vendredi 17 janvier 2025

Preuves d’immaturité

1. Du sexisme en sommeil

Parfois, il faut annoncer les choses comme elles sont, il faut admettre ses exploits, les taire serait simplement inexcusable.
Je me réveille, j’ai rêvé plusieurs poèmes, et contraint par ma recherche de la vérité, je note vite fait ce que je peux du dernier. Pour les autres, c’est fichu, je les ai déjà oubliés. Voici le maigre résultat de mes courses :

« Il y fait souvent froid, même qu’il neige
On s’y caille le cul, bon bah, j’abrège :
Non, on ne vivra pas dans un chalet
Et si, chamoise, tu as du regret :
En plein hiver, on peut même à Paris
S’enrhumer du pétard, je te parie. »

Eh ben, ça vaut ce que ça vaut, pas grand-chose à vrai dire, en plein jour c’est décevant. En plus, le côté machiste du truc, voire son caractère vaguement sexuel, m’incommode maintenant. Mais il a été composé dans l’inconscience, tout de même, et je me souviens encore de l’effort, considérable, porté sur la rime, et surtout le sens, élément pas facile à obtenir lorsqu’on dort à poings fermés. Par chance, tu étais toujours là d’une certaine façon et la vie était belle. Rien que du beau songe alors. La pureté de l’illusion, ça justifie, non ?


2. Victime inclusive

La qualité préférée de notre époque plutôt lâche est celle de la victime. Tout le monde veut en être. La victime est le vrai héros du temps présent. Elle le devient immédiatement en insistant sur son statut victimaire. La seule condition un peu gênante est de se faire connaître dans toute sa splendeur. La victime discrète, elle, peut l’oublier, son beau statut doublé d’une carrière, car il n’y a pas de victime sans public. En réalité, c’est le public enthousiaste, muni de mégaphones, hissant peut-être des pancartes encourageantes, qui fait naître la victime et lui assure son statut enviable en la transformant en son contraire. De l’ancienne crucifiée en actuel Christ-Roi unisexe, ressuscité en Pantocrator comme sur les icônes orthodoxes. La foule en liesse n’étant pas mon truc, l’orthodoxie m’angoissant, les martyres des autres accablant mon esprit primaire : si j’étais victime, je ne le dirais à personne, parce que les héros, je ne leur crois plus un mot dès qu’opportunément ils se mettent à se glorifier d’exploits subis. En matière de hauts faits, les seuls qui comptent, ce sont ceux qu’on a choisis, ce sont les prouesses volontaires. Ce ne sera pas en me violentant qu’on fera de moi un exemple de courage.

Dans le feu de l’action on peut ne rien entendre.
Pour pouvoir s’écrier : « Halte-là, bougre, pouce ! »
Il faut déjà être en position aigre-douce –
Sans consentement préalable, point d’esclandre.

La possibilité d’outrepasser l’éthique
Est la rançon de quelque entente antérieure.
Ainsi, ce vers si peu moral qu’il vous écœure
Paye le prix de ma licence poétique.


13 Janvier 2025

jeudi 16 janvier 2025

De l’étiolement consenti

En relisant mes trucs d’avant je pense
Que le deuil a diminué ma force
Mais qu’il m’en reste assez, je me console.

Oh, cher deuil qui, en y portant offense
Ôtes aux forces leur côté frivole
Puisque tu n’y tolères nulle entorse.

10 Janvier 2025

mercredi 15 janvier 2025

Gymnastes du périnée

Die Denunzierung klassischer Weiblichkeit, die zur Zeit von vielen stimmstarken jüngeren Frauen enthusiastisch betrieben wird, hat nichts mit Vermännlichung zu tun, wie das ungeübte Auge vermuten könnte, sondern mit dem positiven Besetzen der widerborstigen Züge unter den historischen Komponenten des weiblichen Stereotyps. Das äußerst unreife Modell der neuen Powerfrau ist in Wirklichkeit keineswegs entweiblicht, sondern nur bewusst verunangenehmt. Wir kannten das Phänomen schön früher in der Schule bei gewissen Lehrerinnen – keinen erfahrenen Oberstudienrätinnen bitteschön, eher den unsicheren, die kaum über das Referendariat hinaus waren und sich durch das Hervorkehren ihrer hässlichsten Seite durchsetzen zu müssen glaubten. Ähnlich lässt das die Staatsmacht durch Fürsorglichkeit angeblich verweiblichende Sozialamt in Wahrheit nur die bleibende autoritäre Männlichkeit von Obrigkeit besonders kräftig hervortreten. Die Identitäten bleiben sich gleich, der Charakter des ewig Weiblichen erweist sich in der Tat als so unausrottbar wie der des ewig Männlichen, die Frage ist allein, setzen wir besser auf natürliche Tugenden oder geschlechtsspezifische Laster.

Il est parfois malaisé de faire la distinction
Mais quand il fait sombre et qu’on n’aperçoit que le pourtour
Les formes, moins trompeuses que les couleurs, font que
D’emblée, l’épaule un peu trop large trahit.
Il faut être en pleine lumière pour pouvoir convaincre
Il faut que le maquillage puisse maquiller.
Ainsi, en pleine lumière, l’idéologie est manifeste
Tandis que dans la pénombre telle vérité éclate.
Or, laquelle ? L’équivoque.

Je me souviens de ces deux transgenres qui
Lorsque le mot pour les nommer n’existait pas encore
Toutes flamboyantes entreprirent d’allumer
Une bande de rustres rassemblés dans un bar près de Malaga
Les rudes garçons se laissant facilement berner.
Mon copain et moi, délicats citadins, observant le spectacle
La paire sensationnelle se mit à nous faire des clins d’œil
Et nous leur signalâmes, le sourire discret, notre complicité civilisée
Les paysans n’y voyant toujours que du feu
Du feu multicolore et étincelant –
Heureux âge de l’innocence
Géographiquement circonscrit.

Entre-temps, le terme a fait irruption dans le vocabulaire
Et ce jusque dans les bars à ploucs de l’arrière-pays malaguène
Où les locaux sont désormais au courant du changement climatique
Et si, dans la pénombre, ils se font encore draguer si cela se trouve
C’est en connaissance de cause.
Il n’y a plus d’équivoque
Hors de l’équivoque consenti
L’honneur est donc sauf
Et le prix de la vérité correctement acquitté.

[L’actuelle dénonciation de la féminité classique, entreprise chérie de beaucoup de jeunes femmes fortes en gueule, n’a rien à voir avec une éventuelle virilisation – ce n’est que l’œil inexercé qui croit le constater – mais avec la mise en valeur collective des traits revêches, composantes historiques du stéréotype féminin. En réalité, la nouvelle « femme forte », référence immature s’il en est, n’est nullement déféminisée, mais juste sciemment désagréabilisée. Nous connaissions cela dans notre jeunesse chez certaines enseignantes – non pas les expérimentées, à la compétence reconnue, mais les débutantes qui, angoissées, cherchaient à se faire respecter en se montrant le plus intraitable possible. De la sorte, l’assistanat social ne féminise en rien l’État par sa providente sollicitude, mais rend d’autant plus prégnant le côté mâle et autoritaire de toute administration. L’identité reste inchangée, le caractère de l’éternel féminin se révèle aussi inextirpable que celui de l’éternel masculin, la seule question est s’il faut plutôt recourir aux vertus naturelles ou aux vices spécifiques.]


26 Décembre 2025

jeudi 26 décembre 2024

Von Feigheit und Kühnheit

1. Edle Einfalt

“Skin-to-skin contact is so audaciously turn-of-the-century,” she said. “It’s almost like intelligence.”
“You were hardly born when the century turned,” the respondent said.
“I was indeed quite young,” she retorted, “but don’t railroad me. The perk of being a minor is that there are no blinding conventions. Immature eyes are incorruptible, aren’t they?”
If, in principle, no one could agree more than the respondent, corruption is a sort of grooming. “What we now consider grooming,” he ventured, “in days of yore was called seduction. In adult times we had personal responsibility, and it just started more or less early, marking the boundary of absolute nonage, faith put in natural evolution toward the capacity to consent. The entire concept not suiting any more, nowadays we replace it with collective denunciation, preferably decades later, for coward dogs most spend their mouths when all runs far behind them.”
“Why dismiss the most delicate of our emotions as childish infatuation?” she wondered. “Is it all about aftermath?”
“In ancient Megara, they supposedly had this queer contest of kisses,” the respondent explained, “and whoever won it returned home to mommy proudly laden with laurel wreaths. What some degenerates like Theocritus and his ilk passed off as a tradition could even do without proper seduction. The kids’ inborn greed for garlands was enough arousal.”
“A sheer matter of glory?” she asked, her mouth hanging open.
“Any puerile snake bites its tail to begin with,” he answered. “In Hollywood they once called it a happy ending, but what we have thenceforth wrought mainly steals our joy.” (1)


Als ich im Fleischerladen stand
Und all die prächtgen Brocken sah –
Tiefrot, hellrot und sündhaft zart
Geschmeidig weich und muskelhart –
Sprach ich zu mir: Wie wunderbar
Dass sowas auf die Theke fand.

Da lag ein Fetzen Schweinsgesäß
Bei einer blanken Entenbrust
Ein Kälbchenschwanz im Gänseschmalz
Bei Kruspelspitz und Rinderhals
Und all die pralle Fleischeslust
Stand zum Verkauf, naturgemäß.

Zu meinem Pfündlein Lammkotelett
Bat ich verschämt um Rückenspeck
Doch kriegte nur ein Schulterstück.
Das fand ich ungenügend fett
Und fragte: Ist der Speck schon weg?
Der Lehrling sagte: Ja, zum Glück

Und zeigte seinen Schinken her.
Der sah sehr rund und rosig aus
So rosig wie vom Ferkelein –
Das wollt ein lecker Bissen sein!
Lüd ihn grad ein zu mir ins Haus
Wenn er nur mehr durchwachsen wär.

(1) En fait, je me répète. Cf. ici.


2. Stille Größe

« Ivresse et volupté sont les deux mamelles du désir, ajouta-t-il d’un ton docte. Or, le désir peut aussi faire sans, le balcon dépeuplé, voire carrément désert. Plat de poitrine, le désir se contente de la consommation calme. Ayant la satisfaction béate, il connaît le rot de rassasiement. Assouvi, le désir dit merci sans drame. Est-ce intéressant ? Loupe-t-on quelque chose avec un désir aussi tiède et mal éduqué ? En tout cas, il tient mieux dans la durée. Les fugitives mamelles se flétrissant et tombant, la poitrine à la Birkin reste, elle, jeune à jamais, la gravité s’avérant sans pouvoir sur ses seules pointes, isolées telles des écueils dans une mer d’huile. On peut alors la trouver désirable, cette absence de luxuriance. C’est du solide, se rassure-t-on, c’est le bonheur adulte en dépit de son apparence d’à peine pubère. L’épanoui ressemble au mou, quoi, le naissant à l’éternité. »

Ich wusste lange nicht von außerhalb
Außerhalb gab es nicht
Es gab genug Licht
Das Innere enthielt genug Gestalt.

Ich musste mich vom Außerhalb entfernen
In Undurchsichtigkeit
Um mit der Zeit
Auch innerhalb mein Teil dazuzulernen

Doch als ich beides kannte, war mein Sein
Beinahe ganz vergangen
Und vom Verlangen
Nicht mehr viel übrig außer Widerschein.


19. December 2024

samedi 14 décembre 2024

Mögliche erste Male

                       “A glance is accustomed to no glance back.”
                                                                     Brodsky, A Part of Speech


Mögliche erste Male fanden nicht statt
Schmerzhaft nicht.
Es war da ja kaum auszuhalten. Nur weg!

Erste Male fanden später statt, mit Fremden.
Es waren Fremde, die retteten
Fremde, die in der Fremde dann zu einem selbst wurden.

Die sich den ersten Malen verweigert hatten, wurden fremd.
Das Leben hatte zuerst falsch zusammengewürfelt.
Oder erst hinterher richtig.

Statt möglichen ersten Malen – ein Dazulernen
Dass erst Fremdheit sein muss
Um zum Eigenen zu kommen, zu dem, was einem zusteht.

                                              *

N’étant jamais parvenu à mettre pied à terre
Il demeurait, comme pendu dans les airs
Mais poids suspendu, et encore en flottant ancienne lourdeur.

Sans attaches au sol ballotté au gré du vent
Le gibet dressé haut dans une clairière bruissante
Pas de crainte, donc, que la foudre l’abatte.

C’est pourtant ainsi qu’on est le plus vulnérable
Car c’est l’abandon seul qui permet qu’on soit touché.
C’est pourtant ainsi que la peau se tanne et l’âme lit l’avenir.

                                              *

If it’s broken, it must be healed with consumption.
Any glance back welds its red-hot halves together again.
At recommended room temperature, tepid heart’ll stay in pieces.

Serious youth can’t be this prudent, he decided.
Smothered by missèd kisses, the boy began to talk in tongues.
Torn apart like a cloud running fast across mid-heaven, I escaped _______________________________narrowness and void.


December 12, 2024

mardi 3 décembre 2024

Von Farben und Tönen

Farben sind meist gedämpft in der Natur
Und greller, wenn man die nur imitiert;
Dem Wahren kommt das Grelle nahe nur
Doch trifft es nicht, Natürliches changiert.

Wer Grautöne zu unterscheiden lernt
Weiß mehr, bloß auch von Wahrheit keine Spur:
Je mehr er von den Farben sich entfernt
Desto mehr unterschätzt er die Natur.

Nichts Halbherziges ist der Welt zu eigen
Nirgendwo geht es rauer zu als draußen –
Wem es bewusst ist, der wird lieber schweigen
Und mit sich selbst im finstern Zimmer hausen.

Verkennend, was er hätte sehen müssen
Was ihm durch Luken scheint, das ist sein Wissen.

                                          *

Feinsliebchen, halt stets brav die Äuglein offen:
So Klänge, die du hörst in deinem Ohr
Womöglich kommen sie auch draußen vor
Doch sicher ist es nicht, es bleibt zu hoffen.

Innere Stille ist kaum zumutbar.
Der Lärm allein kennt allzu viele Töne
Vermeintliche und echte, schräge, schöne –
Das, was du hörst, ist äußerst anfechtbar.

Wer abends in den milden Himmel schaut
Und dazu aus dem Radio Mahler hört
Von Stimmen und von Stimmungen betört
Fühlt Starkes, wenn er seinen Ohren traut

Den müden Augen streift bloß ohne Hast
Ein kleiner Flieger durch den blauen Glast.


30. November 2024

mardi 12 novembre 2024

Quantenelegie

Knips in der Nacht ein Licht an und erkenne:
Was ich verlor und mein Besitztum nenne
Weht wie ein Schatten um das Licht im Zimmer
Steht, und ist hier und da, ist nie und immer.

Zu viel ist lange her, mehr noch vergangen
Hab unterdessen andres angefangen
Doch was ich anfing, gilt auch längst nicht mehr
Es ist verwelkt, verweht, schon ewig her.

Was ich im Hinterkopf seit je verwahrt
Der Goldschatz, den ich vor dem Krieg verscharrt
Ist erst zu bergen, lieg ich selbst im Grab
Und mit mir das, was dem Gedächtnis starb.

Erinnert wie vergessen, jetzt und nie
Stets viel zu spät, und gleichwohl noch zu früh...
Dies Dasein um mich her, ob es zerronnen
Oder auch nicht – geendet wie begonnen.

11. November 2024

 

vendredi 8 novembre 2024

Argument

„Ich weiß vom Nächsten kaum Bescheid
Vertraut ist mir das Ferne
Und möglichst in der Dunkelheit:
Da leiten Mond und Sterne.“

„Die geben leider wenig Licht.
Geläufig soll dir sein
Der Tag, verstehst du das denn nicht?
Der Mond ist grad ein Stein.“

„Ich kenn den Alten mehr als ihr
Von wegen Kerzenschimmer;
Ihr sagt wohl wahr, mir langt Gespür
Denn das betrügt nicht immer.“

„Wer nur sich selbst traut, hat nie recht
Dem streiten sich Gespenster.
In Finsternissen wohnt er schlecht –
Ein Haus braucht Tür und Fenster.“

„Die gehn auch in die Nacht hinaus
Klagen die Philosophen
Und holen Holz von hinterm Haus
Und feuern an den Ofen.“

„Drum lobt er die Gemütlichkeit
Und macht die Läden zu
Als wäre ständig Schlafenszeit
Und legt sich hin zur Ruh.“

„Ich liege wach und glaub allein
Was meine Augen sehen
Sei’s auch nur euer Wichtigsein
Fern im Vorübergehen.“

5. November 2024

vendredi 11 octobre 2024

Eagle Eye

Eagle Eye, buried alive like a mole
Subject to sightless attractions
Still fit to grope, but too wise to control
Feelings, curbs outward reactions.

While cause and effect run wildly amuck
Hunches inform the old mind:
Too sere to tell lurking torment from luck
Seers are certainly blind.

Lust for more tickles the undying heart
Apathy stifles the soul;
Too know-it-all to rehearse a new part
Time plays its natural role.

October 10, 2024

[Rubens, The Groping Blind]

samedi 21 septembre 2024

Souffle vespéral

    Ne me demande pas ce que j’ai fait hier.
J’ai le souvenir d’il y a dix ans
Vingt ans, cinquante ans
Mais pas d’hier.
Hier est plus loin que ma jeunesse
Plus loin que l’enfance cruciale
    Hier, je ne suis même pas né
Hier, c’est la préhistoire avant la préhistoire
Hier, c’est de la bagatelle
Hier, c’est jamais.
Ce qui m’arrive encore
Doit manquer d’importance.

    Quand ils se sont subitement éteints
Après leurs millions d’années de routine
De broutille tranquille ou de chasse assurée
Les dinosaures ont dû se dire :
Il y a tellement de choses dont on se souvient
On a tellement vécu
    Du coup, le soi-disant météore d’hier
On l’a déjà oublié
Ce n’était rien.
Même pas une fin en soi, quoi.
Ces géants aux cerveaux minuscules
En savaient déjà long sur l’intelligence de la mémoire.

    D’autres loustics se projettent dans le futur.
Or, c’est un futur d’après
Un futur sans eux, mural, nocturne
Avec eux sous forme de spectre persistant
Parce qu’il faut quand même qu’il reste quelque chose
De l’artiste au creux du lendemain sans hier.
    Ils se disent que, faute de présent
Le futur sans eux
Ne se passera pas de vestiges.
Ceux-là, dès leur vivant
Ils se voient à juste titre en fossiles.
En voilà une croyance peu utile.

    La disparition d’hier mène donc loin
Plus loin que le regard en arrière.
Au bord du précipice
On se ravise
Et passé récent et passé lointain
Se révèlent pourtant de même étoffe.
    Seulement, la longue-vue n’est plus gênée
Par la végétation circonvoisine
La part floue a disparu
Et, préservés de sensations nouvelles
Cœur et raison, enfin à l’unisson
Respirent un air en quelque sorte purifié.

7 Septembre 2024

dimanche 4 août 2024

Limbes

Quand je m’endors, tout ça chavire
Au réveil, ça se stabilise ;
Miracle et déception, l’un turbulent et l’autre sage
Ne sont pourtant que de surface :
Mer démontée ou régulière
Trois brasses en dessous évolue le silence.

Endormie ou réveillée, la présence
Endosse, elle, l’habit de circonstance ;
J’apprends à lui faire confiance
Dès lors en ton absence.

Dans les culbutes du navire
J’ai tout de même de la chance :
Endormi ou réveillé, j’échafaude
À flot sur d’immuables profondeurs.

3 Août 2024

mardi 23 juillet 2024

Vom Glauben, Wissen und Vermuten

i.

Einer, der kürzlich groß von sich erzählte
Und dem kein Wort ich glaubte von dem Zeug
Sprach wahr, wie sich herausstellte, die Märchen
Die er mir aufgetischt, waren erlebt.

Ein andrer, dem ich alles abgenommen
Weil es bescheiden klang, hatte ein Leben
Das so ereignisreich war, dass er noch die
Wildesten Abenteuer stets vergaß.

Oh, böser Glaube, Feind des einen und
Des andern Feind, du Wohlgeruch, der bis
Zum Himmel stinkt, du zwingst zum Schweigen jene
Die nichts und doch so viel zu sagen hätten.


ii.

Ich weiß nur das, was auch die andern wissen.
Was ich allein weiß, daran zweifle ich
Zu recht oder zu unrecht, wer kann wissen
Was wahr ist, wenn es doch kein andrer weiß?

Wahrheit sollte Gemeingut sein, doch ist sie
Nichts weniger als das, das ist ihr Fluch.
Nur das, was du allein weißt, hat die Chance
Ihr letztlich ein klein wenig nah zu kommen.


iii.

Wenn Glauben täuscht und auch das Wissen strotzt
Vor Unwahrheit, bleibt einzig das Vermuten
Als letztes Bollwerk vor dem blind Verbluten.


22. Juli 2024

lundi 8 juillet 2024

Erfolgsaussichten

Als man die Amazonier zwang, in Lumpen zu verhüllen
Was ihre Nacktheit vorher gloriös mit Farben schmückte
Als man begann, den großen Wald mit Fortschritt einzumüllen
Mutwillig jede Pore, die noch atmete, erstickte
Hat man doch nur die Zukunftsperspektive ausgedehnt
Und das, was dran seit jeher faul war, mit sich selbst versöhnt.

Ich garantiere keinem Werk, dass es gelesen wird
Halt ihm in meiner Bücherei nur eine Lücke frei;
Auch was mir selber eingefallen, wird nur so geehrt
Dass ich es dort vereinen will mit fremder Dichterei.
Nichts davon muss entziffert sein, geschrieben sein genügt –
Wer liebt, verlangt nicht, dass man ihn deswegen gegenliebt.

Was lebt, versteigt sich besser nicht, von Resonanz zu träumen
Und darf sich höchstens einen Platz an fernem Ort erhoffen.
Kein höheres Glück, als jeden Ausblick sorgsam wegzuräumen;
Findet er Freunde im Regal, hat er es nicht schlecht getroffen.
Es wird, was sich mit Federn putzt und bunten Pfeilen wehrt
Beizeiten doch, im Sack verstaut, vom Weltgeist aufgezehrt.

6. Juli 2024

[Yanomamis auf einer Straße in Boa Vista. © MICHAEL DANTAS / AFP]

vendredi 7 juin 2024

Voiles

La lavande a voulu te couvrir entièrement ;
Désormais, tu sembles dormir sous rien d’autre qu’elle
Ma fleur de la garrigue
La lavande l’a donc voulu ainsi :
Elle a recouvert le rosier et ton nom et tes mots et tout le reste
Puisqu’elle a voulu te recouvrir en entier.
Mais elle n’est qu’un dernier voile
Le rosier et ton nom et tes mots et tout le reste sont toujours là
Il suffit de l’écarter un petit peu, ce dernier voile
Une main qui sait suffit.

Une main qui n’a pas peur des bourdons
Car ils s’écartent, eux aussi.

En fait, tout ce qui te recouvre
S’écarte aussi facilement d’une main
Que lorsque tu t’es montrée à moi pour la première fois ;
Parfumées à la lavande
Premières et dernières fois se confondent.

5 Juin 2024

mardi 28 mai 2024

Erscheinung und Verwandlung

Eine Erscheinung ist etwas Großes
Aber erfordert Verwandlung.
Betrachte ich das Röntgenbild meines Brustkorbs
Auratisch silbern und für das Kind in mir beängstigend
Ja des Gehirnes Schnitte aus der Perspektive des Tomographen
Sehe ich dennoch aus wie jeder andere.
Um ein möglicherweise Unverwechselbares zu erkennen
Muss man erstens Medizin studiert
Und zweitens einen schwerkranken Menschen vor sich haben.
Betrachte ich mich mit Haut und Haaren, oder jedenfalls
Dem Rest davon, im getreuen Spiegel
Sehe ich zwar ein klein wenig persönlicher aus
Aber immer noch nicht so ganz besonders individuell.
Die, die so ganz besonders individuell aussehen
Beherrschen die hohe Kunst der Verwandlung.
Es ist die stilvolle Fliege oder eine auffällige Brille
Was ihnen den unverwechselbaren Charakter verleiht.
Wer auf eine solche Fliege und eine derartige Brille verzichtet
Verzichtet auf die ins Auge stechende Persönlichkeit
Und geht nachgerade in der Menge unter.
Wer auf eine derartige Fliege und eine solche Brille verzichtet
Verzichtet darauf, jemand Besonderes zu sein
Und kann niemanden beeindrucken.
Trägt er indes eine solche Fliege und eine derartige Brille
Ist er entweder ein bedeutender Dichter
Oder bei der Gewerkschaft.

Die gesellschaftliche Bedeutsamkeit des Gewerkschaftlers
Wollen wir hier ausnahmsweise beiseite lassen
Aber Franz Kafka zum Beispiel
Dessen altertümlicher Hut hier nicht zur Debatte steht
Und den wir heute alle kennen
Soll Max Brod zufolge zeit seines Lebens
Ein ziemlich unauffälliger Mensch gewesen sein, im
Kleinen Freundeskreis einigermaßen lebhaft, ja schnell erregt
Jedoch in größerer Gesellschaft lächerlich still und zurückhaltend.
Dieses ausgesprochen durchschnittliche Verhalten für einen
Der sich anscheinend so seine Gedanken macht
Ist ein kaum verständlicher Skandal
Angesicht einer hinterherigen Berühmtheit, die so vollkommen ist
Dass einem davon geradezu schwindlig werden kann.
Damit die Dinge wieder ins Lot kommen
Dichtet man ihm billigerweise jene Exzentrik hinzu
Die nun einmal eine Grundvoraussetzung ist
Und man behauptet sogar, er habe äußerlich Kafka geähnelt.
Er muss es aushalten, der Franzl
Es ist der Preis, den er dafür zahlen muss
Dass er so unerwartet aus der Dunkelheit gezerrt werden durfte.

28. Mai 2024

dimanche 12 mai 2024

Authenticity

Clapton im Fern. Zuerst bin ich ziemlich angetan, die eigene Jugend spricht: Dieser ausgesprochene Brite imitierte die schwarzen Amerikaner doch erstaunlich gut; ein klein wenig falsch klingt es, aber egal, loben wir den guten Willen. Dann erinnere ich mich allerdings daran, dass er seltsame Reden schwang, hunderte Millionen schwer ist und seinerzeit unbezahlbare Automobile erwarb, obwohl er keinen Führerschein besaß. Insofern nur folgerichtig, dass so einer über Probleme sang, die niemals die seinen waren noch je sein können, er beutete das Ghetto mithin schamloser aus als die meisten anderen, keiner seiner dunkelhäutigen Meister, kein „authentischer“ Bluesman hat mit seiner Kunst denn auch nur annähernd so reichlich Kasse gemacht wie dieses weiße Idol weißer Jugend. Deren Narzissmus ließ sie bei allem romantischen Fernweh dem Original den Imitator vorziehen, in dem sie sich nun einmal wiedererkannte. Als gemütvolle Masse möchten wir nicht über den eigenen Schatten springen, nur das langwierige Dazulernen des Einzelnen hilft eventuell.
Nun, die einzige Freude, die sich ein garstiger Beethoven im Alter noch machen konnte, war die, eine Musik zu erfinden, die er selbst nicht mehr zu hören vermochte. Doch gibt es überhaupt eine andere?


Life’s threat is not the thread by which it hangs
It is the broken harp chord of its coveted events:
Thou shalt not strike another’s chord –
Art proves too short.

The awkward tune we’re keen to play
Will drag us down in its decay.

Don’t ever ask one to innovate –
We’re mainly apt for imitating
And if so, deeply pulled into abating;
For all their drive, art’s urges burn too late.

May 12, 2024

mercredi 24 avril 2024

Crue

“Much Complaint about the Imperfection of Language”
George Berkeley, Notebook A, 596


Qui a dormi longtemps, pépère
Et qui a dormi dans son jus, peuchère
Lorsqu’il quitte son lit, il s’étale
Comme la crue matinale.

Toute surprise
D’inonder tant de sa lourdeur
Flotte devient vite stagnante.

Ne t’étonne jamais de la brusque exigence :
Ce pays a dormi comme toi
Et si Berkeley a raison, aussi profondément
La rencontre étant pourtant écrite.

Mélangés dans la couche nuptiale, en fait
Pas encore levés, vous ne faites
Que déborder et vous laisser déborder.

Dormir éveillé, ou féconder la terre
On s’en branle pas mal, tralalère :
Toi, potentielle, et moi, potentiel
Du coup, notre monde paraît éternel.

 

[Es wäre in der Tat ein gewaltiger Trost, könnte man augenblicklich vergessen, was man nicht mehr sieht. Doch gibt es selbstverständlich eine Seele – wir spüren sie unmittelbar im engen Kontakt mit anderen – und die Wahrnehmung dieser Seele macht die Welt endlich, als endliche über das Ende hinaus bleibend präsent, und es entsteht die Trauer über den Verlust.]

18 Avril 2024

  [Cloyne. Photo © Jim O'Neill]

lundi 25 mars 2024

Chasse, pêche, nature et traditions

i.

Je me suis rebâti mon petit bonheur de bureau au dernier étage.
Plus haut que large, il dispose d’un peu de lumière zénithale
Et j’y trône comme au bois, au milieu du feuillage.

Dans mon affût perché, je guette
Le passage du gibier, lourd et même léger
En essayant durement de ne pas m’endormir avant.

Si l’attente du chasseur en forêt nominale est lassante
Et si l’assoupissement du poète s’avère d’un secours certain
L’éveil plutôt difficile reste un devoir moral.

ii.

Je ne sais pas pêcher
J’attends comme l’ours que le saumon monte
Puis, incapable de ruser, je tape en direction de son image.
Mue par ma patte pataude, l’eau gicle fabuleusement
Tandis que le poisson d’habitude s’en réchappe ;
Seulement quand il est encore plus malchanceux que moi
Par le plus pur des hasards, je l’attrape.

Le fait rare peut suffire pour se sustenter
Mais emmerdé avec ma proie, je me demande
Ce qu’il foutait là, enfin, ce sac d’arêtes.

Étant donné nos déveines
Lui, il aurait dû rester au large
Et moi, à l’étroit en faisant l’ours.

iii.

La nature qui m’entoure n’est pas celle qui influe sur moi
La seule en mesure de le faire, c’est mon intérieure.
Or, cette intérieure est moins une vraie nature
Que le produit de mon imagination.
Je me prolonge donc par une sorte d’autofécondation artificielle.

Le résultat de cette horreur paraît pourtant tout naturel ;
L’intérieur serait-il identique à ce qui m’entoure ?
La ressemblance est toutefois frappante.

iv.

Les traditions, vaut mieux s’en passer
Sinon, ça t’englue et même que ça te rabote
Et il faut rester sec et rugueux, dit le traditionaliste.


24 Mars 2024

dimanche 10 mars 2024

Le nominalisme et nous deux

Nous ne sommes pas produits en série
Nous sommes certainement uniques
Mais il faut dire que nous nous sommes rapprochés l’un de l’autre
De sorte que, vers la fin, nous sommes presque devenus un.
C’est là que l’autorité suprême a dû tirer un trait
En nous séparant pour de bon.
Elle a fait ce qu’elle a pu, cette autorité.

Ce qui subsiste de toi après la corruption de ta chair
Continue en moi ;
Conceptuellement parlant, la circonstance
Nous situe entre Moyen Âge tardif et Renaissance naissante
Et toujours à proximité de l’hérésie :
C’est que par ta façon d’être toi
Et par ma façon d’être moi
Je savais toujours
Que nous vivions entre deux époques
Et que l’instant était le tout
Et le centre, partout
Et le néant, rien
Ou plutôt n’importe quoi.

9 Mars 2024

  [Ensō-En Sof, autorité suprême]

lundi 26 février 2024

A Small Replacement Theory

Halfway between critter and contraption
Prosthesis lives a life of its own
Behaving like a body in action
Implanted and then let alone.

Dislike or not, they abide.
This leaves no reason to discuss:
We are surrounded from inside
They grow the pristine part of us.

Time’s on their side, you came
Too early, sonny: lame
Deaf, blind, their antonym
Dying out on a limb.

February 25, 2024

lundi 12 février 2024

Robinson

1. Téléphone ancien

Au temps des grands téléphones, le plus clair du temps
Symbolisant le silence, incarnations de la mort en marche
Implacables rappels, la maison plongée dans d’autres bruits

Du temps quand, sans le savoir, on se contentait de peu :
Des échos de la maison en règle générale, quand tous
Étaient encore là, du temps béni de l’enfance donc

La douleur était déjà présente, bien sûr
Mais la consolation plus rapide.

Si cette dernière n’est pas née en premier, c’est tout comme.
Qui en premier, qui en dernier ? Je ne conseille
À personne le regard en arrière.

Que Robinson ait pu quitter
Son île à la fin, n’a rien changé :
Il restait dans son temps, passé exclu.

Quelle différence cela fait-il sur une planète
Qui tourne en rond, en solitaire ?


2. Naturempfinden

Ein bloßer Körper – Körper bloß, weil nackt – mit Dingen
Beschäftigt, die man sonst bekleidet unternimmt:
Was lässt die tätige Person in ihm verschwinden?

Ich seh, wie bei der Mühe sich die Muskeln winden
Und so der Unterschied von Tun und Sein verschwimmt:
Was solch den Körper auch verrichtet, muss gelingen!

Sucht’ ich ihn lüstern von der Arbeit abzubringen
Wär’s, ob erfolgreich oder nicht, doch vorbestimmt:
Das, was Natur bewirkt, wird sie auch stets empfinden.

Lass dich nicht täuschen, denk ich dann, das Alltagsleben
Ist Widerspruch genug, und um den aufzuheben
Hängt alles doch am Fleisch allein und seinem Streben.


29. Januar 2024

dimanche 11 février 2024

Célébrité

1. La force du poncif

Fonds de commerce ou simple manie, ce n’est pas parce qu’on insiste qu’on est original. Les bons mots du Cassandre des Carpates sont à peu près tous mauvais, mais on peut emberlificoter du monde rien qu’en multipliant les clichés. Jusque dans sa façon de s’interroger sur ses écarts de jeunesse, Cassandre reste dans le kitsch, il ne s’en départ jamais, et c’est ainsi qu’il exploite sans peine la bêtise d’en face, celle de ceux qui se prétendent progressistes. Pour mieux leur fourguer sa camelote, il va jusqu’à emballer son désespoir de misérable dans du papier rose bonbon appelé « style ».

Le jour se meurt tout doucement
Et t’illumine peu à peu
Ébouriffé, l’oreille à plat.

Tant qu’on en a
On dort sur ses cheveux
Et sur ses deux oreilles en même temps.



2. La notoriété du prophète

La chenille systématique s’est faite papillon. Converti en prêcheur ambulant, l’insecte sénescent s’est révélé personnage médiatique. Toujours tapi derrière la tonnante vedette, l’essayiste solitaire devrait pourtant connaître les écueils de la spontanéité. Pourquoi désire-t-il tant être sur les ondes ? À cause du plus grand nombre ? En voulant haranguer les foules, il paie le prix de ses déclarations primesautières au lieu d’engranger les bénéfices de ses écrits travaillés : on le conspue sur la place publique, on lui crache à la figure dès qu’on le reconnaît, il va finir comme l’autre, crucifié. Si sa popularité le dessert, si elle est du pur gâchis, ô combien doit-il savourer les émotions puériles qu’il ne cesse de susciter ! Le moindre téléspectateur a une opinion sur lui, les plus obtus parmi eux l’ont même affublé d’un sobriquet. Inouï pour un homme de lettres, son tour de génie lui a rapporté sans doute une nouvelle classe de fleurs à butiner, et tant pis pour ses lecteurs.

Ce qu’on veut, on l’aura, me dis-je
Le rêve deviendra réalité
L’image qu’ils ont de quelqu’un se fige
D’autorité.

Qui aime son p’tit noir nature
Ne fera pas de vagues dans la tasse
Mais qui se jette soi-même en pâture
Que bien lui fasse !


29 Janvier 2025

samedi 27 janvier 2024

jeudi 18 janvier 2024

Supériorité

“Oh non ti dare arie / di superiorità. / Solo uno sguardo io vidi / degno di questa. Era / Un bambino annoiato in una festa.”
    Sandro Penna

Gratuite, la supériorité n’est qu’apparence.
Quand elle existe, elle se paie
Peut-être de mort.

Son prix est la classe
Et une des qualités de la classe, pas la première, mais une d’elles
C’est de ne rien laisser transparaître
Travail souriant, épuisant, chantant.

Je n’ai rien su de tes souffrances
Jusqu’au moment où le martyre s’est fait chair
Et toi, encore chantant
L’inexorable chant des justes.

14 Janvier 2024

samedi 30 décembre 2023

Nirvana

           “Tu affretta, / se puoi, tua morte. O non pensarci più.”
                                         Umberto Saba, Vecchio e giovane 

 1. Rien à la télé

    Les yeux embrumés par le manque de spectacle –
Que faire quand il n’y a rien à voir ?
    Que faire de ton peu de vie quand par miracle
Étincelante dans le désespoir
    La franche nuit se lève dès le soir
Pour te tourner le dos en mur de désobstacle ?

    Parlons alors de l’âge en termes de débâcle :
Il est de ceux qui brillent dans le noir.

[Parler ici de télé au lieu d’internet qui, lui, ignore le néant, est en soi le signe d’une inexorable sortie du monde des vivants.]


2. Im Dienste der Nachgeborenen

Geh nicht dahin, ohne zu hinterlassen!
Weil es den Tod versüßt, vom Toten zu erben
Sollst du mit deinem Angehäuften sterben;
Sonst wird man dich auch hinterher noch hassen.

Geh einen Goldschatz lassend, nur kein Werk
Und statt als Held, als Alberich, als Zwerg.


3. An Aphorism on Perspective

If existence gives man a preview
Of nothingness, it is to let him foresee
What will come after it: Things will continue
As before. Hence the issue of Eternal Life resolved.


December 30, 2023

dimanche 17 décembre 2023

Squiggles, Frills, or Curlicues

Comment les appeler, ces ornements
En houle de surface, falbalas
Qui, sans en dévier le cours, définissent

Ta vie, rendant, sans t’en sortir, moins lisses
Les ornières qui mènent où tu vas
Te laissant croire au hasard des moments ?

C’est que, sur le vélin de nos contrats
D’engagement, les seules fioritures
Et non les noms font foi de signatures.

15 Décembre 2023

samedi 2 décembre 2023

Passage

Je ne m’élève pas bien haut
Je ne descends pas bas
Je reste à la surface par nature :
Le peu qu’on monte ou plonge est pour la forme
On est assez dans l’énorme.

Il est sans intérêt, l’immense
Il divertit l’esprit quand il y pense :
Je me grandis au fur et à mesure
Que je ne sonde guère
Que je me hisse à peine.

Au loin, je vois tourner le phare
En mer, calmes balises ;
Te suffise l’écueil à portée d’encablure :
Heureux de ces limites
Tu dois l’aimer, la peau que tu habites.

2 Décembre 2023

 
 
[Aurore Salomon, Nordhavn Book. 2007]

mardi 14 novembre 2023

La preuve

Si nous nous étions séparés
Je pourrais avoir l’espoir que tu
Me reviennes un jour.

Mais nous ne nous sommes
Pas séparés, restant au
Contraire le plus près possible. Le fait que

Je ne puisse avoir aucun espoir est la preuve
Tangible que nous ne nous sommes jamais quittés.
Logiquement, on est toujours ensemble.

Être ensemble comme une maison solitaire
L’est avec le paysage
Au sein duquel elle a été bâtie

Ensemble comme avec le vent
Avec les éléments. Drôle de compagnie quand c’est
Le seul paysage qui t’accompagne –

Lui, souffle nu et maison muette et nue, l’accord est
Plus parfait en quelque sorte
Qu’entre deux maisons lovées dans un creux.

On s’use vite sans
Le bruit vivifiant des pas. Le vent
Remplace et maintient un peu.

11 Novembre 2023

[Hopper, Ryder’s House. 1933]

vendredi 3 novembre 2023

Zum Ghasel Nummer 3

اگر آن ترک شیرازی

Er rühmt sich, ganze Städte gäb er liebend auf, gelobt Verzicht
Für diesen finstern Leberfleck in jenes Türken Bleichgesicht

Erwähnt erhabenes Gefühl... Doch wer begehrt, was fühlt der schon?
Der traut nur seinem Blick, als sei der ungetrübt, mehr kennt er nicht.

Er kennt nicht, wen er vor sich wähnt, sieht bei ihm nur den ______________________________________Hautkontrast
Den Makel, der vollkommen macht. Was er sich wohl davon ________________________________________verspricht?

Soll er getrost behalten, was er hat, und sei’s ein Königreich:
Will er was opfern seinem Schnuck, dann bitteschön sein Augenlicht!

Sonst ist nur eitel Quasseley – der Kasper schwärmt vom Hindumal
Schwarz wie die schwüle Tropennacht, und kocht sich das zum  _______________________________________Leibgedicht.

Er stottert: Liebster Leberfleck... Hirnrissig hingerissen, reimt
Und träumt und meint sich dennoch wach, weil, wer nicht schweigt,  _______________________________vom Schweigen spricht.

So schwärmt er sich den Türken lieb, obzwar dem bloß was ________________________________________Niedliches
In seines Näsleins Nähe sitzt, und ghaselt gar vom Weltgericht.

Das Weltgericht, das kümmert nicht, was du empfindest kreuz und  ____________________________________________quer.
Wer liebt, der sollte blind sein und ertasten, was das Herz ihm  ___________________________________________bricht.

Du, Hafis, fuselvollgepumpt, schwebst von der Schönheit hoch zum  __________________________________________Nichts –
Und so stimmt alles, denn allein das Federleichte hat Gewicht.

30. Oktober 2023

mardi 31 octobre 2023

Son poids

Je dors parfois de son côté et tant qu’à faire
En l’y remplaçant, je me prends un peu pour elle :
Le matelas n’est guère usé, sur cette terre
Elle a toujours été légère, ma très-belle.

Quand c’était elle qui se balançait, son pin
Lui tendait, muet, le bras gracieusement plié
Craquant sous de plus lourds. Quand eux, ils l’ont scié
La v’là déjà au loin, envolée aux confins.

Lanceuse d’escarpin sur son escarpolette
Princesse à presque pas d’empreinte sur sa couche –
La couche est désertée, du pin reste la souche
Et de son court passage un souvenir de fête.

27 Octobre 2023





 

 

 

 


 Photo © Lutz Potrawa

lundi 30 octobre 2023

Fragmens emphatyques

Terrassé par la hernie, il me fallut attendre. Ni la station debout ni la couchée m’étant permises, j’étais réduit à l’assise. Qui dit assis, dit médiocre, et qui dit médiocre, dit grandiloquence. Je suis comme tout le monde : pour me désennuyer, je me précipite sur le graveleux. Le graveleux c’est l’emphase, la boucle est ainsi bouclée. Et si moi-même, rigoureux sinon austère en situation insatisfaisante, je le fabrique sans difficulté sous la forme d’épopées interminables, le lecteur cultivé ne saurait le supporter que fragmentaire. En voici de courts extraits.

1. Premier aveu


        « Rajuste-toi ! » lui criai-je après dans le silence.
L’écho m’a répondu du haut du ciel : « Et toi ? »
Le retour à la vie n’est que peine et souffrance.

                                       *

        Viens, bonace, un grand souffle a brassé chaud et froid !
Séduit, l’ange a nourri mon cœur de sa semence
Enfui, il m’a laissé son odeur sur le doigt

        Le jeu pervers, les règles l’innocence même
Faisant frémir son halitueuse peau d’albâtre :
Pour fondre forme et fond, raisons et corps, blasphème

        Et dévotion, il a suffi d’être idolâtre !
Las ! les aimants censés se repousser, s’entr’aiment
Et ceux qui s’aiment sont outillés pour se battre.

                                                               (Chérubin, âne et ange. Fin)


2. Deuxième aveu

J’ai eu la vie privée privée d’inanités ;
Loin de ces horizons, je me suis vu de près.
La langue se desséchant sans mondanités
Le monde tel qu’il est m’est resté un secret.

J’aurais dû mettre des couleurs : de loin, le noir
Et blanc ressemble un petit peu au désespoir.
Le dégradé des tons parfois gai, parfois triste
De près, le camaïeu fait bien plus réaliste.

                                         *

Or, il n’y a que le rose dans ce nuancier.
En teintes, j’ai seulement celles-là, j’avoue :
Du plus tendre des roses au plus prononcé
Qui, lui, accuse réception de mauvais coups.

Le rose frais des joues, le rose bleu des fesses
Rose de honte, écarlate des cent splendeurs
Les mauves roses qui éclosent aux rondeurs
Du corps, couleur bonbon jusque dans leurs détresses –

Tout s’est résolu à cette déclinaison.
J’aurais voulu lui opposer la plaine verte
Du ciel dont parle le génie de ma maison
Mais je n’ai jamais vu de prairie moins ouverte.

                                                               (Du divan)


26 Octobre 2023

dimanche 29 octobre 2023

Lumière et ombres

1. De mortuis

Fat cause de lumière lorsqu’il faut parler de nuit –
C’est bien la morte, et elle seule, qui constate l’éclairage
Mais à coup sûr pas le vivant, le fabobin, imbu de certitudes.

Qui a l’esprit de contradiction et le bec baveux
L’a bien facile, il n’a qu’à obéir au dogme
Il n’a qu’à suivre l’alphabet :

L donne la Lumière, puis M la Mort, N la Naissance.
O comme Obsèques. Celles-ci réglées, il n’a
Qu’à continuer en atmosphère :

P comme Paix, Q comme Quiétude, R pour Repos.
S évoquant Silence, et T, Tranquillité.
Si après, les choses se gâtent

L’imbécile s’arrangera toujours : U = Univers, V = Vérité.
X = Xéranthème (un genre d’immortelle).
Yoga, ma foi, puis Zen.

Les Waters où tout foutre, il les oublie exprès ; je les lui laisse.
Faudrait avoir un petit peu de retenue et de décence, cher
Quand le cœur du métier est le négoce de cadavres.


2. Appendicite

Depuis l’adolescence, je n’ai plus connu
De période aussi étendue de désir inassouvi
Je ne savais même plus ce que cela voulait dire.

Le désir n’était là que pour être assouvi, il était attendu
Comme une mère attend la faim de son enfant
Pour avoir le bonheur de le nourrir.

Le désir nous collait quasiment à la peau
Pas la peine de nous confesser quoi que ce soit, très
Profitable, ce désir gluant, on n’aurait pas su comment faire sans.

Désormais, il est juste là, en rappel de la solitude
Mais sans la juvénile foi de rencontrer
L’âme avec qui brûler d’envie.

Ce désir est devenu aussi superflu
Qu’un organe ayant cessé de jouer son rôle
De la sorte réduit au grotesque appendice d’un barbon.

La maturité d’un appendice est hélas irréversible
Et ceci en raison du plaisir éprouvé
Pendant presque une vie.


26 Octobre 2023

samedi 28 octobre 2023

Le coup

Parvenant à entrer – il faisait froid dehors –
Elle s’est crue sauvée, bourdonnant son content
Mais un seul coup faisant mouche a scellé son sort
Ce coup pernicieux, nul ne sait où il l’attend.

Sa joie de vivre, en fait, me fut un déplaisir :
Vaut mieux n’en laisser rien transpirer, joli cœur !
Pas assez mouche pour pouvoir croire au bonheur
Humainement, je sens toujours le coup férir.

D’abord fier de mon coup, parfaitement cerné
Face à la morte, ému, je me suis pris pour fou.
Son gai bourdon, en quoi m’avait-il concerné ?
Je me le demandais, dépité après coup.

– Si tu l’entends chanter, la chance, et ça t’agace
Rien de plus clair : ton irritation est le signe
Que d’une vie meilleure, insecte, tu es indigne.
Donne-la, cette claque à toi, grand bien te fasse !

– La claque m’abattrait, faut pas que je me touche.
Ce n’est pas le bonheur qui gêne en tant que tel
Il ne m’est pas proscrit, je suis comme la mouche
Et comme elle, il me perd dans ce cosmos cruel.


26 Octobre 2023

mardi 3 octobre 2023

Amies et ennemies

La guêpe tourne autour de la feuille
Elle cherche quelque chose. Moi, je sais.
Depuis que la grosse chenille verte est mon ennemie
La fine guêpe avec son train d’atterrissage sorti est mon amie.
Ça va vite avec les bestioles.

J’ai vu la guêpe découper la chenille, mon ennemie :
Elle l’a d’abord sucée pour la dégonfler, puis découpée
Pour pouvoir en emporter les bouts, portions suffisamment légères
Pour être transportables. Elle fait plusieurs voyages, c’est obligé
Et n’oublie jamais le dernier tronçon.

Les insectes sont comme les hommes :
Au besoin, ils sont capables d’être spectaculaires –
Gros mangeurs d’une placidité de nuisible
Ou maigrichons très organisés dans leur détermination brutale
C’est ainsi qu’ils dépendent les uns des autres.

Homme, on est un peu dans l’embarras –
On peut être guêpe ou chenille ;
Sur le moment, personne ne pense au papillon perdu.
Mais l’homme peut aussi être papillon
Pour peu qu’il arrive à ce stade.

Il n’y a pas de combats entre guêpes et papillons
Ils s’ignorent mutuellement, c’est beau à voir
Car le combat a lieu avant et tourne toujours à l’avantage de la guêpe.
Le seul suspense : trouvera-t-elle sa chenille, d’un vert de feuille ?
Le papillon, lui, est un survivant.

Il n’y a que les survivants qui peuvent se permettre de faire papillon.
La vie, elle, se passe entre guêpes et chenilles.
Le papillon, dans sa tour d’ivoire alors...
Il ne connaît pas la vie, lui
Elle est déjà derrière lui quand il naît.

Léger comme l’air
Il se met à pondre de petits œufs
Qui deviendront de grosses chenilles.
La guêpe
N’a qu’à lui foutre la paix.

2 Octobre 2023

lundi 2 octobre 2023

Presque

Le visage m’est toujours très proche
Et la partie la plus proche en demeure la bouche.
En image, sa bouche me touche presque.

Il manque si peu
Pour que nos lèvres se sentent
L’importance qu’elle a toujours eue, la bouche, lui est restée.

Or, tout est dans le presque
Il n’y aura plus rien d’autre que le presque.
Désormais, l’eau près de la bouche doit suffire pour me désaltérer.

Quand je dis presque, je dis la présence.
Sans présence, même pas ce presque.
La présence du presque est douloureuse et rassurante.

Nous arrivons donc presque à nous toucher
Et nous nous sommes donc toujours très proches
Seulement, ce n’est plus un jeu comme dans le temps

Lorsque, frétillant, l’un se tendait comme un arc
Tout en se refusant le droit d’être effleuré
Par la langue ou les lèvres salvatrices, toutes proches.

L’énervement du laisser durer : ça s’éternisait
Mais – le supportable ayant ses limites –
Sans que l’attente fût interminable.

Maintenant, elle l’est.
Quoique.
Interminable ne veut rien dire quand tout doit trouver sa fin.

Sans espoir de délivrance, je finis par me détourner
Et, à mon regret, j’abandonne l’image
Pour une autre fois.

29 Septembre  2023

jeudi 28 septembre 2023

Mummy

À plus de soixante-dix berges, celle-ci a cru approprié de me raconter sa rencontre. Rencontre de rien du tout avec un jeune Tarzan sur un vélo qui se passait la main dans sa luxurieuse chevelure « avant que nos regards ne se soient croisés ». Et que depuis, elle ne pense qu’à lui. Donc du vrai coup de foudre de la part de la géronte, sauf qu’il est fort probable que le jeune homme a regardé dans sa direction par pur hasard, en observant le trafic, je subodore, ne voulant pas écraser une mémé. Ces choses-là, on a le droit et même le devoir de les raconter quand on est en mesure de les transformer en œuvre d’art, en poème ou au moins en pensée. Il vaut mieux les garder pour soi tant qu’elles ne constituent qu’un sentiment brut, non sublimé. Mais tout le monde s’estime désormais autorisé à se constituer en individu disposant des privilèges réservés au sel de la terre, autrement dit aux anciennes royautés toujours régnantes que sont les alchimistes faiseurs d’or. De l’or sans or – la morne promesse démocratique, je crains.

When desire meets reality
You may feel ready for the pyramid
But mausoleums are simple thoroughfares
You remain a mere transient anywhere you stop.

The mummy of Ramesses I
One fine day became a freak show exhibit.
If that’s the way things turn out
Don’t ever try to get mummified, it’s pointless.
– Oh, I’m just not afraid.
I’m not Ramesses
And I’ll be buried among actual paupers.

– Queen Hatshepsut in person was interred next to bond folk.
She ended up unearthed and her poor teeth were studied.
Terrible chompers for an otherwise outstanding lady.
So this is no solution.
– I sure don’t ask for solutions.
As a transient, I don’t even wish to wind up somewhat interred.
You best consider me a piece of garbage once I’m dead.
– You seem to ignore human dignity.
– As a born pharaoh I have
The innate right to.

September 27, 2023

mercredi 20 septembre 2023

The Child

Cor blimey, was she sweet!
And stayed that way. That’s rare.
Most children are soon tired of their charm.

Constantly does this shielding change occur:
They grow up into dreary bores.
Beyond me why she didn’t.

Her body changed as much as they all do
And her mind also had to sharpen to survive;
However, she kept sweet. A miracle, if there is one.

Does not the nimble tadpole feed to morph
Into a squatting toad, while airy butterfly
In fact heads for another earthy worm?

Nature’s keen to take vengeance for conceded levity:
Does not experience afflict the childish joy
Before long bound to alter and alloy?

They are both helpless against stubborn graciousness.
The air she breathed was pure by luck and will
And in this vicious grave, must be so still.

September 19, 2023

lundi 18 septembre 2023

Vom rechten Augenblick

1. Das K-Wort

Wenn es nicht geklappt hat, muss der Kairos herhalten.
Endbetont, damit es so richtig fetzt.
Da heißt es dann: Kairós verpasst
Den Kairós wie den Bos.
Um wie viel denn?
Ich würde schätzen, fünf bis zehn Jahre.
So wenig? Und du machst ein Gezeter, als wären es Ewigkeiten.
Knapp verfehlt ist auch daneben.

So ziemlich jeder hat im Alter den Zeitpunkt
Wo er dann den Kairos hervorkramt
Als zu verpassenden Omnibus.
Wann geht denn der nächste, bitteschön?
In diesem Leben nicht mehr.
Sie sollten die Takte verkürzen.
Als ob öffentliche Verkehrsmittel nur für dich da wären.


2. Vesuv

Dächte ich, was ein Vesuv zur Folge hat
Würd ich nicht so brodeln immerfort.
Unbekümmert brodle ich, anstatt
Mich nur um mein Glück zu kümmern.

Wenn zur Nacht die schönen Feuer schimmern
Oben, kommt die Stunde nah.
Bleib nicht, wo du bist, hinfort, hinfort
Hurtig weg von dräuender Gefahr!

Deine Fluchtwege zum Meer gehen bergab
Wie der Strom der Lavamassen auch.
Spute dich, die Zeit wird knapp
Riechst du denn nicht schon den scharfen Rauch?

Schrei mir nicht ins Ohr und mach mich doch nicht wild:
Hab vor glühender Schönheit keine Bange
Noch vor jähen Eruptionen
Brodle nun doch selber schon so lange.

Wegzurennen vor dem Höllenfeuer
Ist nicht Teil meiner Optionen
Seh in mir doch selbst so ungeheuer
Jenes Schwefelkegels lebend Ebenbild.


3. L’art de partir à temps


Le fruit mollit, blettit et tombe ;
Refermant la graine espérante
Il éclate au bon moment.

Confiant en rien, tu hésites
Sans perspective tu t’attardes trop
Pourrissant sur pied.

Impatiemment, tu arraches le fruit trop tôt
Pour le croquer à moité vert ;
Son acidité est désespérante.

Qui sait se détacher
Entend son horloge interne
Quand il se voit encore en fleur.

Il se prépare au départ
Dans l’âge de la vigueur ;
Après, il n’en aura plus l’occasion.


17 Septembre 2023


dimanche 17 septembre 2023

Loca, Linguae, Levavot

[Wer einem in der Muttersprache begegnet, kann sich meist gar nicht vorstellen, dass er einem auch in einer anderen Sprache begegnen könnte, aber so ist es. Ich könnte ihm auch gerne etwas mitteilen von dem Ort, an dem ich mich befinde, doch es ist nicht möglich. Nicht, weil ihn das nicht interessieren würde, sondern weil er den schon zu kennen glaubt. Was man zu kennen glaubt, kennt man am wenigsten, das Herz steht dazwischen und verhindert jedes nähere Kennenlernen. Wer mit dem Herzen kennt, kennt nur sein Herz, aber das umso genauer, wie er am Ende wohl auch noch annimmt. Es hat gar keinen Sinn, sich todesmutig dazwischen zu werfen, zwischen ihn und sein Herz, mit irgendwelchen geistvollen, jedoch herzlosen Sätzen. Der andere will sie nicht hören, er schaltet die Ohren auf Durchzug, denn sein Herz ist jedem heilig. Selbst wenn er wollte, verstünde er nichts, wo doch das Herz längst seine Meinung hat. Gehe gegen die Herzen nicht an! ist ein Ratschlag, den ich mir nun einmal zu Herzen genommen habe, denn ich besitze ja auch eines. Erst wenn es darum geht, jedweden Ort zu verlassen, werden derartige Ärgerlichkeiten nebensächlich.]
 

1. Späte Fremdheit

Du musstest dich abfinden vor mir.
Jetzt bin ich noch da
Und da, wo wir uns getroffen haben
Und da, wo wir miteinander gelebt haben
Und wo du dich dann abfinden musstest.
    Und ich musste mich abfinden mit deinem Abfinden
Und bin nicht mehr völlig am richtigen Platz.

So richtig, wie er durch dich geworden war
Kann er jetzt nämlich nicht mehr sein.
Was tu ich eigentlich noch hier?
Ist hier für mich denn überhaupt noch ein Platz?
Aber alles erinnert an dich.
    Einen richtigeren Ort kann es für mich also gar nicht mehr geben
Ungeachtet dieser späten neuen Fremdheit.


2. Chanson

Le lieu n’est plus le lieu
Le temps n’est plus le temps
Mais tout reste vrai.

Le seul choix de jeunesse
L’est aussi de vieillesse
L’avant est l’après.

Ailleurs n’est plus ailleurs
Toujours n’est plus toujours
Mais tout reste près.

Si je ne bouge pas
Si tu ne bouges pas
On s’y trouvera.

15 Septembre 2023

samedi 16 septembre 2023

Lares

Tu le sais bien :
Le matérialisme dialectique veille sur moi.
À sa façon, façon artisanale
Et avec ses falaises, car la côte est bien proche
Puis avec le nain devant tout ça.
Ma foi, quel nain ? Celui-ci, pas un autre.
Son chapeau est rouge, et plein de choses l’entourent.
Si je n’avais mon matérialisme dialectique
La maison serait vide. Invivable.
Je l’aime pleine, ma maison
Et sans toi, scélérate
Faut que je la meuble bien plus encore.

Toi, tu n’es pas parmi mes lares.
Tu es l’esprit qui les irrigue tous de ta proximité
Tu es le grand facteur qui relativise.
Enfin, tu es la vie qui rend la vie possible
Toujours et encore.
Sans soi
Simplement ni Dieu ni Maître.

15 Septembre 2023


mercredi 13 septembre 2023

Kunterbunt im Grau-in-Grau

Des Himmels Farben werden abends bunter
Weil es der Nacht zugeht.
Und grau? Kommt denn nicht grau vor schwarz?
Ist denn mein Leben jetzund bunter?
Mit dem Erleben ungeahnter Schrecklichkeiten
Ist Bunt das neue Grau
Blutbunt mit Schleim: das wahre Grau der Sterbeklinik.


 


 

 

 



Du bariolé dans le camaïeu

Le ciel du soir se fait bariolé
Puisque la nuit arrive.
Et gris ? Ne serait-ce pas le gris qui prélude au noir ?
Ma vie, dis donc, dès lors plus bigarrée ?
Expérimentant d’inouïes horreurs
Multicolore est le tout nouveau gris
Sanguinolent diapré de glaires : le véritable gris du palliatif.

 

 Variegated Drab and Gray

The evening sky a motley shroud
Because the night is nigh.
And gray? Is not gray the last shade prior to black?
My ending life, more colorful by now?
Gone through woe and dismay
Gay’s the new gray
Bloodpaint with slime: the real gray of hospice wards.


September 12, 2023

 


 

 


lundi 11 septembre 2023

Paradiesische Zustände

1. Umzugspläne

– Wo möchtest du denn hin, Junge?
– Einfache Frage. Ins Paradies.
– Und wie kommst du hin?
– Einfache Frage. Mit dem Zug.
– Wenn das so einfach ist, wird es überfüllt sein.
– Je mehr da sind, umso besser.

Wie sehr man sich doch täuschen kann
Wenn es um das Paradies geht.
Von den Stränden im August nichts dazugelernt?


2. Dieselben Gesetze

Das Paradies, das ich zu früh gefunden
Hat sich als Kartenhaus herausgestellt –
Nicht, weil es einen Windhauch fürchten müsste
Sondern, weil ich es muss, Geschöpf der Welt.

Wer meint, dass Paradiese ewig halten
Und einem lediglich Hinauswurf droht
Verkennt die wirkliche Gefahr des Lebens
Im Paradies: den Paradiesestod.

Es ist fürs Paradies ohne Bedeutung
Ob oder wann es jäh zusammenfällt –
Ein schönres Sterben gibt es nicht auf Erden
Und auch nicht in des Himmels Lügenwelt.

Doch ich, zu lang in Sicherheit gewogen
Missachtete das einzige Gebot
Des Paradieses: Lasse dich nicht täuschen
Du nährst dich hier von unverdientem Brot.

Ich hätt es kommen sehen müssen, hätte
Mir sagen müssen: Bleib auf dich gestellt
Was immer dir geschenkt, in Paradiesen
Zählt auch nur, was auch außerhalb nur zählt.


3. Nicht den Tag noch die Stunde

Keiner weiß im voraus, wenn er zum letzten Mal
Aus einem Glas trinkt oder einem Teller isst
Bevor ihm das Geschirr aus der Hand fällt und zerbricht
Er weiß zu seinem Glück nicht, wann ihm die Hand versagt
Doch ist oft hinterher noch da, um die Scherben zu bewundern
Sich ein wenig vor ihnen zu fürchten und sich zu sagen:
Hoffentlich bleiben keine übrig, weit verstreut
Man übersieht ja so schnell
Wenn schon die Hand nicht mehr will.

Die Welt ist auch hinterher noch da
Wenn einer ihr aus der Hand gefallen ist.
Sie kann seinen Leichnam bewundern
Sich ein klein wenig davor fürchten
Und sich vermutlich auch sagen:
Hoffentlich bleibt nichts von ihm übrig, weit verstreut.
Sie übersieht ja so schnell
Wenn schon ihre Hand nicht mehr will.


11. September 2023

dimanche 10 septembre 2023

Silences

i.

Le silence parlant est certes plus rare et précieux
Que les phrases qui ne veulent rien dire
Mais est-ce une raison de se taire ?


ii.

Lorsque le silence arrive à pattes de velours
Il fait ce qu’il maîtrise à la perfection.
Il est comme l’âge
Et tel l’âge
Il est d’une douceur qui ne pardonne rien.


iii.

Lorsqu’on se met à écrire des poèmes d’amour
En général, c’est parce qu’il y a de l’eau dans le gaz.
Tant que tout baigne, on n’écrit rien
On ne se dit même rien
Tant que tout baigne, tout se passe en silence
Pas besoin de mots
Les mots c’est pour quand il y a un problème.
L’unique autre circonstance qui te force à parler
C’est quand, silencieuse, la mort est passée.
Contre elle
Rien de mieux que les mots impuissants
Jetés au vent.


iv.

Désormais, je me promène en silence.
En voyant les choses, j’aurais toujours des choses à dire
Mais la vie fait que je les garde pour moi.
Est-ce que mon regard profite de ce tout nouveau silence ?
Absolument pas. C’est une erreur de penser
Qu’il faut s’évertuer à savourer sans mot dire
Car lorsqu’on savoure, c’est toujours en silence
Les mots ne viennent qu’après.
Donc pas de différence.
Le silence n’est pas une plus-value
S’il n’est pas naturel
Il est juste subi.


v.

Si le silence a cessé de lutter
Il n’a pas cessé de ne rien céder :
Tu ne lui arraches rien, son poing fermé
Est la forteresse la plus imprenable de toutes.
Personne ne vaincra jamais sa résistance par la faim ;
Les réserves du silence sont aussi inépuisables que ses raisons.


8 Septembre 2023

jeudi 7 septembre 2023

Neighbors Below

Every fucking cig he smokes, I smell.
Doesn’t even realize, for sure
When you’re in it, you don’t know that you’re
Just that part of someone else’s hell.

Why do stinking fumes go up, how come?
Is foul herbage suddenly welcome?
Downright barbecuing little brother
Seems at least to bother with the smother.

I must thus rethink the ancient story:
Candid Cains daily pollute the air
While dumb Abels – thank God for his glory! –
Mostly keep their bloody lamb chops rare.

September 6, 2023

samedi 2 septembre 2023

Funny Valentine, etc.

Mon oncle chéri, pratiquement mon père
En l’absence du biologique, oncle
Né il y a quatre-vingt-onze ans, jour pour jour
Et mort il y a déjà presque vingt-et-un ans
En mourant, a écouté en boucle
Undercurrent de Bill Evans et de Jim Hall.
Le sachant, je me suis acheté ce disque
Peu après sa mort, et ce soir
Je l’ai mis dans l’appareil pour la première fois.
Je ne suis pas sans savoir
Que l’éternité est exactement éternelle
Mais vingt ans ou un peu plus
Me font éternité dans ma petite vie limitée
Et je suis content, si le mot est juste
Que, malgré tout, le temps passe
Et, enfin, je puisse l’entendre.

1er Septembre 2023

vendredi 1 septembre 2023

On the Accent of Truth

Who’s not afraid of tacky Pearly Gates?
Fondness for pearls, or creeds, on this down planet
Does not insure the proper meeting of one’s end, it
Is the worst noose man has to fear, quoth Yeats*.

Won’t head for hells, nor heavens: boons and banes
The lower world is vast enough for no
Beyond, once rid of all, thy bones shall go
Where, slowly bleached, rest th’retically remains.

You ask me: Will you go or will you stay?
I answer: Where to go while staying here?
You tell me: Anyways, you’ll disappear.
I giggle: Is that not a question of delay?

You scold me: You’re one mindless optimist!
I say: You better cut me off that list.

August 31, 2023

*Under Ben Bulbenmar a déarfá.

jeudi 31 août 2023

Absicht, Ansicht, Aussicht

1. Absicht

Sie wollen, dass ich niederkomme
Ich komm aber nicht nieder
Ich will doch keine Mutterrolle
Für meine leisen Lieder.

Ich hab doch keine Absicht nicht
Ich flüstre euch nur was vor
Und wenn ihr glaubt, ich scheue mich
Dann beiß ich euch ins Ohr.


2. Ansicht

Dem Merian seine gestochenen Ansichten
Sind auch nicht wertvoller als meine verschwommenen;
Meine sind wenigstens bunt.
Wenn ihr unbedingt was Scharfes und Steifes wollt
Dann hängt euch eben einen Merian wohin.
Bei mir ist alles im Fluss
Aber dafür stimmt es auch mit der Gegenwart überein.


3. Aussicht

Ich stand auf einem Aussichtsturm und schaute tief ins Land
Und von der Aussicht her vergaß ich völlig, wo ich stand.
Wer eine schöne Aussicht hat, vergisst oft, wo er steht
Und wäre keine Brüstung da, käm jede Hilf zu spät.


30. August 2023

mercredi 30 août 2023

Gris chatoyant et ski

1.Gris chatoyant

En fait, je n’ai appris que des choses inutiles dans la vie
Ce qui m’a forcé d’aller au plus près des choses.
Qui apprend utile, garde ses distances.

S’il a une vue panoramique sur sa vie trépidante
Le détail lui échappe, il s’en désintéresse –
Pas de grandiloquence sans négligence.

Mais le soin réduit la vie
À des tours au cimetière. Rien
De plus inutile, et rien de plus près.


2. Ski


Dans ma jeunesse, j’ai fait du ski.
D’abord un peu obligé, pour que je bouge
Et en effet, glisser vite n’est pas mal, c’est un plaisir.

J’ai glissé le long de mon chemin
En contournant les obstacles vus de loin
J’ai senti le vent, et en adulte même sans les skis.

Je me suis donc permis de remarcher.
Suivant ma pente, je me suis mis à lambiner
Et j’ai fini par m’arrêter carrément devant les choses.

Une sorte de lèche-vitrines
Microscopique, mais toujours
En voulant sentir la caresse du vent.

Pas mal comme sport
Et en même temps très personnel.
Peut-être trop. Sans skis, on te le reproche.


29 Août 2023

mardi 29 août 2023

Nächtliche Evolutionstheorie

Zum Unterschied von Nacht und Nacht
Brauchts nicht nur gute Augen
Sondern auch solche, die zum Leuchten taugen.

Die Tage sind sind dazu gemacht
Im Eignen aufzugehen;
Bei Nacht kann man die Differenz noch sehen.

Wir leben von der Diskrepanz
Sie kommt uns sehr gelegen –
Wir wüssten nicht, wie sonst uns zu bewegen.

Der alte Darwin hats erkannt:
Dem Fischchen wachsen Beine
Bevor es krabbelnd feststellt, es sind seine.

28. August 2023

 [Paul Bilhaud, Combat de nègres pendant la nuit. 1882]

lundi 28 août 2023

Traumatisme

Lors du changement de ma housse de couette
Je me suis demandé si la couture, colorée
Devrait être apparente ou cachée.

Non sans mal, j’ai fini
Par trancher pour l’apparence ;
Auparavant, je n’avais jamais fait attention.

Cette housse, remise pour la première fois
Depuis qu’elle n’est plus là pour s’en occuper
S’est donc soudainement révélée problématique.

Sans souvenir, je me suis dit : quelle folie
On ne leur apprend strictement rien, aux garçons
Avec le résultat qu’à leurs vieux jours, ils sont largués.

Le côté d’une housse de couette est peut-être sans importance, et
Plus encore pour qui dort seul, mais quand on commence
À se faire des soucis, on n’en voit pas la fin.

28 Août 2023

dimanche 27 août 2023

Šumma

Crénom d’*Assur !
Je peux certes t’assurer
Que ce n’est pas de la frime si
Je te dis que l’akkadien en tant que
Sujet d’étude n’a pas plus de secrets pour moi
Que n’en a le père Labat quant au gribouillis cunéiforme :
En jeune homme qui se cherchait, je n’avais rien trouvé de mieux
Que de me pencher sur le saugrenu, le diable *Adru-malku sait pourquoi.

Les Assyriens, eux, avant de trancher, savaient qui interroger
Et ce n’était pas un corps céleste, mais une humble bête.
La chose était entendue : il est toujours préférable
D’en sacrifier une pour lire dans ses entrailles
Et mettre sa foi en son foie – sauf que
Depuis, de l’eau a coulé sous les
Ponts de l’Euphrate, voire
Du Tigre traficoté.

Moi, mes questions
Elles me pèsent donc lourd
Puisque j’ai des décisions à prendre.
Ami des bêtes, je dois me débrouiller en aveugle
Je ne peux pas exiger d’un animal qu’il se sacrifie pour moi
Afin de me renseigner par les tripes, et je ne vais certainement pas
L’abattre moi-même pour être mieux informé. Je reste alors seul avec mes
Choix multiples sur le dos, misérables alternatives qui me plombent la _____________________________________________conscience

Celle qui a d’innombrables circonstances à prendre en compte
Et ne connaît même pas sa propre situation.

Le beau regard concerné
D’un compagnon à quatre pattes
Ne me serait que d’un secours purement moral

Car en se fiant au seul instinct
La communion trinque.

Si j’ai eu ma compagne, elle était à deux pattes
Et de la race de celles qui marchent debout, et quand
Elle a dû se coucher pour ne plus se relever, la vie était finie.

Plus irremplaçable que toutes les nuits porteuses de conseil
Que toutes les égéries promettant monts et merveilles
Et que toutes les Muses du grand enfant museur
Elle était à la fois et l’Ishtar très-puissante
Et la plus confiante des créatures –
Le ciel constellé en soit loué
Et son tutélaire unique.

26 Août 2023


 

vendredi 25 août 2023

Deux sœurs dans le malheur

i.

La paresse tue dans l’œuf.
Même pas sûr qu’on puisse parler de paresse
C’est la pré-paresse.

Un œuf, ça se couve
Et il faut de la paresse pour couver
Lui donner de la chaleur, rester dessus sans bouger
Idéal pour des paresseux ;
Or, la paresse tue dans l’œuf.
Surcouvé, ma foi.

Fait trop chaud, fait trop froid
Fait trop beau, fait trop mauvais –
La paresse n’est point dépourvue de ressort
Elle trouve toujours ses justifications
Pour trouver, elle n’est jamais paresseuse
C’est plutôt l’après-paresse.

La paresse, c’est toujours
Soit avant soit après
Mais jamais au bon moment.


ii.

Au bon moment, c’est l’énergie.
Faut l’avoir, celle-là
Faut l’avoir conquise une fois
Puis jamais perdue
Faut qu’elle couve sous la cendre
Pour pouvoir la sortir le moment voulu.

Quand c’est trop tard, elle est de trop. Cette énergie
Ne sert à rien lorsque les circonstances ne s’y prêtent plus
C’est alors l’énergie de trop, et en même temps gaspillée.

L’énergie et l’occasion, faut donc les deux.
Trop tôt dans la vie, c’est l’occasion qui manque
Et trop tard, eh bien voilà, c’est l’énergie.
L’énergie seule est passive
Voire vaine et nocive, brasseuse d’air ;
On ne le sait pas, mais elle a du mal à créer des occasions.

Elle est en ce sens la digne sœur de la paresse
Ou plutôt pas vraiment
Car la paresse, elle, sait les créer, ses occasions.

La paresse, après tout, est encore plus active que l’énergie.
Si les deux sont sœurs, elles le sont dans le malheur.


23 Août 2023

  [Frau Holle. Otto Kubel]