En réalité, il y règnent plusieurs silences depuis :
Le tien, étouffant parce que la malédiction t’a bâillonnée
Celui de la maison, envahie par le deuil et néanmoins déserte
Et enfin celui des choses parce qu’elles ont une âme et une
_______________________________________mémoire ;
On dirait qu’elles se taisent par respect ou convenance.
Il n’y a pas là le mien.
Ces silences ne produisent en moi d’écho autre que la parlote.
Ou plutôt : moi, qui les entends parfaitement bien
J’y réponds par la multiplication des mots.
Entouré de tant de silences, je jacasse sans cesse
Sans cesse pour entendre une voix dans ma cellule isolée.
Enfin, quelle excuse, à vrai dire j’ai toujours été comme ça, moi.
Tu m’as du reste toujours dit que je parle trop en société.
Bon bah, en fils d’une mère infoutue de supporter les silences...
Si un ange passe – c’est donc héréditaire – je meuble le vide
________________________________________d’office
Révélant, sans doute par gêne, ce qui me passe par la tête
Persuadé, moi aussi, que le silence en société n’est pas convenable
Mais raconter sans retenue mille anecdotes, n’importe lesquelles,
_________________________________________ça l’est.
Ce que tu as vu tout de suite en rencontrant mon monde
Dans cette baraque grandiose – toi qui pensais
Que je sortais d’un cabanon enchanté
Car aussitôt, tout ce monde y parlait
Et s’il y avait là autant de place
C’était pour qu’on le fasse.
Et surtout parce que dans cette autre maison, la nôtre, désormais
Silencieuse, je reste accompagné, et pas seulement par toi
Et qu’il faut maintenant que je parle pour deux
Puisque tu ne peux plus m’aider avec ce bâillon qui t’empêche
Pour combattre le silence, universel en fin de compte, qui
Vient de beaucoup plus loin que des interlocuteurs
Surtout quand ce sont des choses, bien éduquées, elles, et que
__________________________________________depuis
Je me sens dans une chambre de malade qui a les rideaux
Tirés, ce qui m’a toujours agacé, tu le sais bien
Et que tu n’es plus en mesure de m’arrêter par de petits signaux
Et que j’en profite à bloc. Du coup, ma logorrhée, ma chérie
Mon éternelle logorrhée... faudrait m’envoyer les flics.
25 Janvier 2021
dimanche 31 janvier 2021
Les silences
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