig Männlichen, die Frage ist allein, setzen wir besser auf natürliche Tugenden oder geschlechtsspezifische Laster.

Il est parfois malaisé de faire la distinction
Mais quand il fait sombre et qu’on n’aperçoit que le pourtour
Les formes, moins trompeuses que les couleurs, font que
D’emblée, l’épaule un peu trop large trahit.
Il faut être en pleine lumière pour pouvoir convaincre
Il faut que le maquillage puisse maquiller.
Ainsi, en pleine lumière, l’idéologie est manifeste
Tandis que dans la pénombre telle vérité éclate.
Or, laquelle ? L’équivoque.

Je me souviens de ces deux transgenres qui
Lorsque le mot pour les nommer n’existait pas encore
Toutes flamboyantes entreprirent d’allumer
Une bande de rustres rassemblés dans un bar près de Malaga
Les rudes garçons se laissant facilement berner.
Mon copain et moi, délicats citadins, observant le spectacle
La paire sensationnelle se mit à nous faire des clins d’œil
Et nous leur signalâmes, le sourire discret, notre complicité civilisée
Les paysans n’y voyant toujours que du feu
Du feu multicolore et étincelant –
Heureux âge de l’innocence
Géographiquement circonscrit.

Entre-temps, le terme a fait irruption dans le vocabulaire
Et ce jusque dans les bars à ploucs de l’arrière-pays malaguène
Où les locaux sont désormais au courant du changement climatique
Et si, dans la pénombre, ils se font encore draguer si cela se trouve
C’est en connaissance de cause.
Il n’y a plus d’équivoque
Hors de l’équivoque consenti
L’honneur est donc sauf
Et le prix de la vérité correctement acquitté.

[L’actuelle dénonciation de la féminité classique, entreprise chérie de beaucoup de jeunes femmes fortes en gueule, n’a rien à voir avec une éventuelle virilisation – ce n’est que l’œil inexercé qui croit le constater – mais avec la mise en valeur collective des traits revêches, composantes historiques du stéréotype féminin. En réalité, la nouvelle « femme forte », référence immature s’il en est, n’est nullement déféminisée, mais juste sciemment désagréabilisée. Nous connaissions cela dans notre jeunesse chez certaines enseignantes – non pas les expérimentées, à la compétence reconnue, mais les débutantes qui, angoissées, cherchaient à se faire respecter en se montrant le plus intraitable possible. De la sorte, l’assistanat social ne féminise en rien l’État par sa providente sollicitude, mais rend d’autant plus prégnant le côté mâle et autoritaire de toute administration. L’identité reste inchangée, le caractère de l’éternel féminin se révèle aussi inextirpable que celui de l’éternel masculin, la seule question est s’il faut plutôt recourir aux vertus naturelles ou aux vices spécifiques.]


26 Décembre 2025

jeudi 26 décembre 2024

Von Feigheit und Kühnheit

1. Edle Einfalt

“Skin-to-skin contact is so audaciously turn-of-the-century,” she said. “It’s almost like intelligence.”
“You were hardly born when the century turned,” the respondent said.
“I was indeed quite young,” she retorted, “but don’t railroad me. The perk of being a minor is that there are no blinding conventions. Immature eyes are incorruptible, aren’t they?”
If, in principle, no one could agree more than the respondent, corruption is a sort of grooming. “What we now consider grooming,” he ventured, “in days of yore was called seduction. In adult times we had personal responsibility, and it just started more or less early, marking the boundary of absolute nonage, faith put in natural evolution toward the capacity to consent. The entire concept not suiting any more, nowadays we replace it with collective denunciation, preferably decades later, for coward dogs most spend their mouths when all runs far behind them.”
“Why dismiss the most delicate of our emotions as childish infatuation?” she wondered. “Is it all about aftermath?”
“In ancient Megara, they supposedly had this queer contest of kisses,” the respondent explained, “and whoever won it returned home to mommy proudly laden with laurel wreaths. What some degenerates like Theocritus and his ilk passed off as a tradition could even do without proper seduction. The kids’ inborn greed for garlands was enough arousal.”
“A sheer matter of glory?” she asked, her mouth hanging open.
“Any puerile snake bites its tail to begin with,” he answered. “In Hollywood they once called it a happy ending, but what we have thenceforth wrought mainly steals our joy.” (1)


Als ich im Fleischerladen stand
Und all die prächtgen Brocken sah –
Tiefrot, hellrot und sündhaft zart
Geschmeidig weich und muskelhart –
Sprach ich zu mir: Wie wunderbar
Dass sowas auf die Theke fand.

Da lag ein Fetzen Schweinsgesäß
Bei einer blanken Entenbrust
Ein Kälbchenschwanz im Gänseschmalz
Bei Kruspelspitz und Rinderhals
Und all die pralle Fleischeslust
Stand zum Verkauf, naturgemäß.

Zu meinem Pfündlein Lammkotelett
Bat ich verschämt um Rückenspeck
Doch kriegte nur ein Schulterstück.
Das fand ich ungenügend fett
Und fragte: Ist der Speck schon weg?
Der Lehrling sagte: Ja, zum Glück

Und zeigte seinen Schinken her.
Der sah sehr rund und rosig aus
So rosig wie vom Ferkelein –
Das wollt ein lecker Bissen sein!
Lüd ihn grad ein zu mir ins Haus
Wenn er nur mehr durchwachsen wär.

(1) En fait, je me répète. Cf. ici.


2. Stille Größe

« Ivresse et volupté sont les deux mamelles du désir, ajouta-t-il d’un ton docte. Or, le désir peut aussi faire sans, le balcon dépeuplé, voire carrément désert. Plat de poitrine, le désir se contente de la consommation calme. Ayant la satisfaction béate, il connaît le rot de rassasiement. Assouvi, le désir dit merci sans drame. Est-ce intéressant ? Loupe-t-on quelque chose avec un désir aussi tiède et mal éduqué ? En tout cas, il tient mieux dans la durée. Les fugitives mamelles se flétrissant et tombant, la poitrine à la Birkin reste, elle, jeune à jamais, la gravité s’avérant sans pouvoir sur ses seules pointes, isolées telles des écueils dans une mer d’huile. On peut alors la trouver désirable, cette absence de luxuriance. C’est du solide, se rassure-t-on, c’est le bonheur adulte en dépit de son apparence d’à peine pubère. L’épanoui ressemble au mou, quoi, le naissant à l’éternité. »

Ich wusste lange nicht von außerhalb
Außerhalb gab es nicht
Es gab genug Licht
Das Innere enthielt genug Gestalt.

Ich musste mich vom Außerhalb entfernen
In Undurchsichtigkeit
Um mit der Zeit
Auch innerhalb mein Teil dazuzulernen

Doch als ich beides kannte, war mein Sein
Beinahe ganz vergangen
Und vom Verlangen
Nicht mehr viel übrig außer Widerschein.


19. December 2024

samedi 14 décembre 2024

Mögliche erste Male

                       “A glance is accustomed to no glance back.”
                                                                     Brodsky, A Part of Speech


Mögliche erste Male fanden nicht statt
Schmerzhaft nicht.
Es war da ja kaum auszuhalten. Nur weg!

Erste Male fanden später statt, mit Fremden.
Es waren Fremde, die retteten
Fremde, die in der Fremde dann zu einem selbst wurden.

Die sich den ersten Malen verweigert hatten, wurden fremd.
Das Leben hatte zuerst falsch zusammengewürfelt.
Oder erst hinterher richtig.

Statt möglichen ersten Malen – ein Dazulernen
Dass erst Fremdheit sein muss
Um zum Eigenen zu kommen, zu dem, was einem zusteht.

                                              *

N’étant jamais parvenu à mettre pied à terre
Il demeurait, comme pendu dans les airs
Mais poids suspendu, et encore en flottant ancienne lourdeur.

Sans attaches au sol ballotté au gré du vent
Le gibet dressé haut dans une clairière bruissante
Pas de crainte, donc, que la foudre l’abatte.

C’est pourtant ainsi qu’on est le plus vulnérable
Car c’est l’abandon seul qui permet qu’on soit touché.
C’est pourtant ainsi que la peau se tanne et l’âme lit l’avenir.

                                              *

If it’s broken, it must be healed with consumption.
Any glance back welds its red-hot halves together again.
At recommended room temperature, tepid heart’ll stay in pieces.

Serious youth can’t be this prudent, he decided.
Smothered by missèd kisses, the boy began to talk in tongues.
Torn apart like a cloud running fast across mid-heaven, I escaped _______________________________narrowness and void.


December 12, 2024

mardi 3 décembre 2024

Von Farben und Tönen

Farben sind meist gedämpft in der Natur
Und greller, wenn man die nur imitiert;
Dem Wahren kommt das Grelle nahe nur
Doch trifft es nicht, Natürliches changiert.

Wer Grautöne zu unterscheiden lernt
Weiß mehr, bloß auch von Wahrheit keine Spur:
Je mehr er von den Farben sich entfernt
Desto mehr unterschätzt er die Natur.

Nichts Halbherziges ist der Welt zu eigen
Nirgendwo geht es rauer zu als draußen –
Wem es bewusst ist, der wird lieber schweigen
Und mit sich selbst im finstern Zimmer hausen.

Verkennend, was er hätte sehen müssen
Was ihm durch Luken scheint, das ist sein Wissen.

                                          *

Feinsliebchen, halt stets brav die Äuglein offen:
So Klänge, die du hörst in deinem Ohr
Womöglich kommen sie auch draußen vor
Doch sicher ist es nicht, es bleibt zu hoffen.

Innere Stille ist kaum zumutbar.
Der Lärm allein kennt allzu viele Töne
Vermeintliche und echte, schräge, schöne –
Das, was du hörst, ist äußerst anfechtbar.

Wer abends in den milden Himmel schaut
Und dazu aus dem Radio Mahler hört
Von Stimmen und von Stimmungen betört
Fühlt Starkes, wenn er seinen Ohren traut

Den müden Augen streift bloß ohne Hast
Ein kleiner Flieger durch den blauen Glast.


30. November 2024

mardi 12 novembre 2024

Quantenelegie

Knips in der Nacht ein Licht an und erkenne:
Was ich verlor und mein Besitztum nenne
Weht wie ein Schatten um das Licht im Zimmer
Steht, und ist hier und da, ist nie und immer.

Zu viel ist lange her, mehr noch vergangen
Hab unterdessen andres angefangen
Doch was ich anfing, gilt auch längst nicht mehr
Es ist verwelkt, verweht, schon ewig her.

Was ich im Hinterkopf seit je verwahrt
Der Goldschatz, den ich vor dem Krieg verscharrt
Ist erst zu bergen, lieg ich selbst im Grab
Und mit mir das, was dem Gedächtnis starb.

Erinnert wie vergessen, jetzt und nie
Stets viel zu spät, und gleichwohl noch zu früh...
Dies Dasein um mich her, ob es zerronnen
Oder auch nicht – geendet wie begonnen.

11. November 2024

 

vendredi 8 novembre 2024

Argument

„Ich weiß vom Nächsten kaum Bescheid
Vertraut ist mir das Ferne
Und möglichst in der Dunkelheit:
Da leiten Mond und Sterne.“

„Die geben leider wenig Licht.
Geläufig soll dir sein
Der Tag, verstehst du das denn nicht?
Der Mond ist grad ein Stein.“

„Ich kenn den Alten mehr als ihr
Von wegen Kerzenschimmer;
Ihr sagt wohl wahr, mir langt Gespür
Denn das betrügt nicht immer.“

„Wer nur sich selbst traut, hat nie recht
Dem streiten sich Gespenster.
In Finsternissen wohnt er schlecht –
Ein Haus braucht Tür und Fenster.“

„Die gehn auch in die Nacht hinaus
Klagen die Philosophen
Und holen Holz von hinterm Haus
Und feuern an den Ofen.“

„Drum lobt er die Gemütlichkeit
Und macht die Läden zu
Als wäre ständig Schlafenszeit
Und legt sich hin zur Ruh.“

„Ich liege wach und glaub allein
Was meine Augen sehen
Sei’s auch nur euer Wichtigsein
Fern im Vorübergehen.“

5. November 2024

vendredi 11 octobre 2024

Eagle Eye

Eagle Eye, buried alive like a mole
Subject to sightless attractions
Still fit to grope, but too wise to control
Feelings, curbs outward reactions.

While cause and effect run wildly amuck
Hunches inform the old mind:
Too sere to tell lurking torment from luck
Seers are certainly blind.

Lust for more tickles the undying heart
Apathy stifles the soul;
Too know-it-all to rehearse a new part
Time plays its natural role.

October 10, 2024

[Rubens, The Groping Blind]

samedi 21 septembre 2024

Souffle vespéral

    Ne me demande pas ce que j’ai fait hier.
J’ai le souvenir d’il y a dix ans
Vingt ans, cinquante ans
Mais pas d’hier.
Hier est plus loin que ma jeunesse
Plus loin que l’enfance cruciale
    Hier, je ne suis même pas né
Hier, c’est la préhistoire avant la préhistoire
Hier, c’est de la bagatelle
Hier, c’est jamais.
Ce qui m’arrive encore
Doit manquer d’importance.

    Quand ils se sont subitement éteints
Après leurs millions d’années de routine
De broutille tranquille ou de chasse assurée
Les dinosaures ont dû se dire :
Il y a tellement de choses dont on se souvient
On a tellement vécu
    Du coup, le soi-disant météore d’hier
On l’a déjà oublié
Ce n’était rien.
Même pas une fin en soi, quoi.
Ces géants aux cerveaux minuscules
En savaient déjà long sur l’intelligence de la mémoire.

    D’autres loustics se projettent dans le futur.
Or, c’est un futur d’après
Un futur sans eux, mural, nocturne
Avec eux sous forme de spectre persistant
Parce qu’il faut quand même qu’il reste quelque chose
De l’artiste au creux du lendemain sans hier.
    Ils se disent que, faute de présent
Le futur sans eux
Ne se passera pas de vestiges.
Ceux-là, dès leur vivant
Ils se voient à juste titre en fossiles.
En voilà une croyance peu utile.

    La disparition d’hier mène donc loin
Plus loin que le regard en arrière.
Au bord du précipice
On se ravise
Et passé récent et passé lointain
Se révèlent pourtant de même étoffe.
    Seulement, la longue-vue n’est plus gênée
Par la végétation circonvoisine
La part floue a disparu
Et, préservés de sensations nouvelles
Cœur et raison, enfin à l’unisson
Respirent un air en quelque sorte purifié.

7 Septembre 2024

dimanche 4 août 2024

Limbes

Quand je m’endors, tout ça chavire
Au réveil, ça se stabilise ;
Miracle et déception, l’un turbulent et l’autre sage
Ne sont pourtant que de surface :
Mer démontée ou régulière
Trois brasses en dessous évolue le silence.

Endormie ou réveillée, la présence
Endosse, elle, l’habit de circonstance ;
J’apprends à lui faire confiance
Dès lors en ton absence.

Dans les culbutes du navire
J’ai tout de même de la chance :
Endormi ou réveillé, j’échafaude
À flot sur d’immuables profondeurs.

3 Août 2024

mardi 23 juillet 2024

Vom Glauben, Wissen und Vermuten

i.

Einer, der kürzlich groß von sich erzählte
Und dem kein Wort ich glaubte von dem Zeug
Sprach wahr, wie sich herausstellte, die Märchen
Die er mir aufgetischt, waren erlebt.

Ein andrer, dem ich alles abgenommen
Weil es bescheiden klang, hatte ein Leben
Das so ereignisreich war, dass er noch die
Wildesten Abenteuer stets vergaß.

Oh, böser Glaube, Feind des einen und
Des andern Feind, du Wohlgeruch, der bis
Zum Himmel stinkt, du zwingst zum Schweigen jene
Die nichts und doch so viel zu sagen hätten.


ii.

Ich weiß nur das, was auch die andern wissen.
Was ich allein weiß, daran zweifle ich
Zu recht oder zu unrecht, wer kann wissen
Was wahr ist, wenn es doch kein andrer weiß?

Wahrheit sollte Gemeingut sein, doch ist sie
Nichts weniger als das, das ist ihr Fluch.
Nur das, was du allein weißt, hat die Chance
Ihr letztlich ein klein wenig nah zu kommen.


iii.

Wenn Glauben täuscht und auch das Wissen strotzt
Vor Unwahrheit, bleibt einzig das Vermuten
Als letztes Bollwerk vor dem blind Verbluten.


22. Juli 2024

lundi 8 juillet 2024

Erfolgsaussichten

Als man die Amazonier zwang, in Lumpen zu verhüllen
Was ihre Nacktheit vorher gloriös mit Farben schmückte
Als man begann, den großen Wald mit Fortschritt einzumüllen
Mutwillig jede Pore, die noch atmete, erstickte
Hat man doch nur die Zukunftsperspektive ausgedehnt
Und das, was dran seit jeher faul war, mit sich selbst versöhnt.

Ich garantiere keinem Werk, dass es gelesen wird
Halt ihm in meiner Bücherei nur eine Lücke frei;
Auch was mir selber eingefallen, wird nur so geehrt
Dass ich es dort vereinen will mit fremder Dichterei.
Nichts davon muss entziffert sein, geschrieben sein genügt –
Wer liebt, verlangt nicht, dass man ihn deswegen gegenliebt.

Was lebt, versteigt sich besser nicht, von Resonanz zu träumen
Und darf sich höchstens einen Platz an fernem Ort erhoffen.
Kein höheres Glück, als jeden Ausblick sorgsam wegzuräumen;
Findet er Freunde im Regal, hat er es nicht schlecht getroffen.
Es wird, was sich mit Federn putzt und bunten Pfeilen wehrt
Beizeiten doch, im Sack verstaut, vom Weltgeist aufgezehrt.

6. Juli 2024

[Yanomamis auf einer Straße in Boa Vista. © MICHAEL DANTAS / AFP]

vendredi 7 juin 2024

Voiles

La lavande a voulu te couvrir entièrement ;
Désormais, tu sembles dormir sous rien d’autre qu’elle
Ma fleur de la garrigue
La lavande l’a donc voulu ainsi :
Elle a recouvert le rosier et ton nom et tes mots et tout le reste
Puisqu’elle a voulu te recouvrir en entier.
Mais elle n’est qu’un dernier voile
Le rosier et ton nom et tes mots et tout le reste sont toujours là
Il suffit de l’écarter un petit peu, ce dernier voile
Une main qui sait suffit.

Une main qui n’a pas peur des bourdons
Car ils s’écartent, eux aussi.

En fait, tout ce qui te recouvre
S’écarte aussi facilement d’une main
Que lorsque tu t’es montrée à moi pour la première fois ;
Parfumées à la lavande
Premières et dernières fois se confondent.

5 Juin 2024

mardi 28 mai 2024

Erscheinung und Verwandlung

Eine Erscheinung ist etwas Großes
Aber erfordert Verwandlung.
Betrachte ich das Röntgenbild meines Brustkorbs
Auratisch silbern und für das Kind in mir beängstigend
Ja des Gehirnes Schnitte aus der Perspektive des Tomographen
Sehe ich dennoch aus wie jeder andere.
Um ein möglicherweise Unverwechselbares zu erkennen
Muss man erstens Medizin studiert
Und zweitens einen schwerkranken Menschen vor sich haben.
Betrachte ich mich mit Haut und Haaren, oder jedenfalls
Dem Rest davon, im getreuen Spiegel
Sehe ich zwar ein klein wenig persönlicher aus
Aber immer noch nicht so ganz besonders individuell.
Die, die so ganz besonders individuell aussehen
Beherrschen die hohe Kunst der Verwandlung.
Es ist die stilvolle Fliege oder eine auffällige Brille
Was ihnen den unverwechselbaren Charakter verleiht.
Wer auf eine solche Fliege und eine derartige Brille verzichtet
Verzichtet auf die ins Auge stechende Persönlichkeit
Und geht nachgerade in der Menge unter.
Wer auf eine derartige Fliege und eine solche Brille verzichtet
Verzichtet darauf, jemand Besonderes zu sein
Und kann niemanden beeindrucken.
Trägt er indes eine solche Fliege und eine derartige Brille
Ist er entweder ein bedeutender Dichter
Oder bei der Gewerkschaft.

Die gesellschaftliche Bedeutsamkeit des Gewerkschaftlers
Wollen wir hier ausnahmsweise beiseite lassen
Aber Franz Kafka zum Beispiel
Dessen altertümlicher Hut hier nicht zur Debatte steht
Und den wir heute alle kennen
Soll Max Brod zufolge zeit seines Lebens
Ein ziemlich unauffälliger Mensch gewesen sein, im
Kleinen Freundeskreis einigermaßen lebhaft, ja schnell erregt
Jedoch in größerer Gesellschaft lächerlich still und zurückhaltend.
Dieses ausgesprochen durchschnittliche Verhalten für einen
Der sich anscheinend so seine Gedanken macht
Ist ein kaum verständlicher Skandal
Angesicht einer hinterherigen Berühmtheit, die so vollkommen ist
Dass einem davon geradezu schwindlig werden kann.
Damit die Dinge wieder ins Lot kommen
Dichtet man ihm billigerweise jene Exzentrik hinzu
Die nun einmal eine Grundvoraussetzung ist
Und man behauptet sogar, er habe äußerlich Kafka geähnelt.
Er muss es aushalten, der Franzl
Es ist der Preis, den er dafür zahlen muss
Dass er so unerwartet aus der Dunkelheit gezerrt werden durfte.

28. Mai 2024